Une Concession d’Armes . Морган Райс

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Une Concession d’Armes  - Морган Райс L'anneau Du Sorcier

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et vit qu’il pensait la même chose. Se comporter en chef ou en guerrier, ce n’était pas la même chose : un guerrier pouvait se battre avec l’énergie du désespoir, mais un chef devait penser aux autres en premier.

      – Parfois, il faut se battre. Parfois, il faut se rendre, cria Erec. Nous entendons votre promesse de soldat : nos hommes ne seront pas en danger. Sur ces conditions, nous déposons nos armes. Si vous brisez cette promesse, que Dieu ait pitié de votre âme, car nous reviendrons de l’enfer pour venger nos hommes, jusqu’au dernier.

      Tirus hocha la tête, satisfait, et Erec jeta à terre son épée encore dans son fourreau. Elle atterrit avec un bruit métallique.

      Kendrick l’imita, tout comme Bronson et Srog. Tous étaient réticents mais c’était la seule chose à faire.

      Derrière eux, un fracas métallique retentit, comme des milliers d’armes tombaient sur le sol glacé par l’hiver : l’Argent, les MacGils et les Silésiens se rendaient.

      Le sourire de Tirus s’élargit.

      – Maintenant, mettez pied à terre, ordonna-t-il.

      L’un après l’autre, tous mirent pied à terre.

      Tirus sourit, ravi de sa victoire.

      – Pendant toutes ces années d’exil dans les Isles Boréales, j’ai envié la Cour du Roi, mon frère aîné et tout son pouvoir. Mais quel MacGil est le plus puissant, maintenant ?

      – Le pouvoir de la trahison n’est rien, lança Bronson.

      Tirus lui jeta un regard noir et fit signe à ses hommes.

      Ceux-ci se précipitèrent pour ligoter les poignets des chefs vaincus avec des cordes de chanvre. Ils les conduisirent ensuite à travers la plaine. Une longue ligne de prisonniers.

      Entraîné avec les autres, Kendrick songea soudain à Godfrey. Ils étaient partis ensemble, mais Kendrick ne l’avait pas vu depuis, ni lui, ni ses hommes. Son frère avait-il trouvé le moyen de s’échapper ? Kendrick espéra qu’il était en sécurité. Pour dire la vérité, il était presque optimiste.

      Avec Godfrey, il fallait s’attendre à tout.

      CHAPITRE QUATRE

      Godfrey chevauchait à la tête de ses hommes, flanqué de Akorth, de Fulton, de son général silésien et du commandant impérial dont il venait d’acheter généreusement la loyauté. Un large sourire éclairait son visage. Quelle satisfaction de voir la division impériale, forte de quelques milliers d’hommes, rejoindre sa cause !

      Il songea à la somme qu’il venait de leur verser, ces innombrables sacs d’or, se rappela l’expression de leurs visages… Son plan avait marché ! Il en était fou de joie. Jusqu’au dernier moment, il avait douté. Maintenant que c’était fini, il respirait plus librement. Il y a bien des façons de gagner une bataille, mais il n’y en a qu’une qui permet de gagner sans verser une seule goutte de sang. Godfrey n’était peut-être pas aussi chevaleresque ou téméraire que les autres guerriers… Mais il avait réussi. N’était-ce pas tout ce qui comptait ? Il préférait sauvegarder la vie de ses hommes en payant, plutôt que voir la moitié mourir en prenant une décision risquée.

      Godfrey avait beaucoup travaillé pour en arriver là. Il avait fait jouer tous ses contacts dans les bordels, les allées sombres et les tavernes pour découvrir qui couchait avec qui, quelles maisons closes les commandants impériaux fréquentaient et lequel d’entre eux accepterait de se faire soudoyer. Godfrey avait une meilleure connaissance de ces milieux-là que bien d’autres. Il avait passé sa vie à construire son réseau. Aujourd’hui, ses efforts servaient enfin. Tout comme l’or de son défunt père.

