Crime au Café. Фиона Грейс
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Читать онлайн книгу Crime au Café - Фиона Грейс страница 6
– C’est la faute de ce nouveau maire, se lamentait Carol. Je savais qu’il y aurait des problèmes !
– Le nouveau maire ? dit Lacey. Elle ignorait tout du fait qu’il y en avait un nouveau.
Carol tourna ses yeux rouges de colère vers Lacey.
– Il a fait modifier le zonage de la moitié est de la ville. Toute la zone au-delà du club de canoë est passée de résidentielle à commerciale ! Il va faire construire un centre commercial ! Rempli d’horribles chaînes de magasins sans caractère ! Sa voix devenait de plus en plus incrédule. Il veut construire un parc aquatique ! Ici ! À Wilfordshire ! Où il pleut les deux tiers de l’année ! Et puis il va construire une de ces monstrueuses tours d’observation ! Ce sera une véritable verrue !
Lacey écoutait les vociférations de Carol, mais elle ne parvenait pas à comprendre pourquoi c’était un si gros problème. Dans l’état actuel des choses, presque personne ne s’aventurait au-delà du club de canoë. C’était pratiquement une zone morte. Même la plage de ce côté de la ville était accidentée. L’aménagement du secteur lui semblait une bonne idée, surtout s’il devait y avoir une chambre d’hôtes chic pour tout desservir. Et cela profiterait sûrement à tous les commerces de la rue principale, avec l’augmentation du tourisme.
Lacey leva les yeux vers Gina pour voir si son expression pouvait fournir des indices sur les raisons de cette prétendue crise. Au lieu de cela, Gina cachait à peine le petit sourire sur son visage. Il était clair qu’elle pensait que Carol exagérait, et si Gina pensait que vous exagériez trop, alors vous aviez vraiment des problèmes !
– C’est une de ces fonceuses de Londres, continua Carol. Vingt-deux ans. Fraîchement sortie de l’université !
Elle prit un autre mouchoir de la boîte et se moucha bruyamment, avant de remettre la chose détrempée et froissée à Gina. Le sourire de celle-ci s’effaça immédiatement de son visage.
– Comment une jeune de vingt-deux ans peut-elle ouvrir un B&B ? dit Lacey. Son ton était émerveillé plutôt que dédaigneux comme celui de Carol.
– En ayant des parents riches, évidemment, ricana Carol. Ses parents possédaient cette énorme maison de retraite dans les collines. Tu vois laquelle ?
Lacey pouvait tout juste se le rappeler, même si elle s’était à peine aventurée dans cette direction là. D’après ses souvenirs, c’était un très grand domaine. Il faudrait d’énormes rénovations pour le transformer d’une maison de retraite désuète en un B&B, sans parler d’un certain développement de l’infrastructure. C’était à un bon quart d’heure de marche de la ville et seuls deux bus par heure desservaient cette partie de la côte. Cela semblait beaucoup pour une jeune de vingt-deux ans.
– Bref, poursuivit Carol. Les parents ont décidé de prendre une retraite anticipée et de vendre leur portefeuille pour la retraite, mais chacun de ses enfants a pu choisir une propriété dont il pouvait faire ce qu’il voulait. Est-ce que tu peux imaginer qu’à vingt-deux ans, on te donne une propriété ? J’ai dû travailler d’arrache-pied pour lancer mon entreprise et maintenant cette Petite Mademoiselle va juste débarquer et lancer la sienne comme ça. Elle claqua des doigts d’une façon agressive.
– Nous devrions nous estimer heureux qu’elle ait choisi quelque chose d’aussi sensé qu’un B&B, dit Gina. Si on m’avait donné une énorme maison à son âge, j’aurais probablement ouvert une boîte de nuit ouverte 24 heures sur 24.
Lacey ne put s’en empêcher. Elle laissa échapper un aboiement de rire. Mais Carol éclata en sanglots.
À ce moment, Chester décida de venir voir ce qui se passait. Il posa la tête sur les genoux de Carol.
Quel amour, pensa Lacey.
Chester ne savait pas que Carol en faisait trop pour rien. Il pensait juste qu’elle était une humaine en détresse qui méritait un peu de réconfort. Lacey décida de suivre son exemple.
– On dirait que tu paniques pour rien, dit-elle doucement à Carol. Ton B&B est iconique. Les touristes aiment la maison rose Barbie de la grande rue autant qu’ils aiment les sculptures en macarons dans les vitrines de Tom faites. Un B&B de luxe ne peut pas rivaliser avec ta maison d’époque. Elle a son propre style excentrique et les gens l’adorent.
Lacey dut ignorer les ricanements de Gina. Le mot excentrique avait été soigneusement sélectionné pour décrire tous les flamants roses et les palmiers, et elle pouvait imaginer les mots différents que Gina aurait choisis : tape-à-l’œil, vulgaire, criard…
Carol regarda Lacey avec des yeux larmoyants.
– Tu le penses vraiment ?
– Je le sais ! Et en plus, tu as quelque chose que cette Petite Mademoiselle n’a pas. Du cran. De la détermination. De la passion. Personne ne t’a servi le B&B sur un plateau, n’est-ce pas ? Et quel genre de londonienne veut vraiment s’installer à Wilfordshire à vingt-deux ans ? Je parie que la Petite Mademoiselle s’ennuiera bien assez tôt et partira pour voir si l’herbe est plus verte ailleurs.
– Ou plus grise, dit Gina en riant. Tu sais, à cause de toutes les routes de Londres ? Qu’elle va retourner à… oh, peu importe.
Carol se reprit.
– Merci, Lacey. Tu m’as vraiment fait me sentir mieux. Elle se leva et tapota Chester sur la tête. Toi aussi, cher chien. Elle se tapota les joues avec son mouchoir. Maintenant, je ferais mieux de retourner au travail.
Elle redressa le menton et partit sans un mot de plus.
Dès que la porte se fut refermée derrière elle, Gina se mit à rire.
– Honnêtement, s’exclama-t-elle. Il faut que quelqu’un ramène cette femme à la réalité ! Elle s’est vraiment trompée de métier si elle pense qu’une novice de vingt-deux ans est une menace. Toi et moi savons que cette jeune londonienne partira d’ici dès qu’elle aura réuni assez d’argent pour acheter un duplex à Chelsea. Elle secoua la tête. Je pense que je vais prendre ma pause maintenant, si ça ne te dérange pas ? J’ai eu assez d’excitation.
– Vas-y, dit Lacey au moment où la porte s’ouvrait pour laisser entrer un autre client. Je m’en charge.
Gina tapota ses genoux pour attirer l’attention de Chester.
– Allez, mon garçon, promenade.
Il se leva d’un bond et tous deux se dirigèrent vers la porte. La jeune femme petite et mince qui venait d’entrer fit un grand pas vers la gauche, de cette manière typique qu’ont les personnes effrayées par les chiens et qui s’attendent à les voir bondir et mordre.
Gina lui adressa un signe de tête brusque. Elle n’avait pas beaucoup de temps à consacrer aux personnes qui n’aimaient pas les animaux de compagnie.
Une fois la porte fermée derrière Gina et Chester, la fille parut se détendre. Elle s’approcha de Lacey, sa jupe en patchwork bruissant au fur et à mesure qu’elle avançait. Associée à un cardigan tricoté trop grand, sa tenue n’aurait pas été déplacée dans la garde-robe de Gina.
– Je peux vous aider ? demanda Lacey à la femme.
– Oui,