Si elle craignait. Блейк Пирс
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Si Duran avait décidé de ne plus faire appel à elle, elle aurait préféré qu’il le lui dise. Elle préférait de loin être licenciée au fait de ne pas savoir.
Elle avait encore une heure devant elle avant qu’Allen rentre du travail. Maintenant qu’elle avait éteint la télé, elle envisagea de se remettre à son livre. Mais elle savait qu’elle n’aurait pas la motivation suffisante pour travailler dessus aujourd’hui. Elle regarda son téléphone et se mit à consulter ses messages. Elle en avait reçu un de Kristen DeMarco cinq jours plus tôt, pour savoir comment elle allait. DeMarco avait continué à travailler avec d’autres agents qui, pour une raison ou une autre, s’étaient retrouvés sans coéquipier. Mais DeMarco avait gardé le contact avec Kate et c’était un geste que Kate appréciait particulièrement.
DeMarco était très rapidement devenue une amie. Et ça voulait tout dire, vu la manière dont Kate avait toujours veillé à garder une distance très stricte entre amitié et coéquipier. Mais il y avait quelque chose chez DeMarco qui était différent de tous ses autres partenaires précédents. Et ça allait au-delà du fait qu’elle avait une carrière prometteuse et un caractère tenace. C’était une femme polyvalente qui rappelait à Kate la manière dont elle était quand elle était plus jeune. Et garder contact avec elle avait été l’une des choses les plus importantes dans la vie de Kate au cours de ces six dernières semaines.
En souriant, elle afficha le numéro de DeMarco à l’écran et l’appela. Elle ne fut pas trop surprise de tomber sur sa messagerie vocale après quatre sonneries. Elle ne prit pas la peine de laisser un message. DeMarco travaillait probablement sur une affaire et Kate ne voulait surtout pas la gêner dans son travail.
Elle reposa son téléphone et se rendit dans la cuisine. Ils avaient prévu d’aller manger au restaurant ce soir, alors elle n’avait pas besoin de cuisiner. Elle s’appuya contre le plan de travail et regarda par la fenêtre, en direction du jardin.
C’était probablement à ça que ressemblait la retraite. C’est vrai qu’elle en avait eu un avant-goût il y a un an et demi, mais à ce moment-là, elle s’y attendait. Elle avait prévu des hobbies et elle se rendait régulièrement au stand de tir. Mais cette fois-ci, elle s’ennuyait vraiment. C’était peut-être parce qu’elle savait que Duran pouvait l’appeler à tout moment et qu’elle se retrouverait à nouveau plongée en pleine action.
Ou peut-être, pensa-t-elle, que c’était une sorte de présage – que c’était l’univers qui lui disait que sa vie ressemblerait bientôt à ça. Alors qu’il vaudrait mieux qu’elle s’y habitue.
***
Ils s’étaient mis d’accord pour aller dans un restaurant thaïlandais et Kate était contente de ce choix, car c’était devenu l’une de ses cuisines préférées au cours des dernières années. C’était un restaurant où ils venaient au moins deux fois par mois. Quand ils furent assis, Kate sentit combien l’endroit lui était familier et elle se demanda si c’était une autre chose à laquelle elle allait devoir s’habituer une fois retraitée – devenir une habituée de certains endroits et rester coincée dans une sorte de routine sans aucun véritable objectif.
Mais la monotonie de l’endroit fut heureusement brisée par leur sujet de conversation. Allen allait prendre sa retraite dans trois mois. Il était cadre dans une agence de pub et il allait partir pour Chicago dans deux jours pour le travail. Il serait probablement absent une semaine mais ce serait également son dernier voyage d’affaires avant la retraite. Son entreprise tenait vraiment à le remercier pour les services rendus et Allen était enthousiaste en en parlant.
« Ils m’ont dit que je pouvais inviter quelqu’un, » dit Allen. « Et qu’ils payeront pour tout. Alors, si tu veux passer quelques jours à Chicago avec moi… »
« Ce serait super, » dit Kate.
« J’ai remarqué que tu étais un peu… je ne sais pas… distante. Pas dans un mauvais sens. Mais on dirait que tu as la tête ailleurs. »
« Tu n’as pas tort, » dit Kate. « Mais je pensais que je le cachais mieux que ça. »
« Non, pas du tout, » dit Allen, en souriant. « Maintenant, si tu viens avec moi à Chicago, il faut que tu saches que je vais travailler la plupart du temps. Mais je te fais confiance pour trouver de quoi t’occuper en visitant la ville et en faisant un peu de shopping. »
« Oui, je ne pense pas que j’aurai un problème avec ça. »
La conversation entre eux était naturelle. Ça faisait presque un an qu’ils sortaient ensemble et près de cinq mois que leur relation était devenue sérieuse. Ils n’avaient pas parlé de se marier et ils avaient à peine effleuré la question de vivre ensemble – et ce n’était pas plus mal. Une grande partie du cœur de Kate appartenait toujours à son mari défunt, Michael. Quand elle essayait d’imaginer vivre le reste de sa vie avec Allen, le souvenir de Michael refaisait à chaque fois surface et elle n’était pas sûre d’être prête.
« Est-ce que tu as parlé à Mélissa, dernièrement ? » demanda Allen.
« Hier. Elle a appelé pour me dire que Michelle était sur le point de marcher. Elle n’y arrive pas encore tout à fait, mais elle y est presque… »
« Les choses sérieuses commencent, » dit Allen. « Quand ils se mettent à marcher… »
« Oh oui, je sais. Mélissa était une vraie terreur sur pattes quand elle a commencé à gambader. Je me rappelle une fois où elle… »
Elle fut interrompue par la sonnerie de son téléphone. Elle tendit le bras vers son sac pour le prendre, en se disant que ça devait être Mélissa. Mais elle se ravisa. Si c’était Mélissa, elle laisserait un message et Kate pourrait la rappeler plus tard.
Ils continuèrent à diner, en parlant des deux derniers voyages qu’ils venaient de faire ensemble. Kate avait remarqué la manière avec laquelle Allen la regardait dernièrement. Il y avait de la profondeur dans son regard, comme s’il essayait de la jauger. C’était un peu présomptueux de sa part, mais elle se demandait s’il envisageait de la demander en mariage. À leur âge, passer autant de temps ensemble ne voulait pas nécessairement dire qu’ils étaient sur le point de se marier, mais chaque jour pesait dans la balance. Elle ne savait pas du tout comment elle réagirait s’il lui posait la question, mais c’était quand même agréable d’y penser.
Ils terminèrent leur repas et quand l’addition arriva, Allen s’en saisit. Il savait qu’elle n’avait aucun souci d’argent. En fait, quand elle avait pris sa retraite la première fois, elle avait eu droit à un montant confortable pour vivre le restant de ses jours. Mais quand il le pouvait, Allen tenait vraiment à lui montrer qu’elle pouvait se sentir en sécurité avec lui. Et pour lui, ça voulait dire que l’homme payait l’addition.
« Je te rejoins, » dit Kate, quand elle le vit se lever de sa chaise, avec l’addition en main. « Je pense que Mélissa a appelé pendant qu’on dînait et j’aimerais la rappeler tout de suite. »
« Dis-lui bonjour de ma part, » dit Allen, en se dirigeant vers l’entrée du restaurant.
Kate sortit son téléphone et vit que l’appel ne