Aventures de Monsieur Pickwick, Vol. I. Чарльз Диккенс

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Aventures de Monsieur Pickwick, Vol. I - Чарльз Диккенс

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demoiselle.

      – Bah! répliqua le brave homme de père. Ça n'a rien d'extraordinaire. C'est fort naturel. M. Pickwick, un verre de vin?»

      M. Pickwick, interrompant pour un instant les profondes recherches qu'il faisait dans l'intérieur du pâté de pigeons, accepta en rendant grâce.

      «Émily, ma chère, dit la tante demoiselle avec un air de chaperon; ne parlez pas si haut, mon amour.

      – Plaît-il, ma tante?

      – Il paraît que ma tante et le vieux petit monsieur voudraient qu'il n'y en eût que peur eux, chuchota miss Isabella Wardle à sa sœur Émily. Puis les deux jeunes demoiselles se mirent à rire de tout leur cœur, et la vieille demoiselle s'efforça de prendre une physionomie aimable, mais elle ne put en venir à bout.

      «Les jeunes filles ont tant de gaieté! observa-t-elle à M. Tupman avec un air de tendre commisération, comme si la gaieté eût été marchandise de contrebande, et comme si c'eût été un crime que d'en porter sur soi sans avoir un laissez-passer; mais M. Tupman ne fit pas exactement la réponse désirée.

      – Vous avez bien raison, dit-il; c'est tout à fait charmant!

      – Hem! fit miss Wardle d'un ton dubitatif.

      – Voulez-vous me permettre, reprit M. Tupman, de la manière la plus insinuante, en touchant de la main gauche le poignet de la séduisante Rachel, tandis que de la main droite il levait tout doucement une bouteille. Voulez-vous me permettre?..

      – Oh! monsieur!»

      M. Tupman prit un air encore plus persuasif, et miss Rachel exprima la crainte qu'on ne tirât encore des coups de canon, ce qui aurait naturellement obligé son cavalier à la soutenir.

      «Trouvez-vous mes nièces jolies? murmura ensuite la tante affectueuse à l'oreille de M. Tupman.

      – Je les trouverais jolies si leur tante n'était pas ici, répondit le galant pickwickien, avec un regard passionné.

      – Oh! le méchant homme! Mais réellement, si elles avaient un peu de fraîcheur, ne trouvez-vous pas qu'elles feraient de l'effet… à la lumière?

      – Oui… je le crois, répliqua M. Tupman d'un air indifférent.

      – Oh! moqueur! Je sais ce que vous alliez dire.

      – Quoi donc? demanda M. Tupman, qui n'était pas bien décidé à dire quelque chose.

      – Vous alliez dire qu'Isabelle est voûtée. Je sais que vous l'alliez dire. Les hommes sont de si bons observateurs! Eh bien! c'est vrai; je ne puis pas le nier! Et certainement s'il y a quelque chose de vilain pour une jeune personne, c'est d'être voûtée. Je le lui dis souvent, et qu'elle deviendra tout à fait effroyable quand elle sera un peu plus vieille. Je vois que vous avez l'esprit malin.»

      M. Tupman, charmé d'obtenir cette réputation à si bon marché, s'efforça de prendre un air fin, et sourit mystérieusement.

      «Quel sourire sarcastique! s'écria l'inflammable Rachel. Je vous assure que vous m'effrayez.

      – Je vous effraye?

      – Oh! vous ne pouvez rien me cacher. Je sais ce que ce sourire signifie.

      – Hé bien? dit M. Tupman, qui lui-même n'en avait pas la plus légère idée.