      Cependant, Godfrey n’était pas sûr de pouvoir leur faire confiance, du moins pas jusqu’à la fin. Il fallait qu’il profite de son avantage tant qu’il en avait le temps. C’était comme tirer à pile ou face : ces gens étaient aussi fiables que l’or qui les avait achetés. Heureusement, Godfrey les avait payés généreusement et ces soldats impériaux étaient pour le moment encore plus utiles que prévu.

      Combien de temps encore lui resteraient-ils loyaux ? Difficile à dire. Au moins, Godfrey avait échappé à la bataille et chevauchait à leurs côtés.

      – Je me suis trompé à votre sujet, dit une voix.

      Godfrey se tourna vers le général silésien qui le regardait avec admiration.

      – J’ai douté de vous, je le reconnais, poursuivit-il. Je vous présente mes excuses. Je n’imaginais pas que vous aviez un plan. C’est très ingénieux. Je ne douterai plus de vous.

      Godfrey lui sourit avec fierté. Toute sa vie, les guerriers, les soldats et les généraux l’avaient regardé avec mépris. À la cour de son père, où l’art militaire prenait une grande importance, il n’avait connu que dédain. Maintenant, les soldats voyaient enfin que sa ruse pouvait être aussi utile que leur bravoure.

      – Ne vous inquiétez pas, dit Godfrey. Je doute de moi-même également. J’apprends tous les jours. Je ne suis pas un commandant et je n’ai pas d’autre plan à long terme que celui de survivre.

      – Et où allons-nous à présent ?

      – Rejoindre Kendrick, Erec et les autres pour soutenir leur cause.

      L’improbable alliance des soldats impériaux et des hommes de Godfrey chevauchait d’un air incertain entre les collines, le long d’une plaine désertique et desséchée, vers l’endroit où Kendrick leur avait donné rendez-vous.

      En chemin, un million de pensées diverses traversaient l’esprit de Godfrey. Kendrick et Erec allaient-ils bien ? S’étaient-ils retrouvés en difficulté ? Godfrey s’en sortirait-il dans une vraie bataille ? Maintenant, il ne pouvait plus l’éviter. Il avait épuisé tous ses tours de passe-passe : il n’avait plus d’or pour payer les ennemis.

      Il avala sa salive avec difficulté, nerveux. Il n’était pas aussi courageux que les autres, qui semblaient êtres nés chevaliers. Tous avaient l’air de ne jamais craindre la mort. Ils étaient si téméraires… Godfrey devait le reconnaître : lui, il avait peur. Toutefois, il ne s’esquiverait pas, même s’il était maladroit, même s’il n’avait pas le talent militaire de ses frères… Il se demandait seulement combien de fois les dieux de la chance lui sauverait la vie.

      Les autres ne semblaient pas se soucier de vivre ou de mourir, comme s’ils étaient toujours prêts à donner leur vie pour la gloire. Godfrey aimait la gloire, mais il aimait la vie plus encore. Il aimait la bière. Il aimait manger. Ici et maintenant, il ressentit soudain dans son estomac le désir brûlant de retrouver la sécurité d’une taverne. La bataille, ce n’était vraiment pas pour lui.

      Godfrey pensa alors à Thor, tout seul, là-bas, prisonnier. Il pensa à sa famille qui se battait pour une juste cause. Son honneur, quoique souillé, lui commandait de ne pas faire demi-tour.

      Ils chevauchèrent longtemps quand, soudain, atteignant le sommet d’une crête, ils eurent une vue plongeant sur la vallée. Ils s’arrêtèrent. Godfrey plissa les yeux devant le soleil aveuglant, pour comprendre ce qui se passait en contrebas. Il leva une main en visière et contempla la scène, confus.

      Alors, à sa grande horreur, tout s’éclaira et son cœur manqua un battement : en contrebas, les milliers d’hommes

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