La Chance D'Être Allergiques ?. Carmine Cavaliere
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Sur une île où il y avait 10 millions d'arbres, qu’est-ce que ça changerait d'avoir 100/200 arbres en moins, et ainsi, en continuant la guerre entre tribus (ceux qui visitent aujourd’hui l’île se trouvent face à une multitude de monolithes qui trônent sur un paysage essentiellement désertique) on arriva à 100 000 arbres, et qu’est-ce-que ça changerait d'avoir 100/200 arbres en moins ? Les habitants de l’île se sont peu à peu habitués à avoir de moins en moins d'arbres. On arriva alors à 10 000 arbres, et la soif de suprématie du roi d'une tribu sur l’autre porta à la construction d’un monolithe encore plus grand, et que voulez-vous que 100/200 arbres en moins représentent ?
Enfin, petit à petit la végétation a disparu, comme les êtres humains et les animaux, ne laissant que désolation.
Je crois que chacun pourrait raconter sa propre Île de Pâques : un des premiers, à sa façon, était Adriano Celentano, avec sa chanson « Il ragazzo della via Gluck ». Mais mon île je l'ai vécue de l'hôpital Cardarelli, où en 1975 j'ai commencé à faire mon premier stage : les services étaient entourés par une forêt de pins tellement dense que les rayons du soleil ne touchaient pas terre. Pour l’ambition d’un célèbre orthopédiste, environ trente arbres ont été abattus, dont un if centenaire, magnifique (!), pour construire un service d’orthopédie et de rééducation, mais qu’est-ce que ça représente trente arbres par rapport à la centaine qui restait ? Puis, pour l’ambition d’un président d’une administration sanitaire locale italienne (ASL), d'autres arbres furent abattus pour faire de la place au service des Urgences, puis d’autres furent abattus pour l’ambition d’un chirurgien pour un service de recherche sur les cochons (sic). Puis une partie de la forêt fut enlevée pour faire de la place pour la pharmacie, un bout de nature servait pour l’héliport et récemment l’hôpital a donné un morceau de la forêt de pins à la mairie de Naples pour, d'après ce que l’on dit, une zone de stationnement de bus. Il ne reste désormais que des pins tellement éparpillés (cela ressemble désormais à la tête d’un homme presque chauve) que de l’herbe pousse magnifiquement, grâce au soleil qui y arrive.
Ceci est le scénario qui doit faire peur à l’homme moderne : chaque fois qu’ils détruisent un espace vert pour construire un bâtiment, une route ou quel que ce soit, pensez toujours à l’île de Pâques, car l’île de Pâques « finale » sera, tôt ou tard, la Terre !
Vous parvenez à imaginer la population d’une grande ville qui, pour purifier l’air pollué, les égouts infestés par les rats, les routes pleines de déchets, la mer et le lac à proximité qui ressemble à une déchetterie, déciderait comme les populations indiennes de déménager temporairement dans une autre zone pour permettre la régénération et la requalification de sa ville ?
C’est une vraie utopie ! Mais ce n’est pas une utopie de croire que les hommes de cette ville, dotés, comme il le semble, d’intelligence, s’ils sont parvenus à aller sur la lune, à analyser les plus petites particules sub-électroniques, peuvent prendre conscience de tout ce qui se passe autour d’eux et peuvent trouver de possibles remèdes.
Ce long discours m’a servi d’introduction au concept de l’homme inséparable de l’environnement qui l’entoure dans le sens où la santé, entendue comme condition de vie normale, sans problème physique et/ou psychique, dépend uniquement des choix réalisés par l’être humain pour la transformation de l’environnement à partir duquel il tire son alimentation et dont il est entouré.
Il est évident que si l’air que nous respirons est de plus en plus chargé en substances non naturelles et toxiques, si notre alimentation s’enrichit de plus en plus de substances chimiques artificielles (conservateurs, colorants, additifs, vitamines synthétiques, édulcorants) ou dans tous les cas qui ne nous sont pas propres (dérivés d’engrais chimiques, hormones), si nous continuons à inhiber chaque petit symptôme de notre organisme avec des médicaments qui prétendent réguler, à coup de clé à molette, l’horloge de précision qu’est notre organisme, si nous continuons à nous faire dépasser dans chaque moment de notre existence par des ondes à haute fréquence et/ou pénétrantes (radio, TV, téléphones, rayons X) dont nous ne connaissons pas les effets négatifs, si l’eau que nous buvons et avec laquelle nous nous lavons s’éloigne de plus en plus de celle que buvaient nos grands-parents, si le travail que notre société de consommation actuelle nous pousse à faire est de moins en moins conforme aux habitudes spécifiques de notre espèce, faisant désormais régner le stress, alors que pouvons-nous attendre de notre futur ? Pourquoi parler du cancer ou de la dépression comme de maladies tombées du ciel ? Pourquoi continuer à chercher des substances chimiques qui atténuent les symptômes de nos malades lorsque les symptômes sont des signaux de mauvais fonctionnement de la « machine de l’homme » ?
Lorsqu’un nouveau-né pleure, nous cherchons à étouffer ses pleurs ou à en éliminer la cause ?
Nous sommes arrivés à un point de non-retour ; nous devons désormais comprendre que chaque espace vert éliminé, chaque forêt rasée est un CRIME contre l’humanité ! Et ne nous faisons pas intimider par ceux qui affirment qu’il y a des problèmes plus grands comme la guerre ou le manque de travail, car le problème environnemental est le plus important pour l’être vivant puisqu’il remet en question l’existence de l’homme sur Terre.
Nous ne pouvons pas faire perdre le travail d’un ouvrier dans une entreprise chimique, même s’il est contre les saloperies qu'il produit, mais nous pouvons faire en sorte que tous les critères de sécurité et de salubrité soient mis en œuvre dans la production de cette usine.
Et c’est ainsi pour chaque travail, de l’enseignant au boucher. Aujourd’hui, un médecin ne peut plus soigner sans prescrire de médicaments, le patient le considère autrement comme étant ignorant et le change, mais si c’est la culture contraire qui grandit, celle qui voit les médicaments comme des remèdes toxiques à n’utiliser qu’en cas de véritable nécessité, alors nous aurions besoin de moins de médecins.
J'avais un collègue avec lequel je faisais des gardes à l’hôpital et que je pouvais donc voir parfois le matin, parfois l'après-midi et parfois de nuit ; donc, en pratique, je connaissais ses habitudes sur 24 heures et ce qui m'a frappé c’était que, même s’il n'avait que trente ans, il rythmait sa vie à coup de médicaments : il ne mangeait pas s’il ne prenait pas un anti-acide, il ne dormait pas s’il ne prenait pas un hypnotique, il n’allait pas aux toilettes s’il ne prenait pas un laxatif, il prenait des médicaments pour l’hypertension et de l’aspirine pour prévenir les thromboses. Il se lavait les dents avec des dentifrices médicamenteux et se rinçait la bouche avec des dentifrices antiseptiques, et ainsi de suite.
Ce qui était grave, cependant, c’est qu’il travaillait principalement comme médecin de famille ; pauvres patients ! Un jour, j'ai rencontré une de ses patientes qui est ensuite devenue une de mes amies. Elle m’appela un soir, paniquée parce qu’elle avait de la fièvre et qu’elle n’arrivait pas à joindre son médecin de famille. Elle tressaillit lorsque je lui dis qu’elle ne devait prendre aucun médicament mais qu’elle devait attendre tranquillement l'évolution de la fièvre, rester au repos et faire travailler son système