Crime au Café. Фиона Грейс
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– Huh, grogna Gina, les lèvres serrées dans une ligne droite. Je l’ai vu et j’ai pensé à toi. Tu sais de quoi ça a l’air pour un étranger…
Lacey souffla. Elle avait perdu patience.
– Quoi que tu sois en train d’insinuer, pourquoi ne pas le dire franchement ?
– Bien, répondit impudemment son amie. Je pense qu’il y a plus dans les cadeaux de Xavier que tu veux bien l’admettre. Je pense qu’il t’aime bien.
Même si Lacey avait deviné que son amie le sous-entendait, elle se sentait quand même offensée de l’entendre exprimé si clairement.
– Je suis parfaitement heureuse avec Tom, dit-elle, en se représentant dans son esprit l’image du magnifique boulanger au large sourire qu’elle avait la chance d’appeler son amant. Xavier essaie seulement d’aider. Il a promis de le faire quand je lui ai donné le sextant de son arrière-grand-père. Tu inventes juste des histoires là où il n’y en a pas.
– S’il n’y avait pas d’histoires, répondit calmement Gina, alors pourquoi caches-tu le colis de Xavier sur l’étagère du bas du placard de rangement ?
Lacey hésita momentanément. Les accusations de Gina l’avaient prise au dépourvu et l’avaient laissée pantois. Pendant un instant, elle oublia la raison pour laquelle elle avait rangé le colis après avoir signé pour la livraison, au lieu de l’ouvrir tout de suite. Puis elle se souvint ; les formalités administratives avaient été retardées. Xavier lui avait dit qu’elle devait signer un certificat d’accompagnement, et elle avait donc décidé de le ranger pour le moment au cas où elle violerait accidentellement une loi britannique tatillonne qu’elle n’avait pas encore apprise. Vu le temps que la police avait passé à fouiner dans son magasin, elle ne pouvait pas vraiment être trop prudente !
– Je ne le cache pas, dit Lacey. J’attends que le certificat arrive.
– Tu ne sais pas ce qu’il y a à l’intérieur ? demanda Gina. Xavier ne t’a pas dit ce que c’était ?
Lacey secoua la tête.
– Et tu n’as pas demandé ? lui dit son amie.
Lacey secoue à nouveau la tête.
Elle remarqua alors que l’air accusateur dans les yeux de Gina commençait à s’estomper. Au lieu de cela, elle était envahie par la curiosité.
– Est-ce que tu penses que cela pourrait être quelque chose… Gina baissa la voix. …d’illégal ?
Même si elle était convaincue que Xavier ne lui avait pas envoyé d’objet interdit, Lacey était plus qu’heureuse de détourner la conversation de son cadeau, elle s’engouffra donc dans la brèche.
– C’est possible, dit-elle.
Les yeux de Gina s’écarquillèrent encore.
– Quel genre de choses ? demanda-t-elle comme une enfant émerveillée.
– De l’ivoire, par exemple, lui dit Lacey en se remémorant ce qu’elle avait appris grâce à ses études sur les objets qu’il était illégal de vendre au Royaume-Uni, anciens ou autres. Tout ce qui est fabriqué à partir de la fourrure d’une espèce en voie de disparition. Les tissus d’ameublement ne sont pas ignifugés. De toute évidence, des armes…
Tout signe de soupçon avait maintenant complètement disparu de l’expression de Gina ; l’“histoire” à propos de Xavier fut oubliée en un clin d’œil avec la possibilité bien plus excitante qu’il puisse y avoir une arme dans la boîte.
– Une arme ? répéta Gina dans un petit couinement. On ne peut pas l’ouvrir pour voir ?
Elle avait l’air aussi excitée qu’un enfant à côté du sapin la veille de Noël.
Lacey hésita. Elle était excitée à l’idée de jeter un œil à l’intérieur du colis depuis qu’il était arrivé par courrier spécial. L’envoi depuis l’Espagne avait dû coûter les yeux de la tête à Xavier, et l’emballage était lui aussi très élaboré : le carton épais était aussi robuste que du bois, et le tout était fixé avec des agrafes industrielles et attaché par des liens en plastique. Quoi qu’il se trouvât à l’intérieur, c’était de toute évidence très précieux.
– D’accord, dit Lacey, qui se sentait d’humeur rebelle. Quel mal cela peut-il faire de jeter un coup d’œil ?
Elle coinça une mèche indisciplinée de sa frange sombre derrière son oreille et alla chercher le cutter. Elle s’en servit pour couper les attaches et sortir les agrafes. Puis elle ouvrit la boîte et passa la main dans l’emballage en polystyrène.
– C’est une mallette, dit-elle, en tirant sur la poignée en cuir et en sortant un lourd étui en bois. Des bouts de polystyrène volèrent partout.
– On dirait la mallette d’un espion, dit Gina. Oh, tu ne penses pas que ton père était un espion, n’est-ce pas ? Peut-être un Russe !
Lacey leva les yeux au ciel en posant la lourde boîte sur le sol.
– Au fil des ans, j’ai peut-être envisagé beaucoup de théories farfelues sur ce qui est arrivé à mon père, dit-elle en ouvrant les deux fermoirs. Mais l’espion russe n’en a jamais été une.
Elle souleva le couvercle et examina l’intérieur. Elle haleta à la vue de ce que l’étui contenait. Un fusil de chasse à silex magnifique et ancien.
Gina se mit à tousser.
– Tu ne peux pas garder cette chose ici ! Bonté divine, tu ne peux probablement pas avoir ça en Angleterre, point final ! Mais à quoi pensait Xavier en t’envoyant ça ?
Mais Lacey n’écouta son amie s’emporter. Son attention était focalisée sur le fusil. Il était en excellent état, malgré le fait qu’il devait avoir bien plus de cent ans.
Lacey le retira soigneusement de l’étui, et sentit le poids de celui-ci dans ses mains. Il avait quelque chose de familier. Mais elle n’avait jamais tenu de fusil, et encore moins tiré avec, et malgré l’étrange sentiment de déjà vu qui l’avait envahie, elle n’avait aucun souvenir concret à y rattacher.
Gina se mit à agiter les mains.
– Lacey, remets-le ! Remets-la à sa place ! Je suis désolée de t’avoir poussé à le sortir. Je ne pensais vraiment pas que ce serait une arme.
– Gina, calme-toi, lui dit Lacey.
Mais son amie était sur sa lancée.
– Il te faut un permis ! Il se pourrait même que tu sois en train de commettre un délit en l’ayant dans ce pays ! Les choses sont très différentes ici par rapport aux États-Unis !
Les cris aigus de Gina atteignirent un pic, mais Lacey la laissa faire. Elle avait appris qu’il était impossible de faire sortir Gina de ses crises de panique. Elles finissaient toujours par suivre leur cours. Soit ça, soit Gina s’en fatiguait elle-même.