La Fille Aux Arcs-En-Ciel Interdits. Rosette

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La Fille Aux Arcs-En-Ciel Interdits - Rosette

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      Je trouvai une voie de fuite dans ces mots laissés aller, vides et ambigus, un raccourci inespéré, à prendre comme il était venu.

      “En réalité c’est toi qui le devrait faire, mais tu n’étais là. Comme d’habitude” dis-je acide.

      Un frémissement lui traversa le visage. “Je ne suis pas un jardinier. Je travaille assez”.

      L’avoir entendu cette déclaration ne m’empêchait de rire. Je me portai une main à la bouche, comme à atténuer l’hilarité.

      Il me regarda furibond. “C’est la vérité. Qui tu crois qui l’aide à se laver, à se vêtir, à se déplacer?”

      Penser à Sébastian Mc Laine nu me provoqua presque un court-circuit. Le laver, le vêtir…Tâches que j’aurais déroulé très volontiers. L’idée suivante, c’est-à-dire qu’elles n’auraient jamais été ma responsabilité, me poussa à répondre aigrement.

      “Toutefois pendant la plus grande partie de la journée tu es libre. Bien sûr, à disposition, toutefois tu es dérangé rarement” renchéris-je. “Viens aide-moi”.

      Il se décida, encore contrarié. Je lui donnai les cisailles, en souriant. “Roses rouges” précisai-je.

      “Ce sera fait” gargouilla, en se mettant au travail.

      A la fin, quand le bouquet fut prêt, je lui escortai en cuisine où on prit un vase. Il me semblait plus pratique et aisé de nous partager la tâche. Il aurait porté le vase en céramique et moi les fleurs.

      Mc Laine était encore en train d’écrire, passionné. Il s’interrompit seulement quand il nous vit rentrer, ensemble.

      “Maintenant je comprends parce qu’il t’a pris autant de temps” il siffla à mon adresse.

      Kyle partit à toute vitesse, en posant impoliment le vase sur le bureau. J’ai craint pendant un instant qu’il se serait renversé. Il avait été déjà sorti quand je m’apprêtai à ranger les roses dans le vase.

      “Il était une tâche si difficile que tu devais te faire aider?” demanda-t-il, les yeux qui giclaient éclairs de colère incontrôlée.

      J’haletai, comme un poisson qui a bêtement mordu l’hameçon. “Le vase était lourd” me justifiai-je. “La prochaine fois je ne le porterai avec moi”.

      “Très sage”. Sa voix était faussement angélique. En réalité, avec le visage ombragé par une barbe de deux jours, il semblait un démon méchant, venant directement de l’enfer pour me tyranniser.

      “Je n’ai pas trouvé madame Mc Millian” insistai-je. Un poisson qui encore mord l’appât, qui encore n’a pas compris qu’il s’agit d’un hameçon.

      “Ah, oui, c’est son jour de repos” admit-il. Toutefois ensuite sa colère réapparait, seulement temporellement éteinte. “Je n’admets pas d’histoires d’amour entre mes employés”.

      “Il ne m’était néanmoins passé pour la tête!” dis-je impulsivement, avec une telle sincérité à me mériter un sourire d’approbation de son côté.

      “Je m’en réjouis”. Ses yeux étaient glaciaux malgré le sourire. “Naturellement cela n’est pas valable pour moi. Je n’ai rien contre l’avoir liaisons avec les employés, moi ”. Il appuya sur les mots, comme à souligner la moquerie.

      Pour la première fois j’eus l’envie de lui frapper, et je compris qu’il n’aurait pas été la première fois. N’étant pas libre de me défouler sur celui que j’aurais voulu, mes mains firent pression encore plus fort sur le bouquet, en m’oubliant des épines. La douleur me prit par surprise, comme si j’avais été immune aux épines, étant occupée à en combattre des autres.

      “Ahi!” Retirai-je la main brusquement.

      “Tu t’es piquée?”

      Mon regard méprisant fut plus éloquent que n’importe quelle réponse. Il allongea sa main, à chercher la mienne.

      “Fais-moi voir”.

      Je la lui tendis, comme un automate. La goutte de sang ressortait sur la peau blanche. Sombre, noire pour mes yeux anormaux. Rouge carmin pour les siens, normaux.

      Je cherchai à retirer la main, mais son étroite était forte. Je lui observai, déconcertée. Son regard n’abandonnait jamais mon doigt, comme ravi, hypnotisé. Donc, comme d’habitude, tout finit. Son expression changea, au point que je n’aurais pas su la déchiffrer. Il semblait dégouté et il détourna le regard à la sauvette. Ma main fut laissée libre, et je portai le doigt à la bouche, pour en sucer le sang.

      Sa tête se tourna encore en ma direction, comme s’il était conduit par une force inarrêtable et pas trop appréciée. Son expression était agonisante, souffrante. Toutefois, seulement pendant un instant. Bouleversant, et illogique.

      “Le livre procède bien. J’ai retrouvé mon inspiration” dit-il, comme s’il répondait à une question non formulée. “Tu m’apporterais une tasse de thé, s’il-te-plait?”

      Je m’accrochai à ses mots, comme une haussière lancée à un naufragé. “Je vais tout de suite”.

      “Tu pourras faire ça toute seule, cette fois?” Son ironie fut presque agréable, après le regard effrayant d’avant.

      “Je vais essayer” répondis-je, en jouant son jeu.

      Cette fois je ne rencontrai pas Kyle, et j’en étais soulagée. Je me déplaçai par la cuisine avec une plus grande assurance que dans le jardin. En consommant tous les repas là, en compagnie de Madame Mc Millian, j’avais appris tous ses cachettes. Je trouvai aisément la bouilloire dans les placards à côté du frigo, et les sachets de the dans une boîte en fer dans un autre. Je revins à l’étage supérieur, le plateau entre les mains.

      Mc Laine ne souleva pas le regard quand il me vit entrer. Evidemment ses oreilles, telles que d’antennes radar, avaient déjà capté que j’étais seule.

      “J’ai porté le sucre et le miel, ne savant pas comme vous préférez le boire. Et même le lait”.

      Il grimaça, quand il regarda le placard. “Il n’était pas trop lourd pour toi?”

      “Je me suis débrouillée” dis-je dignement. Se défendre de ses blagues verbales devenait une habitude à laquelle je ne pouvais pas renoncer, sans doute préférable à l’expression tragique de quelques minutes avant.

      “Monsieur...” Il était arrivé le moment de faire face à une affaire importante.

      Il me fit un sourire plein de sincère bienveillance, comme un roi bien disposé vers un sujet loyal. “Oui, Mélisande Bruno?”

      “Je voudrais savoir quel sera mon jour de repos ” dis-je d’un seul trait, intrépide.

      Il ouvrit les bras et s’étirait, voluptueux, avant de répondre. “Jour de repos? Tu n’es pas encore arrivée bien, et tu veux déjà te débarrasser de moi?”

      Je

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