La vita Italiana nel Risorgimento (1815-1831), parte II. Various

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La vita Italiana nel Risorgimento (1815-1831), parte II - Various

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en arrière sont les envoyés de Milan. Le roi tient dans ses mains une écharpe aux trois couleurs italiennes. Il veut parler. Mais ne pouvant se faire entendre, il agite cette écharpe sur sa tête.

      Un ouragan de cris semble la soulever et la faire claquer comme un drapeau.

      C'était une déclaration de guerre jetée à l'Autriche par tout un peuple dont le roi, à cette heure, se faisait le héraut d'armes.

      Le lendemain, l'Italie lisait ce que ses peuples n'avaient pu entendre la veille.

      «Nos armes vous apporteront l'aide que le frère doit au frère, que l'ami doit à l'ami,» disait le roi dans son immortelle proclamation.

      «Nous vous seconderons, espérant en Dieu qui a donné Pie IX à l'Italie…»

      Et la patrie italienne s'était dès lors faite chair en lui. C'était la patrie que le petit soldat, gai et alerte, allait voir passer aux jours de victoire ou de défaite, dans ce roi pareil à un fantôme, qui toujours, chevauchait vers l'endroit où la fusillade était la plus nourrie, où le danger était le plus grand.

      «Son visage décharné, son air malade, presque mourant avec un regard de feu,» écrivait Minghetti à Pasolini, «sa tristesse qui semble repousser jusqu'à l'apparence d'un sourire, ont sur ses troupes une influence magnétique.»

      De ce visage rayonnait en effet, en même temps, une vaillance de race et une foi mystique dans la mission à accomplir!

      Charles-Albert se regardait comme l'instrument de la Providence, il était sûr de vivre, tant que la Providence aurait besoin de lui. De là, cette même impassibilité, et sous les fleurs, et sous les balles, et devant les acclamations qui saluaient son entrée en Lombardie, et devant les insultes qui furent, après Milan, la dernière escorte du vaincu.

      Il marchait, si sûr de sa mission, qu'il attribuait à d'obscures hallucinées, les visions de Catherine de Sienne, la grande libératrice.

      Ici, permettez-moi encore un souvenir personnel.

      Mon père, qui avait suivi le roi sur tous les champs de bataille de Lombardie, couchait le soir de la victoire de Goito, dans une mansarde au dessus de la chambre où dormait son maître.

      Le plafond qui les séparait était si mince, qu'aucun bruit ne pouvait échapper à l'oreille du fidèle serviteur.

      Tout à coup, au milieu de la nuit, voilà que des gémissements parviennent jusqu'à lui.

      Mon père descend effrayé, entr'ouvre la porte, croyant trouver le roi malade. Mais non. Le roi est là, à genoux, les bras étendus en croix, priant tout haut.

      Les larmes inondent ce visage, où nul, je crois, avant cette nuit là, ne les avait vues couler.

      Mon père a toujours pensé, qu'à cette heure, Charles-Albert s'était offert à Dieu, en victime pour son peuple.

      Et chose étrange, cette scène se passait le soir même d'une double victoire.

      Les succès qui avaient marqué les étapes de l'armée piémontaise en Lombardie, venaient d'être couronnés à Goito et à Peschiera. L'armée était dans un indicible enthousiasme.

      «Dieu aime et protége notre vieille race royale,» écrivait le Marquis Costa, «car Dieu lui a ménagé un double et beau triomphe. Comme le roi, devant toute l'armée, embrassait le général Bava, qui venait lui annoncer la déroute définitive de Radetzky, nous vîmes accourir, venant de Peschiera, un aide-de-camp de M. le duc de Gênes, chargé d'apprendre au roi la reddition de la ville. Non, jamais, je n'ai éprouvé une émotion pareille à celle qui m'a secoué, lorsqu'en ce moment, un immense cri de: – Vive le roi – s'est élevé de toutes les lignes…»

      Quelle mystérieuse intuition isolait donc le roi de l'enthousiasme qui l'entourait?

      Je ne sais rien de plus caractéristique que ces pressentiments du malheur qu'eut toujours Charles-Albert, pressentiments qui ne faisaient en quelque sorte qu'aviver sa passion du sacrifice. Cette fois encore, ils n'étaient pas pour le tromper.

      Aux victoires de Goito et de Peschiera, succédaient les défaites de Custoza et de Volta. Celles-ci n'étaient que le triste prélude du désastre de Milan.

      Je ne vous redirai pas ces navrantes épisodes. À grand peine, peut-on, le soir du 4 août, arracher le roi du champ de bataille. Depuis une heure déjà, le canon s'était tu, que Charles-Albert restait là encore sur les remparts de la ville, le visage tourné vers l'ennemi, espérant un boulet qui ne vint pas.

      La mort glorieuse du soldat, ce dernier, ce seul bonheur qu'il eût rêvé le fuyait comme tous les autres bonheurs. Mais les agonies pour cela ne devaient pas lui être épargnées.

      Il y a vraiment de singulières coïncidences, ou plutôt d'étranges ironies dans les choses. Vous souvenez-vous de ce balcon où Charles-Albert naguère apparaissait à Turin, agitant devant le peuple en délire l'écharpe aux trois couleurs italiennes? Vous souvenez-vous?

      Ce balcon s'appelait le balcon de Pilate. Ah! c'est bien encore de ce nom qu'aurait dû s'appeler le balcon du palais Greppi, où les Milanais insultèrent le lamentable Ecce homo que vous savez.

      La couronne de Charles-Albert ne fut plus qu'une couronne d'épines quand il eut repassé le Tessin.

      Il retrouvait son royaume en pleine anarchie, comme du reste l'était toute l'Europe.

      Le ministère Gioberti y avait déchaîné toutes les passions, ou plutôt toutes les incohérences. Il ne restait au roi qu'un parti à prendre, celui de la folie; folie sublime qui, seule, pouvait ramener l'union et la concorde dans les esprits troublés. On venait d'être battu par Radetzky. On résolut de recommencer la lutte. Cette fois, il n'était plus question d'arracher à l'Autriche la Lombardie, le Quadrilatère et Venise. Il s'agissait de l'honneur. Il s'agissait de ramener les cœurs et les esprits à des passions plus hautes que celles de la politique de parti.

      En effet, Messieurs, il n'est rien en ce monde pour parler un plus haut langage à une nation qu'un champ de bataille. Et il n'est pas de nation pour mieux comprendre ce langage que la vôtre.

      Quant au roi, rien ne pouvait plus l'atteindre en fait d'amertumes, de déboires, de déceptions, de sacrifices.

      Comme le Taciturne, il semblait dire:

      Pas n'a été besoin d'espérer pour entreprendre;

      Pas n'est besoin de réussir pour persévérer.

      Transportez-vous dans cette salle du Palais de Turin, où s'achèvent en hâte les derniers préparatifs du départ. Le roi, plus pâle, plus défait que jamais, donne ses derniers ordres.

      A côté de lui, la reine. Cette reine qu'il a épousée sans amour et qu'il ne paraît pas voir, hasarde en tremblant la terrible question:

      «Quando ci rivedremo, Carlo?»

      Et lui de répondre: «Forse mai.»

      Dans ce jamais est toute la fatalité de la situation. Le mot sonne comme un glas. Le roi, en effet, sait bien qu'il part, non pour vaincre, mais pour mourir.

      Impénétrable, impassible comme toujours, il suit la route funèbre: on le dirait déjà raidi par la mort.

      La nuit qui précède la bataille, il a toutes les visions

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