L’Assassin Zéro. Джек Марс
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Mais avant ça, il fallait qu’ils retrouvent tous les deux la forme pour se battre.
Reidigger voulut essuyer la peinture verte sur son pantalon, ce qui ne fit que l’étaler un peu plus sur sa cuisse. “Laisse-moi nettoyer ça, et on s’y remet,” dit-il à Maria.
Elle secoua la tête. “Je ne vais pas passer toute la journée dans ce lieu étouffant à te voir prendre coup après coup. On reprendra après les vacances.”
Alan marmonna, mais acquiesça quand même. Il avait été un excellent agent en son temps. Et même maintenant, il s’avérait être encore vif et apte au combat. Il était rapide, malgré son poids en trop au niveau du ventre. Pourtant, il avait toujours été un aimant à balles. Zéro ne pouvait même pas se rappeler le nombre de fois où Reidigger s‘était fait tirer dessus durant sa carrière, mais ça ne devait pas être loin d’un nombre à deux chiffres, en particulier depuis qu’il avait pris une balle à l’épaule durant leur épopée belge.
Un jeune technicien débarqua avec un chariot en acier à roulettes pour récupérer leurs équipements, tandis que trois autres s’affairaient à remettre en ordre la zone d’entraînement. Zéro dégagea la balle de la chambre du Ruger, retira le chargeur et posa les trois éléments sur le chariot. Puis, il arracha les bandes Velcro de son gilet tactique et le fit passer par-dessus sa tête pour l’enlever, se sentant soudain plus léger de quelques kilos.
“Alors, il y a une chance que tu aies changé d’avis ?” demanda-t-il à Alan. “Pour Thanksgiving. Les filles seraient ravies de te voir.”
“Et ça me ferait plaisir de les voir aussi,” répondit-il, “mais je vais passer mon tour pour cette fois. Je préfère vous laisser vous retrouver en famille.”
Alan ne s’attarda pas sur le sujet, et il n’en avait pas besoin. Les relations de Zéro avec Maya et Sara avaient été plus que tendues depuis un an et demi. Mais cela faisait maintenant plusieurs semaines que Sara était retournée chez lui, depuis qu’il l’avait retrouvée sur une plage en Floride. Maya et lui avaient commencé à se parler de plus en plus par téléphone et elle avait presque sauté dans le premier avion quand elle avait appris ce qui était arrivé à sa petite sœur, mais Zéro l’avait rassurée et convaincue de rester à l’école jusqu’aux vacances. Cette semaine serait la première depuis longtemps où ils allaient tous se retrouver sous le même toit. Et Alan avait raison. Il y avait encore beaucoup de boulot à accomplir pour réparer les dommages qui les avaient séparés pendant si longtemps.
“En plus,” dit Alan avec un sourire, “nous avons tous nos traditions. Moi, je vais manger un poulet rôti entier et remonter le moteur d’une Camaro de soixante-douze.” Il se tourna vers Maria. “Et toi ? Tu vas le fêter avec ton cher vieux papa ?”
David Barren, le père de Maria, était le Directeur du Renseignement National, quasiment le seul homme avec le président à qui le Directeur Shaw de la CIA rendait des comptes.
Mais Maria secoua la tête. “Mon père sera en Suisse en fait. Il fait partie d’une délégation diplomatique pour le compte du président.”
Alan fronça les sourcils. “Alors tu vas rester seule pour Thanksgiving ?”
Maria haussa les épaules. “Ce n’est pas bien grave. En fait, j’ai beaucoup de paperasse en attente étant donné que je passe beaucoup trop de temps ici avec deux idiots comme vous. Je compte enfiler un pantalon de survêtement, me faire du thé, et me mettre au boulot…”
“Non,” la coupa fermement Zéro. “Pas question. Viens dîner avec les filles et moi.” Il avait dit ça sans vraiment y réfléchir, mais il ne regrettait pas de le lui avoir proposé. Au contraire, il se sentait un peu coupable, car c’était à cause de lui qu’elle se retrouvait seule pour Thanksgiving.
Maria esquissa un sourire reconnaissant, mais on lisait l’hésitation dans ses yeux. “Je ne suis pas très sûre que ce soit une bonne idée.”
Elle marquait un point. Leur relation avait cessé à peine plus d’un mois avant. Ils avaient vécu ensemble plus d’un an en tant que… eh bien, il ne savait pas vraiment en tant que quoi. Amants ? Il ne se souvenait même pas avoir déjà parlé d’elle comme étant sa petite amie. Ça sonnait juste trop bizarre. Mais ça n’avait pas d’importance finalement, parce que Maria lui avait avoué qu’elle voulait fonder une famille.
Si Zéro devait tout recommencer avec quelqu’un, il ne voudrait le faire avec personne d’autre au monde qu’avec Maria. Mais quand il y réfléchissait en profondeur, il réalisait qu’il n’avait pas envie de ça. Il avait un travail à faire sur lui-même, du boulot pour réparer ses relations avec ses filles, et aussi pour exorciser les fantômes du passé. Et puis l’interprète, Karina, avait débarqué dans sa vie, lors d’une trop brève romance vertigineuse et dangereuse, à la fois magnifique et tragique. Son cœur souffrait encore de sa perte.
En tout cas, Maria et lui avaient une longue histoire, pas seulement amoureuse, mais aussi professionnelle et platonique. Ils avaient convenu de rester amis, car aucun des deux n’aurait envisagé les choses autrement. Mais à présent, il était à nouveau agent, tandis que Maria avait été promue Directrice Adjointe des Opérations Spéciales, ce qui voulait dire qu’elle était sa chef.
Les choses étaient pour le moins compliquées.
Zéro secoua la tête. Ça n’avait pas à être compliqué. Il voulait croire que deux personnes puissent être amies, peu importe le passé ou leur relation actuelle.
“C’est une idée géniale,” lui dit-il. “Et je ne supporterai aucun refus. Viens dîner avec nous.”
“Eh bien…” Le regard de Maria jeta un bref coup d’œil vers Reidigger avant de revenir à Zéro. “Ok, dans ce cas,” concéda-t-elle. “Ça me paraît bien. Je crois que je ferais mieux d’aller commencer à traiter ma paperasse.”
“Je t’envoie un message,” lui dit Zéro pendant qu’elle quittait l’entrepôt, ses talons résonnant sur le sol en béton.
Alan retira son gilet tactique en poussant un long grognement, puis replaça sa casquette tachée de sueur sur ses cheveux emmêlés avant de demander tout à coup, “Est-ce que c’est un stratagème ?”
“Un stratagème ?” dit Zéro d’un air surpris. “Pour quoi faire ? Pour récupérer Maria ? Tu sais bien que ce n’est pas ce que j’ai en tête.”
“Non. Je veux dire un stratagème pour que Maria face office de tampon entre elles et toi.” Pour un agent sous couverture qui avait vécu les quatre dernières années de sa vie sous l‘identité de quelqu’un d’autre, Alan avait une franchise brute avec lui qui frisait parfois l’insulte.
“Bien sûr que non,” répondit fermement Zéro. “Tu sais qu’il n’y a rien au monde que je souhaite plus que les choses redeviennent comme avant. Maria est une amie, pas un tampon.”
“Bien sûr,” acquiesça Alan, même s’il semblait dubitatif. “Peut-être que ‘tampon’ n’était pas le terme adéquat. Peut-être plus comme un…” Il baissa les yeux vers le gilet pare-balles posé sur