Le Destin Des Dragons . Морган Райс

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Le Destin Des Dragons  - Морган Райс L'anneau Du Sorcier

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château, sois sûr que je te ferai arrêter.

      “A PRÉSENT, VA-T’EN !” s’époumona Gareth.

      Fondant en larmes, Firth tourna les talons et partit en courant, le bruit de ses pas résonnant longtemps après qu’il eut disparu dans le couloir.

      Les pensées de Gareth revinrent vers l’épée et son échec. Il ne pouvait se débarrasser de l'impression qu'il avait déclenché une terrible catastrophe à son encontre. Il avait la sensation de s’être jeté depuis le haut d’une falaise et qu’à partir de cette journée le reste de sa vie ne serait qu’une longue descente.

      Il resta ainsi, ancré au sol en pierre dans l’implacable silence de la chambre de son père, à trembler et se demander ce qu’il avait bien pu déclencher. Il ne s’était jamais senti aussi seul, il n’avait jamais autant douté de lui-même.

      Était-ce donc cela être roi ?

*

      Gareth se hâta dans l’escalier en colimaçon en pierre, enchaînant les étages, se dépêchant de rejoindre le parapet le plus élevé du château. Il avait besoin d’air. Il avait besoin de temps et d’espace pour réfléchir. Il avait besoin d’un point de vue sur son royaume, d'une chance d’apercevoir sa cour, son peuple et de se rappeler que tout cela lui appartenait. Malgré les événements cauchemardesques de la journée, il était encore roi.

      Gareth avait congédié tous ses domestiques et gravissait seul les escaliers en respirant fort. Il s’arrêta à un étage, se courba et chercha à reprendre son souffle. Des larmes roulaient sur ses joues. A chaque étage, il avait l’impression de voir le visage de son père le fusiller du regard.

      “Je te déteste !” cria-t-il dans le vide.

      Il aurait juré entendre un rire moqueur en retour. Le rire de son père.

      Gareth avait besoin de s’échapper de cet endroit. Il tourna les talons et continua sa course jusqu’à ce qu'il finisse par atteindre le sommet. Il jaillit par la porte et la brise fraîche estivale lui frappa le visage.

      Il inspira profondément tout en reprenant son souffle au soleil, savourant les chaudes brises. Il ôta sa cape, celle de son père, et la jeta au sol. Il faisait trop chaud et il ne voulait plus avoir à la porter.

      Il se précipita au bord du parapet et s’agrippa au mur de pierre en respirant bruyamment tout en observant sa cour en contrebas. Il voyait la foule immense sortir du château. Tous quittaient la cérémonie. Sa cérémonie. Il pouvait presque lire leur déception, même d’ici. Ils étaient tous si petits. Il ne cessait de s’émerveiller de tous les savoir sous son contrôle.

      Cependant, pour combien de temps encore ?

      “Les règnes sont de drôles de choses”, déclara une voix âgée.

      Gareth se retourna et, à sa grande surprise, découvrit qu’Argon se tenait à quelques pas de lui, vêtu d’une cape blanche à capuche et appuyé sur son bâton. Il le regardait un sourire au coin des lèvres, mais ses yeux n’étaient point rieurs. Ils brillaient, le transperçaient et cela agaçait Gareth. Ses yeux en voyaient trop.

      Il y avait tant de choses que Gareth aurait souhaité dire et demander à Argon. Cependant, à présent qu’il avait échoué avec l’épée, il n’arrivait plus à se souvenir d’une seule de ses questions.

      “Pourquoi ne m’as-tu rien dit ?” implora Gareth d’une voix désespérée. “Tu aurais pu me dire que je n’étais pas destiné à la soulever. Tu aurais pu m’épargner toute cette honte.”

      “Et pourquoi l'aurais-je fait ?” demanda Argon.

      Gareth le fusilla du regard.

      “Tu n’es pas un bon conseiller pour le Roi”, dit-il. “Tu aurais fidèlement conseillé mon père. Cependant, pas moi.”

      “Peut-être méritait-il d’être justement conseillé”, répliqua Argon.

      La colère de Gareth s’intensifia. Il détestait cet homme et il lui en voulait.

      “Je ne veux plus de toi dans mon entourage”, dit Gareth. “Je ne sais pas pourquoi mon père t’a pris à son service mais je ne veux plus de toi à la Cour du Roi.”

      Argon se mit à rire. Un son creux et effrayant sortit de sa gorge.

      “Ton père ne m’a pas pris à son service, mon pauvre garçon !” déclara-t-il. “Pas plus que son père avant lui. Je suis censé être ici. Il en est ainsi. Ce serait même plutôt moi qui les aurais pris à mon service.”

      Argon s’avança brusquement et le regarda comme s’il arrivait à lire l’âme de Gareth.

      “Peux-tu en dire autant ?” demanda Argon. “Toi, es-tu censé être ici ?”

      Ses mots touchèrent une corde sensible chez Gareth et le firent frissonner. C’était exactement le sujet sur lequel Gareth en était venu à se poser des questions. Gareth se demanda si c'était une menace.

      “Celui qui règne par le sang gouvernera par le sang”, tonna Argon. Sur ces mots, il se retourna vivement et s’éloigna.

      “Attends !” s’écria Gareth qui ne voulait soudain plus qu’il s’en aille tant il avait de questions. “Que veux-tu dire ?”

      Gareth ne pouvait s’empêcher de penser qu’Argon essayait de lui faire passer un message, comme quoi son règne serait bref. Il avait désespérément besoin de savoir ce qu’il sous-entendait.

      Gareth s’élança après lui mais, alors qu’il le rattrapait, Argon se volatilisa sous ses yeux.

      Gareth se retourna, regarda autour de lui mais ne vit rien. Il entendit seulement un rire caverneux flotter dans l’air.

      “Argon !” hurla Gareth.

      Il se retourna de nouveau puis leva le regard vers les cieux, se laissa tomber à genoux et pencha la tête en arrière. Il se mit à hurler :

      “ARGON !”

      CHAPITRE SEPT

      Erec marchait aux côtés du Duc, de Brandt et d’une douzaine de membres de l’entourage du Duc dans les rues tortueuses de Savaria. La foule s’épaississait à mesure qu’ils approchaient de la maison de la jeune domestique. Erec avait insisté pour la rencontrer dans les plus brefs délais et le Duc avait voulu les y mener personnellement. Et où le Duc allait, les gens suivaient. Erec regarda la foule sans cesse grandissante qui les entourait et se sentit gêné en comprenant qu’il se présenterait à la demeure de la jeune fille avec des dizaines de personnes sur les talons.

      Depuis qu’il l’avait vue pour la première fois, Erec n’avait guère pu penser à autre chose. Qui était cette fille, se demandait-il, qui semblait si noble mais travaillait comme domestique à la cour du Duc ? Pourquoi l'avait-elle évité aussi promptement ? Après toutes ces années de fréquentation de femmes de sang royal, pourquoi était-ce la seule femme qui ait réussi à lui ravir son cœur ?

      Ayant baigné dans la royauté toute sa vie, étant lui-même fils de roi, Erec savait détecter la royauté en un clin d’œil et, à l’instant où il l’avait aperçue, il avait su qu’elle était d’un rang bien plus élevé que le simple poste

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