Crimes Interplanétaires. Stephen Goldin

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Crimes Interplanétaires - Stephen Goldin

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      L’inspecteur parcourut d’un œil admiratif les rayonnages qui recouvraient les murs.

      — Je crois n’avoir jamais vu une si grande collection de livres imprimés !

      — Elle est là uniquement pour me donner un genre. Écoutez, en temps normal, je suis plutôt douée pour échanger des banalités, mais la fatigue ne me réussit pas. Je n’ai dormi que deux heures après deux jours d’holojections dans toute la galaxie. Vous n’êtes pas venu pour causer de ma maison ni de ma bibliothèque, et ni l’une ni l’autre ne concerne Interpol. Alors de grâce, dites-moi ce qui vous amène.

      — Et dire qu’on m’a prévenu que vous seriez difficile ! sourit Hoy. « La fille d’un diplomate, toujours dans l’allusion, la demi-vérité... » J’ai le goût des personnes franches.

      — Je vais l’être un peu trop à votre goût si vous n’en venez pas au fait.

      — D’après la compagnie du téléphone, vous avez effectué plusieurs holojections sur la planète Jenithar ces quatre derniers mois. Plus particulièrement au bureau de Path-Reynik Levexitor. On en a plein la bouche, ajouta-t-il avec un petit rire.

      Il observa un instant Rabinowitz, qui resta silencieuse.

      — Je me trompe ? insista-t-il.

      — Homme d’État, et cependant ami de la vérité. Loin de moi l’idée de mettre en doute les informations de la compagnie du téléphone. Levexitor et moi-même avons négocié les droits d’auteur de certains livres terrestres sur Jenithar. Tout est parfaitement légal. Sur sa planète, Levexitor est un citoyen haut placé.

      — Un haut rang n’a jamais garanti une quelconque probité, fit remarquer Hoy.

      — Peut-être, mais nos négociations sont restées honnêtes.

      — Vous ne vendez que des livres sous copyright ?

      — Principalement. J’aime être mon propre patron, pas une employée de l’ONU. À l’occasion, je négocie pour le WLO…

      — Par pur devoir patriotique ?

      — Surtout pour la commission. Mais la Terre y a toujours trouvé son compte.

      — Donc vous n’aimez pas les pirates littéraires ?

      — C’est une question ou une affirmation ?

      — S’il vous plaît, répondez-moi, Madame Rabinowitz.

      — La réponse est non. L’art et les idées sont notre seule monnaie sur le marché interstellaire. Je me tirerais une balle dans le pied en encourageant le piratage.

      — Voilà une forme de patriotisme particulièrement prosaïque.

      — Oh, pardon ! Vous cherchiez Deborah Rabinowitz l’Idéaliste ? Elle vit à environ douze heures de sommeil d’ici. Je lui ferai part de votre visite.

      Hoy éclata de rire. Un bon rire franc.

      — Vous êtes drôle, vous savez ? Je ne regrette pas d’avoir fait la route jusqu’ici.

      — Vous êtes bien le seul. Mon « patriotisme prosaïque » est épuisé, et je ne m’amuse pas du tout.

      — Alors j’irai droit au but : j’ai toutes les raisons de croire que votre ami Levexitor tente de se procurer au marché noir des documents appartenant au domaine terrestre.

      — Cette affaire ne devrait pas se trouver sous la juridiction du Conseil de la Propriété Intellectuelle plutôt que d’Interpol ? demanda Rabinowitz, dont l’intérêt s’était soudain ravivé.

      — En fait si, mais on essaye de s’arranger pour ne pas en arriver là.

      — Pour tout garder au sein de l’ONU ?

      — Quelque chose comme ça, acquiesça Hoy d’un ton joyeux. Avez-vous déjà eu affaire au CPI ?

      — C’est arrivé, répondit Rabinowitz avec une grimace.

      — Alors vous comprenez, conclut Hoy en se levant.

      Il s’approcha de la bibliothèque et prit le temps d’examiner les rayonnages.

      — Il me semble que j’ai dû en lire quelques-uns pour l’école, dit-il enfin.

      — Suis-je officiellement suspecte, inspecteur ?

      — Oh, je n’aime pas prononcer le mot « suspect » si tôt dans une enquête.

      L’air songeur, il se tourna de nouveau vers la bibliothèque, tira un livre et le rangea deux places plus loin.

      — Désolé, mais celui-ci n’était pas à sa place. Ça me rend fou. Vous les rangez toujours par ordre alphabétique ?

      — Je vous remercie. N’hésitez pas à revenir faire les poussières un de ces jours. Si je ne suis pas suspecte…

      — Disons seulement que j’avais très envie de vous rencontrer. Et je ne suis pas déçu. Vous êtes aussi belle qu’agréable. Encore plus belle que sur la photo de votre dossier.

      — Formidable. Maintenant, si vous voulez bien…

      — Certaines personnes s’avèrent terriblement décevantes, vous savez ? On se les imagine fascinantes, et elles vous ennuient à mourir. Mais vous, non. Vous…

      Rabinowitz se leva derrière son bureau.

      — Si vous n’avez pas d’autres questions…

      Hoy refusa de saisir l’allusion.

      — J’en ai quelques-unes. D’autres terriens sont-ils impliqués dans votre affaire avec Levexitor ?

      — Non, répondit Rabinowitz en se rasseyant. Je négociais pour l’Agence Adler, mais j’étais seule à représenter les intérêts humains.

      Hoy hocha la tête.

      — Levexitor a-t-il mentionné d’autres noms, des contacts humains ?

      — Pas que je me souvienne.

      — D’autres affaires en cours ?

      — Non. Pourquoi me parlerait-il de ses autres affaires ? Je ne suis pas son associée. Je ne lui ai pas non plus parlé des miennes.

      — Je comprends. Bon, c’est à peu près tout ce que je voulais savoir pour l’instant. Ce fut un plaisir de vous rencontrer, Madame Rabinowitz, ajouta-t-il avec un sourire. Un grand plaisir. Si un autre détail vous revient, vous pourrez me joindre au bureau local, de l’autre côté de la baie.

      Rabinowitz fit le tour de son bureau pour l’escorter jusqu’à la sortie.

      — Bien sûr, ajouta soudain Hoy, si je venais à découvrir que vous étiez impliquée dans cette transaction illicite, soyez certaine que je vous mettrai derrière

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