Jane Austen: Oeuvres Majeures. Джейн ОÑтин
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CHAPITRE XIII.
La partie projetée tourna très différemment de ce qu’on avait imaginé ; les uns y voyaient un plaisir parfait, quelques-uns de l’ennui, d’autres de la fatigue. Il n’y eut rien de tout cela ; elle manqua au moment où on s’y attendait le moins.
À dix heures toute la société était au Parc, où on devait déjeûner amplement avant le départ. Sir Georges ne se possédait pas de joie. Il avait plu toute la nuit, mais le temps s’était éclairci sur le matin, les nuages se dispersaient à l’horizon, et le soleil paraissait. Nous aurons un temps de Dieu, disait-il, et vous verrez Whitwell dans toute sa gloire. Tout le monde était en train et de bonne humeur ; on était décidé à s’amuser quoiqu’il arrivât, et l’on se montait en gaîté.
Pendant le déjeûner on apporta les lettres. Il y en avait une pour le colonel Brandon ; il la prit, regarda l’adresse, pâlit et quitta immédiatement la chambre.
— Qu’est-ce qui arrive à Brandon, dit sir Georges !
Personne ne répondit.
— J’espère qu’il n’a pas reçu de mauvaises nouvelles, dit lady Middleton ; mais il faut que ce soit quelque chose de bien extraordinaire pour laisser ma table de déjeûner si brusquement.
Dans moins de cinq minutes il rentra.
— Point de mauvaises nouvelles j’espère, lui dit madame Jennings, au moment où il ouvrit la porte.
— Non, madame, aucune ; je vous remercie de votre intérêt.
— Très-vif en vérité. Est-ce d’Avignon ! j’espère que votre sœur n’est pas plus malade !
— Non, madame, ma lettre est de Londres, et c’est simplement une lettre d’affaires.
— Mais comment se fait-il que la seule écriture vous ait autant troublé ? Venez, venez à côté de moi, cher colonel, racontez-moi ce que c’est ; quelque chose d’intéressant pour vous, j’en suis sûre.
— Ma chère maman, dit lady Middleton, laissez de grâce le colonel achever son déjeûner. Voilà votre tasse, colonel. Il la prit et la but rapidement sans s’asseoir.
— Peut-être est-ce pour vous dire que votre cousine Fanny se marie ? est-ce cela, dit madame Jennings ?
— Non, madame pas du tout.
— Eh bien donc ! je sais ce que c’est, et qui vous écrit, colonel ; j’espère qu’elle se porte bien.
— Qui ? madame, dit le colonel en rougissant un peu.
— Oh vous savez très-bien de qui je veux parler.
Le colonel impatienté ne répondit pas ; il s’adressa à lady Middleton. — Je suis très-fâché, milady, lui dit-il, d’avoir reçu cette lettre ce matin ; elle m’oblige à partir de suite pour Londres.
— Pour Londres ! s’écria madame Jennings : quelle folie, et que peut-on avoir à faire à Londres dans cette saison.
— C’est moi qui perd le plus, dit-il, en étant forcé de quitter une société aussi agréable ; mais ce qui me chagrine surtout, c’est que je crains de faire manquer la partie de ce matin, et que ma présence ne soit absolument nécessaire pour être admis à Withwell.
Tout le monde fut consterné.
— Mais si vous écriviez un billet à la concierge, M. Brandon, dit vivement Maria, ne serait-ce pas suffisant ?
— Je crains que non mademoiselle.
— Il faut absolument que vous veniez avec nous, s’écria sir Georges ; il n’y a point d’affaire plus importante au monde que de ne pas déranger une partie sur le point de commencer. Renvoyez votre départ pour la ville à demain, Brandon ; voilà tout.
— Je voudrais que cela me fût possible, dit-il avec fermeté ; mais je ne puis retarder mon départ d’un jour.
— Si vous vouliez seulement nous dire de quoi il est question, dit madame Jennings, et nous conter votre affaire, nous déciderions si elle est si pressée ou si vous pouvez rester.
— Vous ne perdrez que cinq ou six heures, dit Willoughby, si vous vouliez seulement différer jusqu’à notre retour.
— Je ne puis pas perdre seulement une heure, répondit le colonel.
Elinor entendit Willoughby qui disait à voix basse à Maria : – Il est de ces gens maussades qui ne peuvent supporter une partie de plaisir ; il avait peur de s’enrhumer ou d’être mouillé, j’en suis sûr, et il a inventé cela pour faire manquer celle-ci. Je voudrais parier cinquante guinées que cette lettre est de sa main.
— Je n’en doute pas, dit Maria.
— Il n’y a pas moyen de vous persuader, dit sir Georges, quand une fois vous avez mis quelque chose dans votre tête ; je sais cela depuis long-temps : voyez cependant combien vous nous contrariez.
Le colonel répéta encore tout son chagrin d’en être la cause, mais déclara que son départ était inévitable.
— Eh bien donc ! quand vous reverra-t-on ?
— Bientôt j’espère, ajouta lady Middleton, et nous remettrons la partie de Withwell à votre retour ; j’aurai le temps de tout mieux arranger.
— Vous êtes très obligeante, madame, mais mon retour est si incertain, que je n’ose prendre aucun engagement.
— Je vous déclare, dit sir Georges, que si vous n’êtes pas ici à la fin de la semaine, je vais vous chercher.
— Oui, oui, sir Georges, faites cela, s’écria madame Jennings ; vous saurez alors ce que c’est que cette affaire, et vous me le direz.
On vint avertir le colonel que son cheval était prêt. — Vous n’allez pas à cheval jusqu’en ville, dit sir Georges ?
— Non : seulement jusqu’à la première poste.
— Eh bien ! je vous souhaite un bon voyage, entêté que vous êtes ; allons un effort de complaisance ; renvoyez ce cheval.
— Je vous jure que cela n’est pas en mon pouvoir.
Il prit congé de toute la compagnie, qui lui rendit son salut avec humeur, à l’exception d’Elinor qui n’avait pas dit un mot pour le retenir, et qui le salua avec affection. — N’y a-t-il aucune chance, mademoiselle Elinor, lui dit-il, de vous voir à Londres cet hiver avec votre sœur ?
— Je crains qu’il n’y en ait point.
— Je vous dis donc adieu pour plus long-temps que je ne voudrais, dit-il avec émotion. Il lui prit la main qu’il serra doucement, et fit