La vita Italiana nel Risorgimento (1815-1831), parte II. Various
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Il aborde ces temps terribles où Machiavel disait qu'il faut être tour à tour Renard et Lion, car les nécessités du jour sont sans cesse contredites par les nécessités du lendemain.
Et quels échos ces contradictions n'éveillent-elles pas dans la conscience endolorie du roi!
Rompre avec un passé de 800 ans, lui semble un sacrilége. Et cependant, ce sacrilége ne doit-il pas le commettre, puisqu'en le commettant, il n'immolera que lui même?
Comme Hamlet, il sent qu'il y a quelque chose de pourri dans le pays qu'il gouverne, il comprend qu'un changement s'impose.
Peut-être l'assainira-t-il, ce pays, par le don de cette constitution qui apparaît à quelques uns comme un moyen de régénération?
Le penchant du roi l'y porte, car opprimé lui-même si longtemps, il sympathise avec tous les opprimés; il lui semble qu'affranchir un peuple soit équitable.
Mais il se demande si cette liberté amènera la justice qu'il rêve.
Qu'ont gagné à la liberté les nations qui l'ont conquise, sinon des vices et des souffrances de plus?
Tyrannie des forts, écrasement des faibles, voilà le spectacle que lui offre l'histoire depuis le commencement du monde, sans que les révolutions y aient rien changé.
Existe-t-il réellement un remède aux maux de l'humanité, et n'y a-t-il pas en elle la même inaptitude au bonheur que le roi constate en lui même?
Doutes, anxiétés, hésitations le brisent.
Tantôt, il se reproche d'être tyrannique, tantôt d'être faible.
Tantôt, il veut donner; tantôt, il croit devoir reprendre. Plein de pitié pour le mal d'autrui, il veut trancher dans le vif pour guérir; puis, il recule, de peur de tout compromettre. Sa pensée n'est qu'un tissu de courts espoirs, de longues angoisses, de perpétuelles inquiétudes.
Sa vue se trouble, et par un étrange phénomène psychologique, son amour pour ses peuples, son enthousiasme pour leur affranchissement, devient, Sieurs, l'asservissement de sa vie.
Voilà dans quelles angoisses s'abîme, sous quels écrasements succombe, aux pieds de son crucifix, ce roi absolu qui, lui aussi, a des sueurs de sang!
Mais enfin, vient l'heure où la fatalité a raison de ses hésitations.
Vous le savez, les espérances éveillées deviennent des droits, et la foule bientôt acclame, non plus comme octroyée, mais comme conquise, cette constitution qui servit, si je puis ainsi dire, de transition, entre le calme prologue et le douloureux épilogue du règne de Charles-Albert.
Et à propos de cette constitution, laissez-moi vous raconter un fait par lui-même insignifiant, mais qui cependant prouve qu'en histoire, les petites choses servent parfois à éclairer les grandes.
Quelques jours avant de quitter Paris, je causais avec ce soldat, à la bravoure duquel, à Castelfidardo comme à Mentana, l'Italie a rendu hommage; je causais avec le général Charette de l'honneur qui m'attendait ici.
Et lui, évoquant les lointains souvenirs de sa jeunesse, me raconta qu'en 1848, il était élève à l'école militaire de Turin.
Grandes étaient pour l'enfant les bontés de Charles-Albert, car vous le savez, Charette est le petit-fils du duc de Berry.
Or donc, comme tous ses camarades, à qui la proclamation du Statuto donnait une journée de liberté, le futur papalin acclamait la liberté de tout son cœur; à 18 ans, on aime l'amour pour l'amour, l'enthousiasme pour l'enthousiasme, et le Statuto par dessus le marché. Charette allait donc, faisant retentir la Via Dora Grossa de ses cris patriotiques lorsque passe un escadron de carabiniers, et qu'une main touche l'enfant à l'épaule.
Il se retourne. C'est le roi. Le roi qui passe morne, triste, qui, de sa voix grave dit à l'enfant: «Ne crie donc pas si fort.»
«Sans doute,» disait Charette, «Charles-Albert avait deviné les blasphèmes du Vendredi Saint par delà les acclamations du dimanche des Rameaux!
«Le souvenir de cette apparition, de cette parole,» ajoutait-il, «me demeure présent comme s'il datait d'hier.»
Les rares survivants, Messieurs, qui à cette heure décisive aperçurent Charles-Albert, rediraient, si on les questionnait, ce qu'a dit mon noble ami de la tristesse du roi. Car les pressentiments ne trompent pas; ne sont-ils pas les prophéties du cœur?
Plus promptement encore que le roi ne l'avait imaginé, la révolution faisait son œuvre.
À Paris, elle balayait un trône. Elle éclatait à Vienne, où elle balayait le prince de Metternich, en pleine conviction de son infaillibilité.
Il ne fallait cependant chercher ni à Paris, ni à Turin, ni à Vienne, le point aigu de la situation: par la force des circonstances, il était à Milan.
Je n'ai pas à vous rappeler la lutte héroïque des Milanais, en 1848.
Je n'ai pas à vous rappeler davantage le mot prêté au maréchal Radetzky «qu'une saignée de trois jours assurerait une paix de trois siècles à l'Italie.»
Cette paix ne pouvait être qu'une guerre à outrance. Elle allait soudainement révéler à l'Europe une solidarité qui, surmontant tous les obstacles, devait vous donner un jour, Messieurs, la Patrie Italienne!
Quelle force unifiante dans l'idée monarchique, quelle puissance dans ce mot de Patrie!
Le roi, pour un pays, est comme une clé de voûte.
Les Italiens, alors, pouvaient ne pas aimer la personnalité de Charles-Albert, mais ils avaient foi dans le principe qu'il incarnait.
Ce prince représentait l'affranchissement et l'autonomie d'une Italie, capable de vivre de sa propre vie et de se gouverner elle-même. Roi et peuple s'appelaient, devinant qu'un glorieux avenir couronnerait leur commun effort.
Dans ses longues heures de solitude et de méditation, Charles-Albert si hésitant d'ordinaire, s'était fait une inébranlable certitude de cet avenir et sa foi religieuse, plus impérieuse encore, si je puis ainsi dire, que sa foi politique, le jetait dans l'action.
«L'homme qui n'est pas ton frère ne doit pas régner sur toi»; tel était le verset biblique qui hantait sa pensée, et sans cesse passait devant ses yeux, éblouissant comme l'éclair.
Toute sa vie le roi avait entendu, – pardonnez-moi d'employer ici encore une image, – toute sa vie le roi avait entendu un duo chanté par deux voix discordantes qui, tour à tour, s'élevaient des profondeurs de son âme, et voilà que, tout à coup, elles s'accordaient dans le splendide unisson du cri de guerre qui retentissait d'un bout à l'autre de votre pays.
Arrière les scrupules! Qui du droit ou de la force l'emportera dans ce champ clos où ils vont se mesurer? Peu importe!
Imaginez ce spectacle!
En face du palais royal de Turin, le soir du 22 mars 1848, des milliers et des milliers de visages se lèvent vers le balcon; des milliers de poitrines ne respirent plus; des milliers de cœurs sont sans battements. Indescriptible est l'émotion. Tout à coup, la loge de Pilate