      – Vous voulez dire, poursuivit l'aimable tante, en parlant encore plus bas, vous voulez dire que la tournure d'Isabelle vous déplaît encore moins que l'effronterie d'Émily. C'est vrai, elle est effrontée. Vous ne pouvez croire combien cela me rend parfois malheureuse. Je suis sûre que j'en ai pleuré pendant des heures entières. Mon cher frère est si bon, si peu soupçonneux, qu'il n'en voit rien. S'il le voyait, je suis certaine que cela lui briserait le cœur. Je voudrais pouvoir me persuader qu'il n'y a pas de mal au fond. Je le désire si vivement! (Ici l'affectueuse parente poussa un profond soupir, et secoua tristement la tête.)

      – Je suis sûre que ma tante parle de nous, dit tout bas miss Émily Wardle à sa sœur. J'en suis tout à fait sûre: elle a pris son air malicieux.

      – Tu crois, répondit Isabelle. Hem! tante, chère tante!

      – Oui, mon cher amour.

      – J'ai bien peur que vous ne vous enrhumiez, ma tante: mettez donc un mouchoir de soie autour de votre bonne vieille tête. Vous devriez prendre plus soin de vous, à votre âge.»

      Quoique cette revanche fut bien motivée, elle était tellement poignante qu'il est impossible d'imaginer de quelle manière se serait exhalé le courroux de la tante, si M. Wardle n'avait pas fait diversion, sans y penser, en criant d'une voix forte:

      «Joe! Damné garçon! il est encore à dormir!

      – Voilà un jeune homme bien extraordinaire, dit M. Pickwick. Est-ce qu'il est toujours assoupi comme cela?

      – Assoupi! Il dort toujours. Il fait mes commissions en dormant; et quand il sert à table, il ronfle.

      – Bien extraordinaire! répéta M. Pickwick.

      – Ha! extraordinaire en vérité, reprit le vieux gentleman. Je suis orgueilleux de ce garçon. Je ne voudrais m'en séparer à aucun prix, sur mon âme. C'est une curiosité naturelle. Hé! Joe! Joe! ôtez tout cela, et débouchez une autre bouteille, m'entendez-vous?»

      Le gros joufflu ouvrit les yeux, avala l'énorme morceau de pâté qu'il était en train de mastiquer lorsqu'il s'était endormi, et tout en exécutant les ordres de son maître, il lorgnait languissamment les débris de la fête, à mesure qu'il les remettait dans la bourriche. La nouvelle bouteille fut débouchée et vidée rapidement: la bourriche fut rattachée à son ancienne place, le gros joufflu remonta sur le siége; les besicles et les lunettes d'approche furent braquées sur nouveaux frais, et les évolutions des soldats recommencèrent. Il y eut encore un grand tapage de canons et de grandes terreurs de femmes; puis on fit jouer une mine à l'immense satisfaction de tout le monde; et quand la mine eut parti, les troupes et les spectateurs suivirent son exemple, et partirent aussi.

      A la fin d'une conversation interrompue par les décharges, le vieux gentleman dit à M. Pickwick, en lui secouant la main:

      «Souvenez-vous que vous venez tous nous voir demain matin.

      – Très-certainement, répliqua M. Pickwick.

      – Vous avez l'adresse?

      – Manoir-ferme, Dingley-Dell, répondit M. Pickwick en consultant son mémorandum.

      – C'est cela; et songez bien que je vous garde au moins une semaine. Je me charge de vous faire voir tout ce qu'il y a de curieux aux environs, et puisque vous voulez étudier la vie champêtre, venez chez moi, je vous en donnerai, en veux-tu, en voilà. Joe! Damné garçon! il est encore à dormir. Joe, aidez Tom à mettre les chevaux.»

      Les chevaux furent mis; le cocher monta sur son siége, le gros joufflu grimpa à côté de lui; les adieux furent échangés, et le carrosse roula. Au moment où les pickwickiens se retournèrent pour l'apercevoir encore une fois, le soleil couchant jetait une teinte chaleureuse sur le visage de leur hôte, et faisait ressortir l'attitude somnolente du gros joufflu: il avait laissa tomber sa tête sur sa poitrine, et il était encore à dormir!

      CHAPITRE

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