Vainqueur, Vaincu, Fils . Морган Райс

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Vainqueur, Vaincu, Fils  - Морган Райс De Couronnes et de Gloire

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plus d'années qu'elle ne voulait l'imaginer mais, d'une façon ou d'une autre, il avait encore l'air solide. En aval, Ceres vit une lumière qui n'était pas présente dans le reste des cavernes et, d'une façon ou d'une autre, elle comprit qu'il fallait qu'elle se dirige vers elle.

      Elle monta dans le bateau, largua les amarres et laissa le courant l'entraîner. L'eau léchait le flanc du petit vaisseau et, alors qu'il avançait, Ceres sentait l'impatience croître en elle. En d'autres occasions, elle aurait pu s'inquiéter face à un courant comme celui-ci et s'imaginer qu'il menait peut-être à un barrage où, pire encore, à une chute d'eau. Cependant, à présent, le courant lui semblait avoir sa volonté propre, destinée à la transporter vers son but.

      Le bateau traversa un tunnel tellement étroit que Ceres aurait pu toucher les murs qui se dressaient de chaque côté. Il y avait de la lumière vers l'avant, brillante après la semi-lumière des cavernes. Le tunnel donna sur un espace qui n'était ni en roc ni en pierre. En fait, dans un espace où il aurait dû n'y avoir qu'une autre caverne, Ceres se trouva au milieu d'une étendue campagnarde idyllique.

      Ceres reconnut immédiatement l’œuvre des Anciens. Personne d'autre n'aurait pu créer une chose comme celle-là. Les sorciers auraient peut-être pu trouver les pouvoirs nécessaires pour créer une illusion mais cet endroit avait l'air réel; il avait même une odeur d'herbe fraîche et de gouttes de rosée. Le bateau cogna contre la rive et Ceres vit devant elle une grande prairie remplie de fleurs des champs au parfum sucré et délicat. Certaines de ces fleurs semblèrent bouger sur son passage et Ceres sentit des ronces lui frôler la jambe et la faire saigner en lui infligeant une douleur aiguë.

      Cependant, quand elle fut passée, les ronces la relâchèrent. Apparemment, quelles que soient les défenses que comprenait ce lieu, leur but n'était pas d'en exclure Ceres.

      Il fallut un moment pour que Ceres se rende compte qu'il y avait deux choses étranges dans cet endroit qu'elle traversait, des choses encore plus étranges que la présence d'une étendue de campagne sauvage au milieu d'un réseau de cavernes.

      La première était que les visions du passé semblaient s'être arrêtées. Dans les cavernes d'au-dessus, elles n'avaient cessé d'apparaître puis de disparaître, montrant la dernière attaque de l'antre des sorciers menée par les Anciens. Ici, le monde ne semblait pas être arrêté à mi-course entre deux points. Ici, il était aussi paisible que figé, sans les changements constants que subissait le reste de l'endroit.

      La deuxième chose étrange était le dôme de lumière qui s'élevait au cœur de l'endroit et brillait d'une lumière dorée qui s'opposait à la verdure du reste. Le dôme était de la taille d'une grande maison ou de la tente de quelque seigneur nomade mais semblait être composé presque exclusivement d'énergie. En le regardant, Ceres pensa d'abord que le dôme aurait pu être un bouclier ou un mur mais, d'une façon ou d'une autre, Ceres savait qu'il était plus que ça. Il était un lieu d'habitation, un domicile.

      Il était aussi, supposa-t-elle, l'endroit où elle pourrait trouver ce qu'elle cherchait. Pour presque la première fois depuis qu'elle était entrée dans la demeure des sorciers, Ceres osa ressentir une lueur d'espoir. Peut-être était-ce l'endroit où elle retrouverait ses pouvoirs.

      Peut-être pourrait-elle aider à sauver Haylon, après tout.

      CHAPITRE TROIS

      Alors qu'elle naviguait vers la Côte des Os de Felldust, Jeva avait la sensation la plus étrange de toute sa vie : elle craignait de mourir.

