Le Ciel De Nadira. Giovanni Mongiovì
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Читать онлайн книгу Le Ciel De Nadira - Giovanni Mongiovì страница 6
“ Il n’y a plus beaucoup de qā’id importants en Sicile, à l’exception de ton mari, ton frère et… ”
Elle n’avait pas encore terminé de parler qu’elle pris étrangement conscience : Maimuna était là pour elle au nom de son frère. Elle éprouva une telle anxiété, peur et une tension telle qu’elle ne parvint plus à parler.
“ Nadira, ma chérie, qu’est-ce qui te trouble ? ” lui demanda Maimuna, en lui caressant la joue.
Jala, au contraire, ayant compris avant sa fille à quoi elle faisait allusion, était hors d’elle.
“ Nadira, on dirait que les compliments de Maimuna te dérangent. ” reprocha la mère.
“ Pourquoi es-tu là ? ” demanda au contraire la jeune fille, en déglutissant.
“ Pour comprendre si ce qui se dit sur Nadira du Rabaḍ est vrai. Cela te dérange ? ”
“ Non ! ” répondit la jeune fille, en laissant apparaître un sourire nerveux.
Maimuna et son frère, s’étaient accordés, si le jugement de la jeune fille avait été positif, cette dernière aurait dû servir la nourriture aux hommes dans l’autre pièce, et surtout au Qā’id, de ses mains propres.
“ Tu penses que le Qā’id de Qasr Yanna vient au Rabaḍ sans motif ? Nadira, Ali serait immensément heureux si tu le servais personnellement ” Non sans quelques réticences ou parce qu’elle n’était pas d’accord avec la proposition, mais pour l’importance du geste, Nadira se couvrit le vi-sage, pris des mains d’une domestique des pâtisseries à base de moutarde mélangée au miel et les porta dans la pièce où les hommes discutaient.
Le Qā’id interrompit son discours dès qu’il vit Nadira avancer vers lui ; c’était le signal, la jeune fille avait passé brillamment le test de Maimuna.
Umar resta perplexe, toutefois il compris immédiatement la raison inhérente à la vue de son seigneur.
Quand Nadira s’agenouilla près du Qā’id et poussa de sa main la nour-riture vers sa bouche, l’autre lui bloqua délicatement le poignet – si fort qu’elle craint avoir fait une erreur – il la fixa intensément les yeux grands ouverts et commença à réciter :
“ Connais-tu les sources d’eau vive et pure de la couleur du saphir ?
Où l’on peut voir sa propre âme réfléchir.
Où les hérons se désaltèrent et les jeunes filles découvrent leurs cheveux.
Connais-tu, oh ma Grande, les frontières de ton règne ?
Connais-tu cette mer bouleversante de merveilles ?
Si profonde et riche de poissons aux nageoires en écailles.
Si turquoise et bleue et azure, où les filets se rassemblent.
Connais-tu, oh favori du Suprême, les frontières de la Sicile ?
Connais-tu ce ciel d’une incomparable beauté et innocence ?
D’où ruissellent les pluies de la saison des figues primitives et des melons.
Grâce auquel se rafraîchissent les hibiscus, les fleurs d’orangers et les roses.
Connais-tu, oh mon Seigneur, le ciel de Nadira, les frontières de ses yeux ? ”
Deux larmes allèrent se cacher derrière le voile du niqab23 et descendirent sur le visage de Nadira. Elle ne parvenait pas à s’expliquer com-ment il était possible que la gloire de ses yeux dépassait les frontières du Rabaḍ et était même arrivée aux oreilles du Qā’id.
“ As-tu déjà entendu ces paroles, ma chère ? ” demanda Ali, même s’il savait déjà que la réponse aurait été négative.
“ Non, mon Seigneur. Mais Nadira à qui tu les as dédiées doit avoir de la chance. ”
Le Qā’id sourit, en étant positivement frappé per la modestie de la jeune fille.
“ Cet été j’ai accordé audience à un poète itinérant qui cherchait une cour, un nommé Mus’ab, il m’offrit durant deux mois ses dons de poète. Un jour il m’exalta les louanges d’une fleur d’une telle beauté que je finis par le supplier afin qu’il me dise de qui il s’agissait. Cette fleur avait un nom : Nadira ; elle habitait au Rabaḍ et était la sœur du ‘āmil. Les verts que j’ai récité, ma chère, je les ai uniquement appris par cœur…. la ré-compense pour le génie est seulement pour le poète Mus’ab, mais la ré-compense pour la beauté de ces paroles est pour toi. Toutefois, si j’avais vu tes yeux avant d’entendre ces paroles, j’aurais peut-être puni Mus’ab pour sa présomption à vouloir décrire l’indescriptible. Allah a fait de toi une femme inégalable et inexplicable, ma chère ! J’ai attendu un mois, toute la durée du Ramadan24, avant de pouvoir connaître ” le ciel de Nadi-ra, la frontière de ses yeux ”, même si maintenant je me rends compte que cette frontière n’existe pas. ”
A ce moment Ali regarda Umar et lui dit :
“ Frère, je te demande la main de Nadira, quelque soit le prix que tu m’imposes. ”
Umar se tut et Nadira quitta la pièce, en comprenant que la question devait être affrontée entre hommes.
Umar en son cœur consentit immédiatement, et lui aurait accordé Nadi-ra même sans aucun prix, vu qu’il serait devenu le beau-frère du Qā’id, toutefois il cacha ses émotions et son approbation jusqu’à ce que l’autre ne releva l’enjeu. Ali lui assura de vouloir faire de Nadira une de ses femmes et qu’il ne l’aurait pas traitée comme une concubine même si elle était de provenance populaire. En outre il promis des dons et des bénéfices pour la famille toute entière. Umar à ce moment regarda Rashid, son fils majeur âgé de seulement huit ans, et ne pu s’empêcher de penser à comment leur vie se serait améliorée grâce aux yeux bleus de sa sœur.
En attendant, Nadira s’était réfugiée dans le lieux où elle allait étant enfant, sous la fronde d’un gros mûrier situé dans la propriété de la maison. Elle ne comprenait pas pourquoi une chose si importante devait lui arriver. Elle ne se sentait pas à la hauteur, elle pensait n’avoir rien fait pour mériter les attentions du Qā’id et une proposition de cette portée. Elle pleurait et tremblait…. donc elle appuya le dos contre le tronc et, les yeux fermés, elle se rappela la raison des évènements d’aujourd’hui.
Chapitre 3
Été 1060 (452 de l’hégire) Rabaḍ de Oasr Yanna
C’était un vendredi et sous le soleil de midi Nadira allait au puits au sud du Rabaḍ dans l’intention d’y prendre un seau d’eau ; Fatima, sa petite fille l’accompagnait. Elle était vêtue de rouge et portait un ras du cou décoré de dessins géométriques de différentes couleurs et plein d’ornements attachés à sa coiffe qui pendaient le long de son front comme les berbères paraient les petites filles.
Il y avait également d’autres femmes qui allaient au puits en riant et en blaguant, insouciantes malgré la
23
Niqab: voile qui couvre entièrement le corps et le visage de la femme, ne laissant que les yeux découverts.
24
Ramadan: neuvième mois du calendrier islamique et un des quatre moments sacrés de l’an-née. Selon la règle islamique durant ce mois le jeûne et l’abstinence doivent être respectés du le-ver au coucher du soleil. Il rappelle la période où l’Ange Gabriel aurait révélé le Coran au Prophète Mahomet. Les mois du calendrier islamique étant lunaires, il n’a pas de position fixe dans le calendrier grégorien.