Vitres Teintées. Блейк Пирс

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Vitres Teintées - Блейк Пирс Un mystère suspense psychologique Chloé Fine

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à l’extérieur, Chloé l’écouta une dernière fois. Elle tenait l’enregistreur à deux mains, comme si elle s’attendait à ce qu’il se mette à bouger et qu’il fallait qu’elle l’étrangle dès qu’il le ferait. Elle repassa à nouveau les mêmes seize secondes d’enregistrement, en essayant d’imaginer ce que Danielle avait vécu dans ce vieil entrepôt abandonné.

      D’une certaine manière, elle était assez fière de sa sœur, mais en même temps, elle était un peu effrayée par les extrêmes auxquels elle avait dû arriver pour obtenir cette confession.

      Chloé arrêta l’enregistreur et le posa sur la table du salon. Elle resta assise en silence pendant un moment, en essayant de s’acclimater à l’état actuel de sa vie. Ce n’était pas la première fois qu’elle essayait. C’était beaucoup à digérer.

      Ça faisait cinq jours qu’elles avaient enterré leur père dans ce petit bois insignifiant au Texas. Elles l’avaient enterré profondément et, bien que Chloé soit sûre que son corps finirait par être déterré par un animal à un moment ou à un autre, il faudrait sûrement plusieurs années pour que ça arrive. Si quelqu’un cherchait vraiment à retrouver Aiden Fine, il était sûrement possible de le retrouver. Mais ça demanderait beaucoup de recherches.

      Et c’était ça, le plus beau. Personne n’allait vraiment chercher à le retrouver. Il n’y avait personne qui se préoccupait pour lui. Personne.

      De plus, pour la police, Aiden Fine était en cavale et il était sûrement au Mexique à l’heure qu’il était.

      Il leur avait été assez facile de mentir. Et vu que les deux sœurs avaient raconté la même histoire – en plus du fait que l’une des sœurs était un agent du FBI qui avait mentionné la disparition de son père à au moins une reprise – personne n’avait mis leur version des faits en doute. Et Aiden Fine était actuellement recherché par les forces de police et le FBI.

      C’était la seule chose pour laquelle Chloé se sentait vraiment coupable. Elle savait que le FBI utilisait des ressources pour le retrouver. Mais elle savait également que, dans moins de deux semaines, les recherches allaient peu à peu être abandonnés à défaut de piste et que l’affaire finirait par n’être rien d’autre qu’une enquête parmi tant d’autres, reléguée au fin fond des archives.

      Aiden Fine avait enlevé sa fille. Tout avait commencé quand il l’avait invitée chez lui pour dîner. La situation avait dégénéré et une brève lutte avait suivi. Aiden avait utilisé la voiture de Danielle pour l’amener jusqu’à un trou perdu au Texas. Il l’avait emmenée là parce qu’il savait que c’était un endroit dont elle avait un jour essayé de s’échapper. Selon les dires de Danielle, il avait affirmé que c’était un moyen pour lui de la briser. Il voulait qu’elle sache que, même lorsqu’elle avait essayé d’échapper aux démons de son passé, il avait toujours su où elle se trouvait.

      Bien que le FBI ait gobé l’histoire, Chloé avait tout de même été réprimandée. Après tout, elle était partie sauver sa sœur en se mettant délibérément dans une situation dangereuse. Mais pour le reste, tout ce que le FBI savait, c’était qu’Aiden était parvenu à lui échapper et qu’il avait pris la fuite.

      En regardant l’enregistreur, Chloé ne pouvait s’empêcher de se demander si elles n’avaient pas eu tort. Bien entendu, la police et le FBI n’avaient pas vu l’enregistreur. Non, Chloé l’avait gardé pour elle, parce que l’enregistrement contenait plusieurs remarques de Danielle qui racontaient la véritable histoire – que c’était elle qui avait kidnappé leur père, et pas le contraire.

