Crimes Interplanétaires. Stephen Goldin
Чтение книги онлайн.
Читать онлайн книгу Crimes Interplanétaires - Stephen Goldin страница 6
— À l’attaque, MacDuff ! lâcha Rabinowitz.
Le sergent s’arrêta net.
— Je suis désolé, dit-il. La traduction n’a pas fonctionné.
— Peu importe. C’était une référence littéraire. De toute façon, je ne devrais pas les colporter ainsi gratuitement.
Le sergent Dellor et son collègue menèrent Rabinowitz dans un couloir plein de monde, puis dans un ascenseur bondé. Ils descendirent seize étages avant de sortir pour traverser une nouvelle foule, jusqu’à un arrêt de transport public. Les gens s’écartaient pour les laisser passer ; peut-être Dellor portait-il un insigne de police que Rabinowitz n’avait pas identifié, ou peut-être respectait-on sa taille plus imposante que celle de la plupart des citoyens de Jenithar.
Apparemment, même la police prenait les transports publics. Ils passèrent devant tout le monde et réquisitionnèrent le premier taxi de la file. Dellor donna au chauffeur, considérablement plus petit que lui, un code de dérogation policière ainsi qu’une destination, et le taxi partit en trombe.
Comme Rabinowitz ne connaissait de Jenithar que l’holospace de Levexitor, elle était fascinée par cette première « véritable » visite. Le ciel était couvert, et bien que son corps artificiel fût incapable de discerner les variations réelles de température et d’humidité, le climat semblait lourd. Malgré les nuages, le ciel était très lumineux, et Rabinowitz se souvint avoir lu que le soleil de Jenithar était de classe F, légèrement plus brillant que celui de la Terre. Les filtres de son corps de location réduisaient la luminosité à un niveau confortable pour un terrien, mais ils modifiaient étrangement sa perception de la profondeur et rendaient les couleurs délavées et peu naturelles.
Cette région de Jenithar était une immense ville remplie de gratte-ciels ; il y en avait assez pour mettre à l’aise un habitant de Manhattan, mais ce même New-Yorkais serait resté bouche bée devant la propreté de l’ensemble. Une petite armée d’employés municipaux parcourait la ville en permanence pour ramasser les détritus et maintenir la propreté immaculée des rues et des bâtiments. Rabinowitz aurait pu s’imaginer que ce zèle était le fruit d’un sentiment de fierté civique si elle n’avait pas lu que cela faisait partie d’un programme de plein-emploi.
Il y avait des gens partout, toujours en mouvement. Ils formaient de longues files de piétons le long des rues, rangés par ordre de taille, et chaque trottoir était réservé à un trafic piétonnier à sens unique. Tout ce monde formait un véritable tourbillon de couleurs et de formes, mais restait étrangement silencieux. Forcés de vivre si près les uns des autres, les Jenitharp avaient établi des règles très strictes afin de limiter les invasions sonores de l’espace personnel.
— Vous êtes courtière littéraire, c’est exact ? demanda Dellor pendant le trajet.
— Oui. Jenithar reste un marché porteur pour la littérature de ma planète.
— Travailliez-vous depuis longtemps avec le Grandissime Levexitor ?
— Depuis seulement quatre mois. J’y voyais le début d’une longue relation d’affaires, mais on dirait bien que je vais devoir me trouver de nouveaux contacts.
— Vous avez déclaré qu’à l’heure du crime, vous rendiez visite à Levexitor.
— Seulement par holojection. Notre conversation était ponctuée d’étranges silences. Je pense que quelqu’un d’autre était physiquement présent en même temps que moi, mais cette personne n’étant pas reliée à l’holospace, je n’ai pas pu la voir ni l’entendre.
— De quoi parliez-vous à l’heure de sa mort ?
Rabinowitz hésita un instant.
— Nous parlions affaires, répondit-elle. J’étais venue lui parler des droits du théâtre sous-marin, et…
— Inutile de développer, l’interrompit Dellor. Je n’ai pas besoin de connaître les détails des affaires du Grandissime. Connaissiez-vous bien Dahb Chalnas ?
— L’assistant de Levexitor ? Pas vraiment. Il était souvent présent lors de mes rendez-vous avec le Grandissime, mais il n’ouvrait presque jamais la bouche.
— Mais cette fois, il n’était pas là ?
— Pas dans l’holospace, non. Levexitor m’a dit que c’était son jour de congé.
Le taxi était arrivé dans un autre quartier de la ville, bien moins peuplé que le centre, aux habitations plus petites et détachées les unes des autres. Ils s’arrêtèrent devant une maison à deux étages, entourée d’un mur bas, avec un jardin de poupée sur le devant. Rabinowitz contempla un instant la bâtisse, ébahie. Levexitor faisait partie des plus grands notables de Jenithar, et sa maison ne faisait même pas les deux tiers de la sienne.
— Tout est relatif, murmura-t-elle en sortant du taxi, entourée de son escorte policière.
Les deux sergents la menèrent à l’intérieur, et dès qu’elle eut franchi le seuil, elle parcourut l’entrée d’un regard choqué : la maison de Levexitor aurait pu donner à un simple taudis des airs de palace. Des tas de détritus jonchaient le sol, à tel point qu’on peinait à se déplacer, et elle dut éviter soigneusement de petits ruisselets d’un immonde fluide jaunâtre. Des gouttelettes graisseuses d’un produit visqueux inidentifiable suintaient le long des murs. Rabinowitz était certaine que la puanteur lui aurait fait perdre connaissance si son corps artificiel avait été en mesure de transmettre les odeurs. Par chance, il se contentait d’une alarme pour l’alerter de la présence de fumée ou de produits corrosifs.
— C’est qui, son décorateur ? demanda-t-elle à voix haute. La compagnie des marais et des eaux usées ?
Cette maison offrait un tel contraste, tant avec la propreté des rues qu’avec l’austérité de l’holospace de Levexitor, que Rabinowitz eut soudain l’impression de se trouver sur une autre planète. Mais à la réflexion, elle connaissait beaucoup de gens sur Terre dont l’holospace n’avait rien à voir avec leur maison ou leur bureau.
— Son personnel devait être particulièrement incompétent, poursuivit-elle.
— Le Grandissime Levexitor vivait seul ici, expliqua Dellor. Son seul employé était son assistant, Dahb Chalnas.
— Tout seul ? Sans le moindre domestique ? Un citoyen aussi grand et important que le Grandissime Levexitor ?
— L’un des avantages à être aussi grand, répondit le sergent, c’est justement d’avoir l’autorisation de vivre seul.
Rabinowitz hocha la tête d’un air songeur — du moins, elle essaya : le mouvement fit s’agiter d’une manière incontrôlable son lourd corps métallique.
— Je vois, dit-elle. Bon, montrez-moi ce que vous vouliez me faire voir, que je puisse rapporter ce corps à l’agence. Ils devront le baigner dans l’acide avant qu’il puisse servir à nouveau.
Dellor lui fit traverser plusieurs pièces, chacune plus répugnante que la première, puis s’arrêta enfin et déclara :
— Voici