Maintenant et À Tout Jamais . Sophie Love
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Читать онлайн книгу Maintenant et À Tout Jamais - Sophie Love страница 11
Ravalant ses émotions, elle continua à gravir les marches. Le vieil escalier craquait bruyamment sous ses pieds et elle remarqua que certaines des marches s’étaient fissurées. Elles avaient été éraflées par des années de pas et un souvenir la frappa, elle montant et descendant ces marches avec ses chaussures rouges.
Droit devant la lumière de la lampe illuminait le corridor – les nombreuses portes en chêne foncé, la fenêtre qui allait du sol au plafond maintenant barricadée avec des planches. Son ancienne chambre était la dernière à droite, en face de la salle de bains. Elle ne pouvait pas supporter l'idée de regarder dans chacune des deux pièces. Trop de souvenirs étaient contenus dans sa chambre, trop pour elle pour les libérer dès maintenant. Et elle n'avait pas vraiment envie de découvrir quel genre de petites bêtes avait fait de la salle de bain leur maison au fil des ans.
Au lieu de cela, Emily hésita le long du corridor, passant le vieux coffre orné contre lequel elle s’était cognée l’orteil d'innombrables fois, vers la chambre de ses parents.
À la lumière de la lampe, Emily put voir combien le lit était poussiéreux, combien les draps avaient été mangés par les mites au fil des ans. Le souvenir du beau lit à baldaquin que ses parents avaient partagé se brisa dans son esprit tandis qu’elle était confrontée à la réalité. Vingt années d'abandon avaient ravagé la pièce. Les rideaux étaient crasseux et froissés, pendaient mollement à côté des fenêtres barricadées. Les appliques murales étaient épaissies par la poussière et les toiles d'araignée, on aurait dit que des générations entières de familles d'araignées avaient fait d’elles leur chez eux. Une épaisse couche de poussière s’était déposée sur tout, y compris la coiffeuse à côté de la fenêtre, le petit tabouret sur lequel sa mère s’était assise sa mère il y avait de cela des années, quand elle appliquait sur son visage de la crème parfumée à la lavande en se regardant dans le miroir.
Emily pouvait voir tout cela, tous les souvenirs qu'elle avait enterrés au fil des ans. Elle ne pouvait pas empêcher les larmes de monter. Toutes les émotions qu'elle avait ressenties au cours des derniers jours la rattrapèrent, intensifié à la pensée de son père, du choc soudain de combien il lui manquait.
À l'extérieur, le bruit du blizzard s’intensifia. Emily posa la lampe sur la table de chevet, produisant un nuage de poussière dans l'air et ce faisant, elle se prépara à se mettre au lit. La chaleur du feu n’était pas arrivée jusque-là et la chambre était glaciale, tandis qu’elle ôtait ses vêtements. Dans sa valise, elle a trouvé u caraco soyeux et réalisa qu'il ne serait pas d’une grande utilité pour elle ici ; elle serait mieux avec un long caleçon et d’épaisses chaussettes peu flatteuses.
Emily repoussa le patchwork pourpre et or couvert de poussière, puis se glissa dans le lit. Elle fixa des yeux le plafond pendant un moment, réfléchissant à tout ce qui s’était produit au cours des derniers jours. Seule, frigorifiée, et se sentant d'impuissante, elle souffla la flamme de la lampe, se plongeant dans l'obscurité, et pleura jusqu’à s’endormir.
CHAPITRE QUATRE
Emily se réveilla le matin suivant en se sentant désorientée. Il y avait si peu de lumière qui entrait dans la pièce depuis les fenêtres barricadées, il lui fallut un moment pour prendre conscience d’où elle se trouvait. Ses yeux s’ajustèrent lentement à la pénombre, la pièce prit forme sous ses yeux, et elle se souvint – Sunset Harbor. La maison de son père.
Un moment passa avant qu’elle ne se rappelle qu’elle était aussi au chômage, sans domicile, et complètement seule.
