Aventures de Monsieur Pickwick, Vol. I. Чарльз Диккенс

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Aventures de Monsieur Pickwick, Vol. I - Чарльз Диккенс

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en vinrent à bout

      Le ciel était brillant et calme; l'air semblait embaumé; tous les objets de la création étaient remplis d'un charme inexprimable, et M. Pickwick, appuyé sur le parapet du pont de Rochester, contemplait la nature, et attendait l'heure du déjeuner.

      La scène qui se déroulait à ses regards aurait pu charmer un esprit bien moins admirateur des beautés champêtres. A sa gauche s'étendait une antique muraille, éboulée dans beaucoup d'endroits, mais qui, dans d'autres, dominait de sa masse sombre, les rives verdoyantes de la Medway. Des touffes de lierre couronnaient tristement les noirs créneaux, tandis que des festons de plantes marines, suspendues aux pierres dentelées, tremblaient au souffle du vent. Derrière ces ruines s'élevait le vieux château, dont les tours sans toiture, dont les murailles croulantes attestaient encore l'ancienne grandeur, lorsque le bruit des armes ou les chants de fête retentissaient sous ses voûtes splendides. De chaque côté, aussi loin que la vue pouvait s'étendre, on apercevait les bords de la rivière couverts de prairies et de champs de blé, au milieu desquels se détachaient çà et là des moulins et des églises; paysage riche et varié, que rendaient plus admirable encore les ombres errantes des légers nuages qui flottaient dans la lumière du soleil matinal. La Medway, réfléchissant l'azur argenté du ciel, coulait silencieusement en nappes brillantes; et parfois, avec un léger murmure, elle étincelait sous les rames des pêcheurs, qui suivaient lentement le courant, dans leurs bateaux lourds mais pittoresques.

      La vue de ce riant tableau avait plongé M. Pickwick dans une agréable rêverie. Il en fut tiré par un profond soupir qu'il entendit auprès de lui, et par un léger coup frappé sur son épaule. Il se retourna et reconnut l'homme lugubre.

      «Vous contempliez cette scène? lui dit celui-ci d'une voix grave.

      – Oui, monsieur, répliqua M. Pickwick.

      – Et vous vous félicitiez d'être levé de si bonne heure?»

      M. Pickwick fit un signe d'assentiment.

      «Ah! il faut se lever de bonne heure en effet, pour voir le soleil dans sa splendeur, car son éclat dure rarement pendant toute la journée. Le commencement du jour et le matin de la vie ne sont, hélas! que trop semblables!

      – Vous avez raison, monsieur.

      – On dit souvent, continua l'homme lugubre, on dit souvent: le temps est trop beau ce matin, cela ne durera pas. Avec quelle justesse cette réflexion s'applique à notre existence! Que ne donnerais-je pas pour revoir les jours de mon enfance, ou pour les oublier à jamais!

      – Vous avez eu beaucoup de chagrins? demanda M. Pickwick avec compassion.

      – Oui certes, répliqua l'homme lugubre d'une voix saccadée; plus qu'on ne pourrait le croire en me voyant aujourd'hui. Il s'arrêta une minute et reprit brusquement: Avez-vous jamais pensé, par une matinée comme celle-ci, que ce serait une chose douce et délicieuse de se noyer?

      – Non! que Dieu me protège! s'écria M. Pickwick, en se reculant un peu, dans la crainte que l'étranger n'eût envie de le pousser par-dessus le parapet pour faire une expérience.

      – Moi, je l'ai souvent pensé, poursuivit l'homme lugubre sans avoir l'air de remarquer ce mouvement: cette eau froide et tranquille semble m'inviter, en murmurant, à y chercher le repos et l'oubli. On saute… pouf!.. on se débat un instant… l'onde s'élève par-dessus votre tête… le tourbillon s'efface… l'eau redevient claire… et vos douleurs sont à jamais terminées!»

