Si elle voyait . Блейк Пирс
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Elle marchait en direction de chez elle – sa maison ne se trouvait qu’à trois pâtés de maison de l’endroit où elle avait répondu à l’appel d’Allen – quand elle vit une petite fille qui portait un t-shirt Mon petit poney. Elle marchait avec sa mère, qui la tenait par la main. Elles n’étaient qu’à quelques mètres d’elle et venaient dans sa direction. La petite fille devait avoir cinq ou six ans et ses cheveux étaient noués en queue de cheval, probablement faite par sa mère. Elle avait des yeux bleus et le nez légèrement pointu, comme un lutin. Kate sentit une pointe de tristesse lui transpercer le cœur.
Une image lui vint en tête, celle d’une petite fille qui ressemblait très fort à celle-là. Mais dans cette image-là, le visage de la petite fille était sale de crasse. Elle pleurait, avec les gyrophares des voitures de police qui tournoyaient derrière elle.
Elle voyait cette image de manière si nette que Kate s’arrêta un moment de marcher. Elle détourna les yeux de la petite fille pour éviter de la regarder d’un air bizarre. Elle se concentra sur l’image qu’elle avait en tête et fit de son mieux pour retrouver le souvenir qui y était associé. Ça lui revint peu à peu et les détails de l’affaire lui revinrent en mémoire, comme si elle lisait le rapport d’enquête.
Petite fille de cinq ans, retrouvée trois jours après sa disparition. Elle a été retrouvée enfermée dans une cabane de pêcheurs dans l’Arkansas, avec le corps sans vie de ses parents. Les parents étaient les cinquième et sixième victimes d’un tueur en série qui avait terrorisé l’Arkansas pendant quatre mois… un tueur que Kate avait fini par arrêter, mais qui avait tout de même fait un total de neuf victimes.
Kate était consciente qu’elle s’était soudain arrêtée en pleine rue. Elle était aussi immobile qu’une statue mais elle ne parvenait pas à bouger. Cette enquête l’avait obsédée pendant longtemps. Tellement d’impasses et de pistes qui ne menaient à rien. Elle avait eu l’impression de tourner en rond, incapable de retrouver le tueur qui continuait à empiler les cadavres. Dieu seul sait ce qu’il avait prévu de faire avec cette petite fille.
Mais tu l’as sauvée, se dit-elle. Tu as fini par la sauver.
Kate recommença lentement à marcher. Ce n’était pas la première fois qu’une image surgissait de son passé sans crier gare, la prenant par surprise. Elles lui venaient parfois de manière fortuite, bien que de nulle part. Mais il arrivait parfois qu’elles lui arrivent de manière violente et rapide, un peu comme un flashback post-traumatique.
L’image de cette petite fille de l’Arkansas était un peu entre les deux. Et Kate était contente que ce soit le cas. Elle avait failli arrêter son boulot d’agent en 2009 à la suite de cette enquête. Ça l’avait fortement ébranlée et elle avait dû demander un repos de deux semaines. Et soudain, durant une fraction de seconde, alors qu’elle rentrait chez elle avec des cadeaux pour sa petite-fille, elle avait été projetée dans le passé.
Presque dix années s’étaient écoulées depuis qu’elle avait libéré cette petite fille. Kate se demanda comment elle allait – si elle était parvenue à surmonter ce traumatisme.
« Madame ? »
Kate cligna des yeux, en sursautant au son de cette voix qu’elle ne connaissait pas. Un jeune adolescent se trouvait devant elle. Il avait l’air préoccupé, comme s’il n’était pas tout à fait sûr de savoir s’il ne ferait pas mieux de passer son chemin.
« Est-ce que ça va ? » demanda-t-il. « Vous avez l’air… je ne sais pas. Malade. Comme si vous alliez vous évanouir. »
« Non, » dit Kate, en secouant la tête. « Ça va, merci. »
L’adolescent hocha la tête et continua son chemin. Kate se remit à marcher, en ayant l’impression d’avoir été réveillée d’une blessure dans son passé qui ne s’était apparemment pas bien refermée. Alors qu’elle s’approchait de chez elle, elle se demanda combien de ces histoires passées pouvaient encore l’affecter.
Et si les fantômes de son passé allaient continuer à la hanter jusqu’à ce qu’elle devienne elle-même un fantôme à son tour.
CHAPITRE DEUX
Kate passa l’heure suivante à ranger la maison, bien qu’elle l’ait déjà fait avant de sortir faire du shopping. Elle se sentait bizarre d’être aussi anxieuse d’avoir Michelle chez elle. Melissa avait vécu dans cette maison quand elle était au lycée, alors quand elle venait lui rendre visite (pas assez souvent, selon Kate), Kate ne ressentait pas le besoin que l’endroit soit immaculé. Alors pourquoi était-elle aussi préoccupée pour un bébé de deux mois ?
Peut-être que c’est un de ces trucs bizarres de grand-mère, pensa-t-elle, tout en récurant l’évier du cabinet de toilette… une pièce que sa petite-fille ne verrait et n’utiliserait sûrement pas.
Au moment où elle rinçait l’évier, on sonna à la porte. Elle fut soudain submergée d’un bonheur auquel elle ne s’attendait pas. Elle ouvrit la porte avec un grand sourire. Melissa se trouvait de l’autre côté et tenait le siège bébé de Michelle en main. Michelle dormait à poings fermés, avec une épaisse couverture lui entourant les jambes.
« Salut, maman, » dit Mélissa, en entrant dans la maison. Elle regarda rapidement autour d’elle et leva les yeux au ciel. « Tu as passé combien de temps à nettoyer aujourd’hui ? »
« Je refuse de répondre à cette question, » dit Kate, en embrassant sa fille.
Mélissa posa doucement le siège bébé au sol et détacha lentement Michelle. Elle la prit dans ses bras et la tendit tendrement à Kate. Ça faisait presque une semaine que Kate n’avait pas rendu visite à Mélissa et à Terry, mais quand elle prit Michelle dans ses bras, elle eut l’impression que ça faisait bien plus longtemps.
« Qu’est-ce que vous avez prévu pour ce soir ? » demanda Kate.
« Pas grand-chose, en fait, » dit Mélissa. « Et c’est ça qu’il y a de bien. On va sortir dîner et boire un verre. Peut-être aller danser. On a aussi changé d’avis sur le fait qu’elle passe la nuit avec toi parce qu’on s’est rendu compte qu’on n’était pas encore prêt pour ça. Une bonne nuit de sommeil nous ferait le plus grand bien, mais je ne suis pas encore capable d’être séparée d’elle pendant aussi longtemps. »
« Oh, je comprends, » dit Kate. « Mais allez-y, sortez et amusez-vous. »
Mélissa posa le sac à langes qu’elle portait à l’épaule à côté du siège bébé. « Tout ce dont tu as besoin se trouve là-dedans. Elle aura sûrement encore faim dans une heure et elle aura du mal à s’endormir. Terry trouve que c’est mignon mais je trouve ça plutôt diabolique. Si elle a des gaz, il y a des gouttes dans la poche arrière et… »
« Lissa… ça va aller. Tu sais, je me suis déjà occupée d’un enfant. Et je ne m’en suis pas trop mal sortie. »
Mélissa sourit et surprit Kate en lui donnant un rapide bisou sur la joue. « Merci, maman. Je viendrai la chercher vers vingt-trois heures. Ce n’est pas trop tard ? »