Pour Toi, Pour Toujours. Софи Лав
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Elle lui remit le laissez-passer et Emily vit qu’elle avait écrit son nom au feutre rouge, en écriture cursive, entouré d’étoiles. C’était un geste gentil, mais Emily était trop perturbée pour l’apprécier. Elle était uniquement concentrée sur Chantelle. Mais elle nota le badge de la fille : Tilly. Elle se fit un devoir de s’en souvenir pour qu’au moins la prochaine fois qu’elle verrait la jeune fille, dans des circonstances moins stressantes, elle puisse être plus gentille.
— Ils sont au fond du couloir dans le bureau de la conseillère, dit Tilly. Vous connaissez le chemin ?
— Malheureusement, je ne le connais que trop bien, répondit Emily.
Tilly lui adressa un sourire sympathique et Emily se précipita vers le bureau de Gail au bout du couloir.
Par la petite fenêtre de la porte, Emily vit les canapés rouge vif familiers, la table de jeu, le coin lecture, la maison de poupées et le coin artistique. Elle reconnut tout de suite Gail, assise sur l’une des chaises à taille adulte, avec ses cheveux relevés en chignon au sommet de sa tête. Les deux autres femmes, Emily ne les connaissait pas. Et Chantelle n’était visible nulle part. Mais elle l’entendait crier et hurler, même à travers l’épaisse vitre de la porte coupe-feu renforcée.
Emily frappa rapidement et vit Gail se tourner vers la fenêtre. À travers la vitre, elle fit signe à Emily d’entrer.
Ce n’est qu’une fois à l’intérieur de la pièce qu’Emily aperçut Chantelle pour la première fois. L’enfant était recroquevillée dans le coin, pleurant désespérément, entouré de morceaux de papier déchirés.
— Que s’est-il passé ? demanda Emily.
— Asseyez-vous, dit Gail. Vous connaissez mademoiselle Butler.
— En fait, non, nous n’avons pas eu l’occasion de nous rencontrer plus tôt, dit Emily. Elle serra la main de l’institutrice. Ce n’était pas la meilleure façon de la rencontrer pour la première fois, pensa Emily. Elle était une boule de nerfs et se sentait complètement lessivée. Vous avez parlé à mon mari, Daniel.
La jeune professeure sourit poliment, donnant à Emily un aperçu de la sévérité que Daniel avait remarquée.
— Oui, je me souviens.
— Et madame Doyle, vous la connaissez, ajouta Gail.
Emily marqua alors un temps d’arrêt. Dans sa hâte, elle n’avait pas vraiment remarqué la troisième femme dans la pièce, mais elle réalisait maintenant qu’il s’agissait de la directrice. Les choses devaient être sérieuses si elle était impliquée !
— Alors ? dit Emily. Qu’est-ce qui a déclenché ça dans la nouvelle classe ?
Gail hocha de la tête.
— Je pense que nous étions tous conscients que cela pouvait arriver. Mais on devrait peut-être demander à Chantelle de nous l’expliquer. Chantelle ? Gail avait une voix incroyablement douce et gentille. C’était le genre de voix qui pouvait pousser n’importe qui à sortir d’une crise de colère.
La petite fille pleurait furieusement dans le coin.
— Je la DÉTESTE ! cria-t-elle.
Emily leva les yeux vers mademoiselle Butler, supposant qu’elle était celle à qui Chantelle faisait référence, et lui jeta un regard compatissant. Elle ne voulait pas que la professeure pense que c’était sa faute.
— Qui est-ce que tu détestes ? poursuivit Gail.
— LAVERNE ! cria Chantelle.
Emily se souvint des ragots d’Yvonne devant l’école. Laverne était le nom de la nouvelle fille, la blonde fragile que Bailey avait prise sous son aile. Elle n’avait jamais entendu la voix de Chantelle être si stridente et perçante, si pleine de haine. Et elle n’avait jamais vu autant d’agitation sur le visage de la jeune fille, autant de douleur et d’angoisse. Même au cours de ses crises passées concernant Sheila, Chantelle n’avait jamais eu l’air aussi bouleversée. Laverne avait vraiment touché Chantelle. Emily n’arrivait pas à comprendre ce qu’elle avait pu faire pour que Chantelle la perçoive comme pire que Sheila.
— Tu peux expliquer ce qui s’est passé avec Laverne ? demanda doucement Gail. Nous voulons tous comprendre pourquoi tu es si malheureuse.
Chantelle leva alors les yeux, le visage rouge de fureur.
— Elle a volé Bailey.
Emily fronça les sourcils, confuse, à la mention du nom de Bailey. Elle et Chantelle étaient comme les deux doigts de la main.
— Qu’est-ce que tu veux dire ? s’enquit Gail.
L’expression de Chantelle était d’une douleur incompréhensible. Cela bouleversait Emily de la voir ainsi.
— Elle a dit que j’avais un accent stupide, cria Chantelle. Et que Bailey n’avait droit qu’à une seule amie aux cheveux blonds. Puis Bailey m’a dit que Laverne était sa nouvelle meilleure amie. Le visage de Chantelle se décomposa. En lieu et place de la colère, elle fondit en larmes, laissant tomber sa tête sur ses genoux et pleurant amèrement.
Emily posa la main sur son cœur. C’était trop dur à supporter.
— Est-ce qu’on peut faire quelque chose ? demanda Emily en regardant Gail. Vous comprenez combien il est important pour Chantelle d’avoir de la constance dans sa vie.
— Bien sûr, répondit Gail avec diplomatie. Vous êtes une bonne amie d’Yvonne, la mère de Bailey, n’est-ce pas ? Peut-être devriez-vous lui en parler ?
— Je ne suis pas sûre de voir en quoi ça va aider, répondit Emily. Bailey est déterminée. Ce n’est pas parce que sa mère lui dit de faire quelque chose qu’elle le fera. Ne serait-il pas plus facile de simplement changer Laverne de classe pour qu’elles s’éloignent naturellement ?
Madame Doyle eut l’air atterrée.
— Absolument pas.
— Mais regardez ce que ça fait à Chantelle, s’exclama Emily.
Madame Doyle parla franchement.
— Laverne est nouvelle ici, comme Chantelle l’a été autrefois. Elle s’est trouvé une amie avec Bailey et ce serait cruel de lui enlever ça.
Emily sentait son instinct maternel s’aiguiser.
— Sauf votre respect, Laverne n’a pas la même histoire que Chantelle. Elle n’a pas connu les mêmes difficultés. La solution la plus simple ne serait-elle pas de changer de classe maintenant ? Pour l’étouffer ça dans l’œuf avant que ça n’empire ? Si Laverne est si méchante maintenant, à quel point cela va-t-il empirer demain ou après-demain ?
— Je suis désolée, dit madame Doyle en secouant la tête. Mais elles devront résoudre leurs problèmes. Gail peut les conseiller et, bien sûr, mademoiselle Butler s’occupera de tout dans la classe. Il n’y a pas de solution miracle dans ces situations, madame Morey. La situation de Chantelle n’entre pas