Souverain, Rivale, Exilée . Морган Райс
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“Première Pierre”, dit un homme qui portait un uniforme complet de prêtre, avec une ceinture faite d'os de doigts et des symboles sacrés attachés à sa barbe avec des fils d'argent. Une amulette incrustée d'héliotropes montrait qu'il était un des patriarches de son ordre.
“Que veux-tu, saint homme ?” demanda Irrien. Il se frottait distraitement l'épaule en parlant, espérant que personne ne devinerait pourquoi.
Le prêtre écarta les mains, qu'il avait tatouées de runes qui dansaient à chaque mouvement rapide de ses doigts.
“Il ne s'agit pas de ce que je veux mais de ce qu'exigent les dieux. Ils nous ont apporté la victoire. Il est normal que nous les remercions à l'aide d'un sacrifice convenable.”
“Dis-tu que notre victoire n'est pas venue de ma propre force ?” demanda Irrien. Il se servit du ton de sa voix pour insinuer une menace. Il utilisait les prêtres quand cela lui était profitable mais il n'accepterait jamais que ces derniers le contrôlent.
“Même les plus forts doivent reconnaître les faveurs que nous accordent les dieux.”
“J'y réfléchirai”, dit Irrien qui, aujourd'hui, avait déjà répondu la même chose à trop de demandes, des demandes d'attention, des demandes de ressources, toute un défilé de gens qui voulaient lui prendre des morceaux de ce qu'il avait gagné. C'était la malédiction du souverain mais aussi un symbole de son pouvoir. A chaque fois qu'un homme fort venait quémander une faveur à Irrien, cela montrait que l'homme en question reconnaissait qu'il ne pouvait pas se contenter de prendre ce qu'il voulait.
Ils commencèrent à repartir vers le château et Irrien se mit à planifier, à calculer où il allait falloir effectuer des réparations et où on allait pouvoir ériger des monuments à sa gloire. A Felldust, une statue était inévitablement volée ou brisée avant qu'on ait pu la terminer. A Delos, elle pourrait servir à rappeler sa victoire aux générations futures. Quand il serait guéri, il y aurait beaucoup à faire.
Il regarda les défenses du château alors qu'il y retournait avec les autres. Il était solide, assez solide pour résister au monde entier s'il le voulait. Si quelqu'un n'avait pas ouvert les portes à son peuple, il aurait pu vraiment tenir son armée à distance jusqu'à ce que les inévitables conflits de Felldust sèment la dissension dans ses rangs.
Il claqua les doigts pour attirer l'attention d'un serviteur. “Je veux que tous les tunnels qui courent sous ce château soient bouchés. Peu m'importe le nombre d'esclaves qui meurt pendant les travaux. Ensuite, attaquez-vous aux tunnels de la ville. Là où des gens pourraient se faufiler sans que je le sache, aucune créature ne doit passer.”
“Oui, Première Pierre.”
Il poursuivit sa route et entra dans le château. A l'intérieur, des serviteurs installaient déjà les bannières de Felldust. Pourtant, d'autres gens semblaient ne pas avoir compris les ordres. Trois de ses hommes arrachaient les tapisseries, détachaient les pierres précieuses des yeux des statues et fourraient le butin ainsi obtenu dans les sacoches qu'ils portaient à la ceinture.
Irrien avança fièrement et il les vit se retourner avec la révérence qu'il aimait susciter chez ses hommes.
“Que faites-vous ici ?” demanda-t-il.
“Nous continuons à piller la ville, Première Pierre”, répondit l'un d'eux. Il était plus jeune que les deux autres. Irrien devina qu'il ne s'était joint à l'armée d'invasion que pour l'aventure. C'était le cas de beaucoup de gens.
“Et est-ce que vos commandants vous ont dit de poursuivre le pillage au sein du château ?” demanda Irrien. “Est-ce là l'endroit où l'on vous a ordonné d'être ?”
Leur expression lui révéla tout ce qu'il avait besoin de savoir. Il avait ordonné à ses hommes de piller systématiquement la ville mais ce pillage-là n'était pas systématique. Irrien exigeait que ses guerriers soient disciplinés et le comportement de ceux-là n'était pas discipliné.
“Vous avez cru que vous alliez juste prendre ce que vous vouliez”, dit Irrien.
“C'est comme ça que ça se passe à Felldust !” protesta un des hommes.
“Oui”, convint Irrien. “Les forts prennent aux faibles. C'est la raison pour laquelle j'ai pris ce château. Maintenant, vous essayez de me le reprendre. Pensez-vous que je sois faible, moi ?”
Comme il n'avait plus sa grande épée et n'aurait pu s'en servir même s'il l'avait eue parce que sa blessure à l'épaule lui faisait encore trop mal, il préféra sortir un long couteau. Son premier coup frappa le plus jeune des trois à la base de la mâchoire et lui transperça le crâne en remontant.
Irrien virevolta et plaqua le second des trois hommes contre un mur alors qu'il cherchait maladroitement à récupérer ses propres armes. Irrien para le coup d'épée de l'autre et lui trancha la gorge sans effort avec son élan arrière, le repoussant pendant qu'il tombait.
Celui qu'il avait repoussé faisait alors marche arrière, les mains en l'air.
“Je vous en prie, Pierre Irrien. C'était une erreur. Nous n'avons pas réfléchi.”
Irrien s'approcha et le poignarda à plusieurs reprises sans dire un mot. Il retint le faiblard pour qu'il ne tombe pas trop vite, malgré la douleur que lui infligeait l'effort à cause de sa blessure. Le but n'était pas seulement de tuer. C'était aussi une démonstration.
Quand il finit par laisser retomber l'homme, Irrien se tourna vers les autres et écarta les mains, désirant les défier de manière ostensible.
“Est-ce que l'un d'entre vous s'imagine que je sois faible au point que vous puissiez simplement exiger des choses de moi ? Est-ce que l'un d'entre vous s'imagine qu'il peut me dévaliser ?”
Les autres restèrent muets, bien sûr. Irrien les laissa se traîner à sa suite en marchant à pas raides vers la salle du trône.
Sa salle du trône.
L'endroit où, à l'instant même, son butin l'attendait.
*
Stephania se recroquevilla quand Irrien entra dans la salle du trône et ce réflexe la remplit de dégoût pour elle-même. Elle était agenouillée à côté du trône même qu'elle avait occupé peu de temps auparavant, immobilisée par des chaînes en or. Quand on l'avait laissée seule, elle avait tiré sur ses chaînes mais elles n'avaient pas bougé d'un centimètre.
Irrien avança vers elle d'un pas raide et Stephania se força à réprimer sa peur. Il l'avait battue, il l'avait enchaînée mais elle avait le choix. Elle pouvait lui permettre de la briser ou elle pouvait tourner la situation à son avantage. Même avec ces chaînes, il y aurait forcément un moyen de le faire.
Après tout, être enchaînée à côté du trône d'Irrien avait ses avantages. Cela signifiait qu'il comptait la garder. Cela signifiait que ses hommes l'avaient laissée seule, alors qu'ils avaient emmené les servantes et les serviteurs de Stephania pour leur plaisir personnel. Cela signifiait qu'elle était encore au cœur des choses, même si elle ne les contrôlait pas.
Pas encore.
Stephania regarda Irrien s'asseoir, scruta le moindre détail de