      Mais elles avaient tout de même des aveux. Et elles auraient pu modifier un peu leur histoire, en racontant qu’il avait essayé de tuer Danielle et qu’elle avait été obligée de le descendre pour se défendre. Il y aurait sûrement eu plus de vérifications de la part de la police, mais en même temps, ça aurait impliqué beaucoup moins de mensonges. Et Chloé ne se serait pas sentie aussi coupable envers le FBI.

      Mais finalement, ce n’était sûrement pas si important que ça. Quelle que soit la version des faits qu’elles auraient choisie, la question la plus importante de toutes n’aurait probablement pas trouvé de réponse.

      Sa sœur avait tué leur père. Et Chloé l’aurait également tué, si c’était pour sauver Danielle. Alors quelque part, peut-être qu’elles possédaient toutes les deux le même côté obscur que leur père.

      Et maintenant qu’elles avaient agi de concert pour dissimuler ce qui s’était passé au Texas, est-ce que ce côté obscur allait prendre le dessus ?

***

      Chloé finit par s’endormir, recroquevillée sur son divan. Quand son réveil sonna depuis sa chambre à coucher le lendemain matin, elle ressentit une vive douleur dans le dos en s’asseyant. C’était dû à la position dans laquelle elle avait dormi. Elle alla jusqu’à la chambre à coucher en s’étirant et elle éteignit son réveil.

      Elle regarda le désordre qui régnait dans sa chambre et elle se rendit compte qu’elle avait passé les cinq derniers jours dans une sorte de semi-stupeur. Il fallait qu’elle range un peu, qu’elle fasse des lessives et qu’elle avale autre chose que des plats réchauffés au micro-ondes.

      Elle se demanda si elle n’appellerait pas le FBI pour leur dire qu’elle était malade. Le directeur Johnson saurait probablement que ce n’était pas vrai, mais vu ce qu’elle venait d’endurer, il ne dirait probablement rien. Elle prit une douche chaude pour détendre les muscles de son dos, en espérant que ça l’aiderait à sortir de son état morose. Ça l’aida un peu, mais en s’habillant, elle continuait à considérer prendre un ou deux jours de congé.

      Elle était sur le point de prendre son téléphone pour appeler, mais il sonna avant qu’elle puisse le faire. Quand elle vit que l’appel venait du FBI, elle fit la grimace. Je ne crois pas que je vais pouvoir prendre un jour de congé, finalement…

      Elle décrocha et elle entendit la voix de la secrétaire de Johnson la saluer, avant de la transférer vers la ligne du directeur.

      « Agent Fine, est-ce que vous êtes sur le point de partir pour le bureau ? » demanda Johnson.

      « Oui, monsieur. »

      « Tant mieux. Je veux que vous veniez tout de suite dans mon bureau. J’ai un briefing à vous faire. »

      Franchement, elle n’était pas sûre d’en avoir vraiment envie. Mais ce qu’elle savait, c’était que si elle restait encore quelques jours de plus assise à ne rien faire dans son appartement, en se demandant si elles avaient eu raison d’agir comme elles l’avaient fait, elle allait devenir complètement dingue. Elle envisagea brièvement l’idée de refuser, en disant qu’elle ne se sentait pas bien, mais elle se ravisa. Il y avait peut-être une nouvelle enquête pour elle. Et bien sûr, qu’elle allait l’accepter.

      « Bien sûr, » dit-elle, en ne sachant toujours pas si c’était vraiment ce qu’elle voulait. « Je serai là dans une demi-heure. »

      Elle se dépêcha de s’habiller et avala un rapide petit-déjeuner constitué de céréales avant de partir de chez elle. Rien que le fait de faire ça lui parut salvateur. La routine était une manière idéale de retourner à une certaine normalité. Bien que ça ne fasse que quelques jours qu’elle était d’humeur morose, ça l’avait fortement affectée mentalement et émotionnellement. Oui, bien sûr, elle était allée travailler. Mais elle l’avait fait de manière machinale et automatique, l’esprit occupé par des milliers d’autres choses.

      Mais

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