      C'était une nouvelle sensation pour elle. Ce n'était pas quelque chose que son peuple avait l'habitude de ressentir. Ce n'était certainement pas une chose qu'elle avait désirée. C'était probablement une sorte d'hérésie de se laisser aller, de voir la possibilité de rejoindre les morts qui attendaient et de s'en inquiéter vraiment. Son peuple acceptait la mort, allait même jusqu'à l'accueillir comme une chance d'être finalement inclus à la grande communauté de ses ancêtres. Son peuple ne craignait pas de mourir.

      Pourtant, c'était exactement ce que Jeva ressentait maintenant en voyant la ligne à peine visible de la côte de Felldust apparaître à l'horizon. Elle craignait qu'on la tue à cause de ce qu'elle avait à dire. Elle craignait qu'on l'envoie rejoindre ces ancêtres sans qu'elle puisse aider Haylon. Elle se demanda ce qui avait changé.

      La réponse à cette question était assez simple à trouver : Thanos.

      Jeva se surprit à penser à lui alors qu'elle naviguait vers la terre en regardant les oiseaux de mer qui se rassemblaient en bandes flottantes en attendant leur prochaine chance de se nourrir. Avant de le rencontrer, elle avait été … eh bien, peut-être pas la même que tout son peuple, parce que la plupart d'entre eux ne ressentaient aucun besoin d'aller voyager jusqu'à Port Leeward et au-delà. Même ainsi, elle avait senti qu'elle était comme eux, elle avait été la même qu'eux. Elle ne ressentait certainement aucune peur.

      Ce n'était pas exactement de la peur pour elle-même, bien qu'elle sache parfaitement bien que sa propre vie était en jeu. Elle s'inquiétait plus pour ce qui arriverait à ceux qu'elle avait laissés sur Haylon et pour Thanos si elle ne revenait pas.

      C'était une autre sorte d'hérésie. Les vivants ne comptaient que s'ils servaient à accomplir les désirs des morts. Si tous les habitants d'une île étaient massacrés par un envahisseur, c'était un honneur glorieux pour eux, pas un événement à traiter comme un désastre imminent. Dans la vie, tout ce qui comptait, c'était accomplir les désirs des morts et terminer soi-même sa vie avec une gloire appropriée. Ceux qui parlaient pour les morts l'avaient clairement affirmé. Jeva avait même entendu de ses oreilles les murmures des morts pendant que la fumée s'élevait des bûchers prophétiques.

      Elle poursuivit sa navigation sans en tenir compte, sentant les vagues tirer sur le gouvernail pendant qu'elle dirigeait son petit bateau vers son pays. Maintenant, elle se surprenait à entendre d'autres voix qui lui demandaient d'avoir de la compassion, de sauver Haylon, d'aider Thanos.

      Jeva l'avait vu risquer sa propre vie pour aider d'autres personnes sans avoir de raison valable à ses yeux. Quand elle avait été attachée à un navire de Felldust comme une figure de proue, attendant qu'on l'écorche, Thanos était venu la sauver. Quand ils avaient combattu côte à côte, le bouclier de Thanos avait été celui de Jeva d'une façon qu'elle n'avait jamais vue chez son peuple.

      Elle avait vu chez Thanos une chose à admirer. Peut-être plus qu'à admirer. Elle avait vu quelqu'un qui était au monde pour y faire ce qu'il pourrait y faire de mieux, pas seulement pour trouver la façon la plus parfaite qui soit de le quitter. La nouvelle voix qu'entendait Jeva lui disait que c'était comme ça qu'elle devrait vivre et qu'aller aider Haylon en faisait partie.

      Le problème était que Jeva savait que ces voix ne venaient que de l'intérieur d'elle-même. Elle n'aurait pas dû les écouter avec tant de ferveur. Son peuple ne le ferait certainement pas.

      “Ou du moins ce qu'il en reste”, dit Jeva, dont le vent emporta les paroles.

      La tribu de son village avait disparu. Maintenant, elle allait se rendre dans un autre lieu de rencontre et demander à d'autres gens de son pays de donner leur vie. Jeva leva les yeux et regarda le vent gonfler la petite voile de son bateau, les rabaissa et regarda l'écume jouer sur l'océan, du moment que cela l'empêchait de penser à ce qu'il faudrait qu'elle fasse pour que son peuple vienne à la rescousse de Haylon. Même ainsi, les mots surgissaient, aussi inévitables que la fin de la vie.

      Il faudrait qu'elle affirme qu'elle parlait pour les morts.

      Il

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