Elle traîna son corps fatigué hors du lit. L’air matinal était froid. Son apparence dans le miroir poussiéreux l’alarma ; son visage était bouffi en raison des larmes qu’elle avait versées la nuit précédente, sa peau tirée et pâle. Il lui vint soudain à l’esprit qu’elle avait négligé de manger suffisamment la veille. La seule chose qu’elle était avalé la nuit auparavant avait été la tasse du thé au feu de bois de Daniel.
Elle hésita un instant à côté du miroir, contemplant son corps reflété dans la vieille glace crasseuse pendant que son esprit rejouait la nuit passée – le feu réconfortant, elle assise près du foyer avec Daniel à boire du thé, Daniel se moquant de son incapacité à prendre soin de la maison. Elle se rappelait des flocons de neige dans ses cheveux quand elle lui avait ouvert la porte pour la première fois, et la façon dont il s’était retiré dans le blizzard, disparaissant dans la nuit noire comme de l'encre aussi vite qu'il était venu.
Son estomac qui gargouillait la tira de ses pensées et la ramena de nouveau dans le moment présent. Elle s’habilla rapidement. La chemise froissée elle sortit était beaucoup trop fine pour l'air froid, donc elle enroula la couverture poussiéreuse du lit autour de ses épaules. Ensuite, elle quitta la chambre et descendit à pas feutrés pieds nus.
En bas, tout était silencieux. Elle regarda à travers la fenêtre givrée de la porte d'entrée et fut abasourdie de voir que même si la tempête avait maintenant cessé, la neige s’était accumulée sur un mètre de haut, transformant le monde extérieur en une étendue blanche, lisse, silencieuse et infinie. Elle n'avait jamais vu autant de neige de toute sa vie.
Emily pouvait juste distinguer les empreintes d'un oiseau qui avait sautillé sur l’allée dehors, mais à part ça rien n'avait été perturbé. Tout paraissait calme, mais en même temps désolé, rappelant à Emily sa solitude.
Réalisant que s’aventurer à l'extérieur n’était pas une option, Emily a décidé d'explorer la maison et voir ce qu’elle pouvait contenir. La maison avait été si sombre la nuit dernière qu'elle n'a pas été en mesure de trop en faire le tour, mais maintenant avec la lumière du jour la tâche était un peu plus facile. Elle alla d'abord dans la cuisine, conduite instinctivement par les grognements de son estomac.
La cuisine était plus dans tous ses états qu'elle ne l'avait réalisé quand elle avait déambulé là la veille. Le réfrigérateur – un Prestcold original des années 50, couleur crème, que son père avait trouvé au cours d’un vide-grenier un été – ne fonctionnait pas. Elle essaya de se rappeler s’il avait jamais marché, ou s’il avait été une autre source d’agacement pour sa mère, un autre de ces morceaux de ferraille dont son père avait encombré la vieille maison. Emily avait considéré les collections de son père ennuyeuses étant enfant, mais maintenant elle chérissait ces souvenirs, s’accrochant à eux aussi étroitement qu'elle le pouvait.
À l'intérieur du réfrigérateur, Emily ne trouva rien hormis une horrible odeur. Elle le referma rapidement, verrouillant la porte avec la poignée, avant de passer aux placards pour jeter un œil à l'intérieur. Là, elle trouva une vieille boîte de conserve de maïs, dont l’étiquette était délavée au point d’être obscurcie, et une bouteille de vinaigre de malt. Elle envisagea brièvement de faire une sorte de repas avec ça, mais décida qu'elle n’était pas encore si désespérée. L'ouvre-boîte était complètement scellé par la rouille de toute façon, donc il n'y aurait aucun moyen d’arriver au maïs même si elle l’était.
Elle entra ensuite dans le cellier, où se trouvaient la machine à laver et le sèche-linge. La pièce était sombre, la petite fenêtre recouverte de contreplaqué comme beaucoup d'autres dans la