La Fille Aux Arcs-En-Ciel Interdits. Rosette
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Maintenant il était en train de sourire, et j’éprouvais un coup au cœur à la pensée de ne pas connaitre la couleur exacte de ses yeux et cheveux.
“Alors, Mélisande Bruno, tu aimes Midgnight Rose?”
C’est toi que j’aime, surtout quand tu es si désinvolte et en paix avec le monde.
A haute voix je dis: “Qui ne l’aimerait pas? C’est un petit coin de paradis, loin de la frénésie, du stress, de la folie de la routine”.
Il s’arrêta de manger, comme s’il se nourrissait de ma voix. Et moi aussi je commençai à mâcher plus lentement, pour ne pas briser ce sort, plus fragile que le cristal, plus volatile qu’une feuille d’automne.
“Pour ceux qui viennent de Londres, il devrait être comme ça” admit-il. “As-tu beaucoup voyagé?”
Je me portai le verre de vin à la bouche, avant de répondre. “Moins de ce que j’aurais voulu. Toutefois j’ai compris une chose. Que le monde se découvre dans les coins, dans les plis, dans les sillons, et non pas dans les grands centres”.
“Ta sagesse n’a-t-elle d’égales que ta beauté” dit-il au ton sérieux. “Et qu’est-ce que tu es en train de découvrir dans cet agréable village écossais?”
“Je n’ai pas encore vu le village” je lui rappelai, sans rancœur. “Mais Midnight Rose est une place intéressante. Dans ce lieu il me semble que le monde puisse s’arrêter, et je ne sens pas la manque du futur ”.
En réponse il hocha la tête. “Tu as aperçu l’essence la plus intime de cette maison dans si peu de temps... je n’ai pas encore réussi...”
Je ne répondis pas, la peur de gâcher celle intimité reconquise me freina la langue.
Il m’étudia attentivement, comme d’habitude, comme si j’étais le contenu d’une lame et lui un microscope. La question successive fut méditée, explosive, présage d’un désastre incombent.
“As-tu famille, Mélisande Bruno? Quelques-uns de tes parents est encore vivant?”
Il ne me semblait pas une question vaine, faite seulement pour faire. Il y avait un intérêt brulant et authentique.
Je déguisai l’hésitation en buvant encore du vin, et dans le même temps je réfléchissais sur la réponse à donner. Révéler que ma sœur et mon père étaient encore vivant aurait pu être le prélude d’une séquelle d’autres questions insidieuses que je n’étais pas prête à affronter. J’étais réaliste: celle invitation à diner était née seulement parce que celle soir il était ennuyé et il cherchait un exutoire. Moi, la secrétaire encore inconnue servait idéalement au but. Il n’aurait pas été un autre diner. Je choisis de mentir, parce qu’il était plus facile, moins compliqué.
“Je suis seule au monde”. Seulement quand ma voix s’éteint, je me rendis compte qu’il n’était pas exactement un mensonge. Il l’était dans les intentions pas dans les faits.
J’étais seule, malgré ce qui s’était arrivé. Je ne pouvais compter sur personne, excepté moi-même. Cela m’avait fait souffrir si tant à me faire penser que j’aurais perdu la raison, mais je m’étais habituée. Absurde, triste, douloureux, toutefois vrai.
Habituée à ne pas être aimée. Incomprise. Seule.
Il semblait absurdement satisfait de ma réponse, comme si elle avait été la bonne. La bonne pour quoi, je n’aurais pas su le dire.
Il souleva le verre de vin, semi-vidé, pour un toast.
“A quoi?” demandai-je, en l’imitant.
“Que tu puisses rêver encore, Mélisande Bruno. Et que tes rêves s’avèrent”.
Ses yeux me sourirent au-dessus du verre.
Je renonçai à comprendre. Sébastian Mc Laine était une énigme vivante, et son charisme, son magnétisme animal, étaient suffisants comme réponses.
Celle nuit je rêvais pour la deuxième fois. La scène était identique à la fois précédente: moi en chemise de nuit, lui au pied de mon lit en costume sombre, aucune trace du fauteuil roulant.
Il me tendit la main, un sourire à lui plier le coin de la bouche. “Danse avec moi, Mélisande”.
Son ton était délicat, douce, morbide comme soie. Une requête, non pas un ordre. Et ses yeux... Pour la première fois étaient suppliants.
“Je suis en train de rêver?” je pensai de l’avoir seulement pensé, au contraire je l’avais demandé réellement.
“Si seulement tu veux qu’il soit un rêve. Au contraire il est réalité” dit-il catégorique.
“Mais vous marchez...”
“Dans les rêves tout peut arriver” répondit-il, me conduisant dans un valser, comme la première fois.
J’éprouvai un excès de colère. Parce que dans MON rêve les cauchemars des autres étaient effacés, tandis que le mien restait intègre, dans sa perfection virulente? C’était MON rêve, mais il ne se laissait pas apprivoiser, ni assouplir. Son autonomie était bizarre et irritante.
D’un trait j’arrêtai de penser, comme si être dans ses bras fusse plus important que mes drames personnels. Il était impudemment beau, et je me sentais honorée de l’avoir dans mes rêves.
Nous dansâmes pendant longtemps, au rythme d’une musique inexistante, les corps à l’unisson parfait.
“Je pensais de ne te rêver plus” dis-je, en allongeant la main pour lui toucher la joue. C’était lisse, chaude, presque bouillante.
Sa main se souleva pour s’entrelacer à la mienne. “Moi aussi je pensais que tu n’aurais plus rêvé ”.
“Il semble si réel...” dis-je en un souffle. “Toutefois tu es un rêve... Tu es trop douce pour être quelque chose de différent...”
Il éclata dans un rire amusé, et il me serrât plus fort.
“Je te fis mettre en colère?”
Je le regardai, boudeuse. “Il y a des fois où je te donnerai un coup”.
Il ne semblait pas vexé, au contraire il était satisfait. “Je le fais spécialement. J’aime te taquiner”.
“Pourquoi?”
“Il est plus simple de te garder à distance”.
Le son stridule de la pendule envahit le rêve, et provoqua mon mécontent. Parce qu’il était en train de reculer encore une fois. Comme