Le Destin Des Dragons . Морган Райс
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Читать онлайн книгу Le Destin Des Dragons - Морган Райс страница 5
Finalement, Thor comprit qu’ils se dirigeaient vers une île en particulier. Elle devint de plus en plus grande et un frisson parcourut Thor lorsqu’il comprit que c'était leur destination.
“L’Île des Brumes”, laissa échapper Reece, admiratif.
Thor était ébahi. Sa forme se fit plus nette. Elle était rocheuse, escarpée et nue. Elle s’étendait sur plusieurs kilomètres dans chaque direction, longue et étroite, en forme de fer à cheval. Les grosses vagues qui venaient s’écraser sur ses rivages grondaient malgré la distance et formaient de grands jets d’écume en s’écrasant sur les énormes rochers. Une minuscule bande de terre se trouvait derrière les rochers, au pied d’une gigantesque falaise qui se dressait droit vers le ciel. Thor ne voyait pas bien comment leur bateau pourrait accoster en sécurité.
Venant renforcer l’étrangeté de l’endroit, une brume rougeâtre flottait sur l’île comme une sorte de rosée luisant dans la lumière du soleil. Cela donnait une impression de mauvais augure. Thor sentait que quelque chose d'inhumain et de surnaturel hantait cet endroit.
“On dit que cet endroit est vieux de plusieurs millions d’années”, ajouta O’Connor. “Cet endroit serait plus vieux que l’Anneau. Plus vieux même que l’Empire.”
“Cet endroit appartient aux dragons”, renchérit Elden en rejoignant Reece.
Alors que Thor observait l’île, le second soleil disparut soudain du ciel. Subitement, le jour ensoleillé et radieux devint coucher de soleil et le ciel se para de couleurs rouges et violacées. Thor n’arrivait pas à y croire : il n’avait jamais vu le soleil se déplacer aussi rapidement. Il se demanda quelles autres choses pouvaient encore être différentes dans cette partie du monde.
“Est-ce qu’un dragon vit sur cette île ?” demanda Thor.
Elden secoua la tête.
“Non. J’ai entendu dire qu’il n’habite pas loin. On dit que la brume rouge naît du souffle du dragon. Il respire la nuit sur une île voisine et c’est le vent qui la transporte et enveloppe l’île durant le jour.”
Thor entendit soudain un bruit. Au début, on aurait dit un grondement, comme de l’orage, suffisamment long et puissant pour faire trembler le bateau. Encore caché dans sa chemise, Krohn se ratatina et gémit.
Comme Thor, les autres se retournèrent et regardèrent au loin. Quelque part à l’horizon, il lui sembla apercevoir le contour incertain de flammes qui léchèrent le soleil couchant puis disparurent en laissant place à une fumée noire comme celle d’un volcan en éruption.
“Le Dragon”, dit Reece. “Nous sommes sur son territoire, à présent.”
Thor déglutit, pensif.
“Mais comment pouvons-nous être en sécurité ici ?” demanda O’Connor.
“Vous n’êtes en sécurité nulle part”, répondit une voix retentissante.
Thor se retourna et découvrit Kolk qui, debout et les mains sur les hanches, regardait l’horizon par-dessus leurs épaules.
“C’est l’engagement des Cent Jours : vivre avec le risque de périr chaque jour qui passe. Ceci n’est pas un exercice. Le dragon vit tout près d’ici et rien ne pourra l’empêcher d’attaquer. Normalement, il ne devrait pas nous attaquer car il garde jalousement son trésor sur son île et les dragons n’aiment pas laisser leur trésor sans surveillance. Cependant, vous entendrez ses grondements et verrez ses flammes la nuit. Et si nous l’irritons d’une quelconque façon, je ne peux vous garantir ce qu’il adviendra de nous.”
Thor entendit un autre grondement sourd, aperçut un nouvel embrasement à l’horizon et observa les vagues s’écraser sur l’île tandis qu’ils s’approchaient de l’île. Il leva les yeux vers les falaises abruptes, qui étaient un véritable mur de roches, et se demanda comment ils allaient faire pour atteindre le sommet et rejoindre la partie plate et aride.
“Le problème, c'est que je ne vois aucun lieu où accoster avec le bateau”, dit Thor.
“Ce serait trop facile”, répondit Kolk.
“Dans ce cas, comment allons-nous prendre pied sur l’île ?” questionna O’Connor.
Kolk fit un sourire machiavélique.
“Tu sais nager”, dit-il.
L’espace d’un instant, Thor se demanda s’il plaisantait, mais, d’après son expression, il comprit rapidement que tel n’était pas le cas. Thor déglutit.
“A la nage ?” répondit en écho Reece, abasourdi.
“Ces eaux grouillent de créatures !” s’écria Elden.
“Oh, c'est le cadet de vos soucis !” continua Kolk. “Les courants ici sont traîtres, ces tourbillons vous aspireront, ces vagues vous écraseront sur ces rochers escarpés, l’eau est chaude et, si vous parvenez à ces rochers, il vous faudra trouver un moyen d’escalader ces falaises afin d’atteindre la terre aride. Si les créatures de la mer ne vous attrapent pas avant, bien sûr. Bienvenue dans votre nouvelle maison.”
Thor se tint là, parmi les autres, comme pétrifié, accoudé à la balustrade et regardant les eaux écumeuses en dessous de lui. L’eau tourbillonnait sous ses yeux comme un être vivant. Le courant s’intensifiait à chaque instant en agitant le bateau. Il était difficile de garder son équilibre. En dessous, les eaux s’agitaient, remuaient ce rouge brillant qui semblait renfermer le sang de l’enfer même et, pire que tout, en y regardant de plus près, Thor se rendit compte que des monstres des mers faisaient surface tous les quelques mètres en faisant claquer leurs dents avant de replonger.
Leur bateau jeta soudainement l’ancre très loin du rivage et Thor eut du mal à avaler sa salive. Il leva les yeux vers les rochers qui encerclaient l’île et se demanda comment ils pourraient bien faire pour les atteindre. Le bruit des vagues se renforça et les força à crier pour se faire comprendre.
Quelques petites barques furent mises à l’eau et les commandants les emmenèrent à bonne distance du navire, à une trentaine de mètres du bateau. Cela ne leur faciliterait pas la tâche : il leur faudrait nager pour les atteindre.
Rien qu’à cette pensée, le ventre de Thor se noua.
“SAUTEZ !” cria Kolk.
Pour la première fois, Thor eut peur. Il se demanda si cela le diminuait en tant que membre de la Légion, en tant que guerrier. Il savait bien que les guerriers ne devaient jamais se laisser gagner par la peur mais il lui fallut reconnaître que, là, il avait vraiment peur. Il détestait ça et souhaitait de tout cœur qu’il puisse en être autrement. Pourtant, il était terrifié.
En regardant autour de lui, Thor vit les visages horrifiés des autres garçons et se sentit mieux. Tout autour de lui, les garçons se pressaient à la balustrade en fixant les eaux, figés par la peur. Un garçon en particulier semblait tellement terrifié qu’il en tremblait. Il s’agissait du garçon du jour des boucliers, celui qui avait eu peur et que l’on avait forcé à faire des tours de piste.
Kolk dut s’en rendre compte car il traversa le bateau en se dirigeant droit sur lui. Kolk ne semblait pas dérangé par le vent puissant qui repoussait ses cheveux