      L'œil caverneux de l'homme lugubre lançait des flammes tandis qu'il parlait ainsi. Mais cette excitation momentanée s'apaisa bientôt; il se détourna d'un air calme, et dit:

      «En voilà assez sur ce sujet: je voulais vous parler d'autre chose. Vous m'avez invité hier soir à vous lire une anecdote, et vous l'avez écoutée attentivement…

      – Oui certainement, dit M. Pickwick, et je pensais…

      – Je ne vous ai pas demandé votre opinion, interrompit l'homme lugubre, et je n'en ai pas besoin. Vous voyagez pour vous amuser et pour vous instruire; supposez que je vous adresse un manuscrit curieux… Faites attention; – non pas improbable ni extraordinaire, mais curieux comme une page du roman de la vie réelle; – le communiqueriez-vous au club dont vous m'avez parlé si souvent?

      – Certainement, si vous le désirez; et nous le ferons insérer dans les mémoires du club.

      – Vous l'aurez donc, répliqua l'homme lugubre. Votre adresse?»

      M. Pickwick lui ayant communiqué son itinéraire probable, l'homme lugubre le nota soigneusement dans un portefeuille assez gros, ramena le savant gentleman à son hôtel, et refusant le déjeuner qu'il lui offrait, s'éloigna d'un pas lent et sombre.

      Les trois compagnons de M. Pickwick l'attendaient pour attaquer le déjeuner qui était déjà disposé sur la table d'une façon fort séduisante. Ils s'assirent avec lui, et le jambon grillé, les œufs, le café, le thé et le reste, commencèrent à disparaître avec une rapidité qui témoignait, à la fois, en faveur de la bonne chère et de l'appétit des voyageurs.

      «Maintenant, dit M. Pickwick, il s'agit de savoir comment nous irons à Manoir-ferme.

      – Nous ferions peut-être bien de consulter le garçon, suggéra M. Tupman; et ce judicieux conseil ayant été accueilli comme il le méritait, le garçon fut appelé et consulté.

      – Dingley-Dell, monsieur? Quinze milles, monsieur; chemin de traverse, mauvaise route… Une chaise de poste, monsieur?

      – Une chaise de poste ne tient que deux, répondit M. Pickwick.

      – C'est vrai, monsieur, cependant je vous demande pardon, monsieur: nous avons une très-jolie chaise à quatre roues: deux places au fond, un siége pour le gentleman qui conduit… Oh! je vous demande pardon, monsieur, elle ne peut tenir que trois.

      – Comment donc ferons-nous? dit M. Snodgrass.

      – Peut-être qu'un de ces messieurs aimerait à faire la route à cheval, dit le garçon en regardant M. Winkle. Nous avons de très-bons chevaux de selle, monsieur. Les gens de M. Wardle, en venant à Rochester, pourraient les ramener, monsieur.

      – Voilà notre affaire, s'écria M. Pickwick, Winkle, voulez-vous faire la route à cheval?»

      M. Winkle éprouvait, dans les plus secrets replis de son cœur, des doutes accablants sur sa science équestre; mais, comme il n'aurait voulu les laisser soupçonner à aucun prix, il répondit sur-le-champ avec une noble hardiesse: «Certainement, j'en serai charmé!» Il s'était précipité lui-même au-devant de sa destinée: il n'y avait plus à reculer.

      «Amenez-les à onze heures, dit alors M. Pickwick au garçon.

      – Très-bien, monsieur,» répliqua celui-ci, et il sortit.

      Le déjeuner achevé, les voyageurs montèrent dans leurs chambres pour préparer les effets qu'ils voulaient emporter avec eux.

      M. Pickwick avait terminé ses arrangements préliminaires, et regardait dans la rue par-dessus les stores du café, lorsque le garçon entra, et annonça que la chaise était prête, ce qui fut confirmé par l'apparition de ladite chaise derrière les susdits stores.

      C'était une petite boîte verte, posée sur quatre roues; sur le devant s'élevait une espèce de perchoir pour le cocher; sur le derrière se trouvait un

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