Un Joyau pour la Cour . Морган Райс
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Même si elle trouvait étrange d'être à un endroit qu'elle ne connaissait pas, Kate se sentit libre pour la première fois depuis longtemps. Elle avait réussi. Elle avait vaincu tout ce que Siobhan, et son propre esprit, avaient semé comme obstacles et elle s'était arrachée à l'emprise de la sorcière. Cela étant fait, retrouver le chemin du château d'Ishjemme semblait être une simple formalité.
Kate choisit une direction au hasard et se mit à marcher d'un pas assuré.
Elle avança en essayant de trouver ce qu'elle ferait de sa nouvelle liberté. Elle protégerait Sophia, bien évidemment. C'était l'évidence même. Elle l'aiderait à élever sa petite nièce ou son petit neveu quand elle ou il naîtrait. Peut-être pourrait-elle envoyer chercher Will, même si, avec la guerre, cela risquerait d'être difficile. Ensuite, elle trouverait leurs parents. Oui, cela semblait être une bonne chose à faire. Sophia ne pourrait pas parcourir le monde à leur recherche pendant que sa grossesse suivait son cours mais Kate le pourrait, elle.
“D'abord, il faut que je trouve où je suis”, dit-elle. Elle regarda autour d'elle mais ne reconnut encore aucun repère familier. Toutefois, il y avait une femme qui travaillait dans un champ, pas très loin. Penchée sur un râteau, elle arrachait des mauvaises herbes. Peut-être pourrait-elle l'aider.
“Bonjour !” appela Kate.
La femme leva les yeux. Elle était vieille et avait le visage ridé par les nombreuses saisons qu'elle avait passées à travailler à l'extérieur. A ses yeux, Kate devait ressembler à un bandit ou à une voleuse, armée comme elle l'était. Cependant, lorsque Kate approcha, la femme sourit quand même. Les gens étaient aimables à Ishjemme.
“Bonjour, ma chérie”, dit-elle. “Comment t'appelles-tu ?”
“Je m'appelle Kate.” Et, parce que cela paraissait insuffisant, parce qu'elle pouvait le revendiquer à présent, elle ajouta : “Kate Danse, fille d'Alfred et de Christina Danse.”
“C'est un bon nom”, dit la femme. “Qu'est-ce qui t'emmène ici ?”
“Je … je ne sais pas”, admit Kate. “Je suis un peu perdue. J'espérais que vous pourriez m'aider à retrouver ma route.”
“Bien sûr”, dit la femme. “Tu as mis ta route entre mes mains et c'est un honneur pour moi. C'est bien ce que tu fais, n'est-ce pas ?”
Cela semblait être une façon étrange de présenter les choses mais Kate ne savait pas où elle se trouvait. Peut-être était-ce simplement la manière dont s'exprimaient les gens d'ici.
“Oui, j'imagine”, dit-elle. “J'essaie de retrouver la route d'Ishjemme.”
“Bien sûr”, dit la femme. “Je connais toutes les routes. Cependant, je pense que tout service se paie.” Elle souleva le râteau. “Ces jours-ci, je n'ai plus beaucoup de force. Veux-tu me donner ta force, Kate ?”
Si c'était ce qu'il fallait faire pour retrouver le chemin du retour, Kate était prête à ratisser une dizaine de champs. Cela ne pouvait pas être plus difficile que les tâches qu'on lui avait imposées dans la Maison des Oubliées ou que les travaux plus agréables qu'elle avait effectués à la forge de Thomas.
“Oui”, dit Kate en tendant la main pour prendre le râteau.
L'autre femme rit et recula en tirant sur le manteau qu'elle portait. Elle l'enleva et, à ce moment, tout ce qui l'entourait sembla changer. C'était Siobhan qui se tenait là devant elle et, maintenant, le paysage environnant changeait et ressemblait à un décor que Kate ne connaissait que trop bien.
Elle était encore dans l'espace cauchemardesque du rituel.
Kate se jeta en avant, sachant que sa seule chance était de tuer Siobhan dès maintenant, mais la femme de la fontaine était plus rapide. Elle jeta son manteau et, d'une façon ou d'une autre, il se transforma en une bulle de pouvoir brut dont les murs enfermaient Kate aussi sûrement qu'une cellule de prison.
“Tu ne peux pas faire ça”, cria Kate. “Tu n'as plus aucun pouvoir sur moi !”
“Je n'avais plus aucun pouvoir”, dit Siobhan, “mais tu viens de me donner ton chemin, ton nom et ta force. Ici, à cet endroit, ces choses comptent.”
Kate donna un coup de poing contre la paroi de la bulle, qui ne céda pas.
“Tu ferais mieux de ne pas affaiblir cette bulle, ma chère Kate”, dit Siobhan. “Tu es loin du chemin argenté, maintenant.”
“Tu ne me forceras pas à redevenir ton apprentie”, dit Kate. “Tu ne me forceras pas à tuer pour toi.”
“Oh, c'est fini, tout ça”, dit Siobhan. “Si j'avais su que tu me donnerais tant de problèmes, je n'aurais jamais fait de toi mon apprentie mais il y a des choses imprévisibles, même par moi.”
“Si je suis si gênante, pourquoi ne pas me laisser partir ?” suggéra Kate. Cependant, alors même qu'elle le disait, elle savait que ça ne fonctionnerait pas comme ça. La fierté pousserait Siobhan à exiger plus, même si rien d'autre ne l'y forçait.
“Te laisser partir ?” dit Siobhan. “Sais-tu ce que tu as fait quand tu as plongé une épée forgée avec mes propres runes dans ma fontaine ? Quand tu as rompu notre lien sans t'inquiéter des conséquences ?”
“Tu ne m'as pas laissé le choix”, dit Kate. “Tu —”
“C'est toi qui as détruit le cœur de mon pouvoir”, dit Siobhan. “Tu en as effacé une grande partie en un instant. J'ai à peine eu la force de me raccrocher au peu qui me reste. Cependant, je ne suis pas dénuée de connaissances, de moyens de survie.”
Elle fit un geste et le décor qui s'étendait au-delà de la bulle scintilla. Maintenant, Kate reconnaissait l'intérieur du cottage de Haxa, dont toute la surface portait des gravures de runes et de figures. La sorcière des runes était assise sur une chaise et elle regardait le corps inerte de Kate. Visiblement, elle l'avait traînée ou portée de l'espace du rituel, qui se trouvait plus loin dans les cavernes, jusqu'à sa demeure.
“Ma fontaine m'avait permis de survivre”, dit Siobhan. “A présent, il me faut un corps pour continuer à faire de même. Or, il se trouve qu'il y en a un de vide. Comme c'est commode !”
“Non !” cria Kate, qui frappa à nouveau la bulle de sa main.
“Oh, ne t'inquiète pas”, dit Siobhan. “Je n'y resterai pas longtemps. Juste assez pour tuer ta sœur, je crois.”
A cette idée, Kate se figea. “Pourquoi ? Pourquoi veux-tu tuer Sophia ? Juste pour me faire souffrir ? Tue-moi à sa place. Je t'en prie.”
Siobhan la regarda en réfléchissant. “Tu donnerais vraiment ta vie pour elle, n'est-ce pas ? Tu tuerais pour elle. Tu mourrais pour elle. Et maintenant, rien de tout cela ne suffit.”
“Je t'en prie, Siobhan, je t'en supplie !”