Mûr pour le Meurtre. Фиона Грейс
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Quand elle regarda dans le restaurant, elle remarqua que plusieurs des autres clients qui avaient assisté au drame hochaient la tête en sa faveur. Un jeune homme assis à une table près de la porte avait sorti son téléphone et se préparait à filmer la scène.
Matt, le visage rouge comme une tomate, contemplait fixement la nappe amidonnée.
– Je – Je ne voulais pas dire ça, marmonna-t-il. Écoute, pourquoi ne pas aller ailleurs pour en discuter ?
Il semblait avoir très envie que la terre, ou peut-être le carrelage en granit du restaurant, s’ouvre par magie pour l’engloutir.
En fait, il allait devoir quitter Villa 49 et passer devant tous ces gens qui, soudain, désapprouvaient tous Matt Glenn. Il serait jugé à chaque pas et Olivia décida qu’il devrait supporter cette honte tout seul.
– Je m’en vais, dit-elle moins fort. Si tu n’as pas dégagé tes affaires de mon appartement à vingt-deux heures ce soir, je donne tout le reste à des organisations caritatives.
Son regard tomba sur le magnifique vin rouge toscan, qu’elle avait choisi avec tant de soin et de passion. Même si elle n’avait pas pu tester la nourriture, elle refusait de partir en laissant ce vin.
– Cette bouteille est à moi.
Elle enleva la bouteille de la table, serrant la main autour du verre sombre et frais.
– Tu la verras sur la note.
Les femmes de la table d’à côté commencèrent à applaudir.
Olivia prit son sac à main, se retourna et partit solennellement vers la porte.
CHAPITRE QUATRE
Devant le restaurant, Olivia appela un taxi. Elle tremblait encore d’indignation et eut envie de revenir dans le restaurant pour dire ses quatre vérités à Matt.
Elle inspira profondément pour se calmer. Il serait plus sensé de passer à autre chose et de l’exclure définitivement de sa vie. Cela signifiait qu’il fallait qu’elle trouve un autre endroit ou aller maintenant, parce qu’elle avait donné à Matt un ultimatum à vingt-deux heures. Elle ne pouvait pas repartir à l’appartement avant cette heure-là de peur de l’y retrouver en train d’emballer ses chemises et ses costumes et de démonter sa gigantesque télévision à écran plat.
Elle fronça les sourcils, indécise. Elle avait des amies, bien sûr, mais pas tant que ça, surtout ici, à Chicago. Au cours des dernières années, ses heures de travail ne lui avaient pas laissé le temps de fréquenter beaucoup de gens et ses deux meilleures amies étaient en vacances.
Elle monta dans le taxi et, sur l’impulsion du moment, elle donna au conducteur l’adresse de Bianca, car c’était le seul nom de rue qui lui était venu en tête.
Vingt minutes plus tard, elle tapotait avec hésitation sur la porte d’entrée de son assistante en espérant qu’elle ne considérerait pas son arrivée comme une demande importune.
– Est-ce que tout va bien ? demanda Bianca dès qu’elle vit Olivia sur son seuil.
Elle portait un survêtement rose avec un lapin bleu sur la poche et un délicieux arôme de pizza arrivait du petit appartement.
Elle contemplait Olivia d’un air indécis et Olivia se rendit compte que la dernière chose qu’elle aurait désirée ou à laquelle elle se serait attendue était de voir son patron arriver chez elle sans préavis.
Bianca porta machinalement une main à la bouche et Olivia se retint de lui saisir le poignet quand elle commença à se ronger l’ongle du pouce.
– Je ne savais pas où aller, avouer Olivia.
– Est-ce qu’il est arrivé quelque chose ? demanda Bianca.
– Matt m’a invitée à dîner puis a cassé avec moi. Je me suis souvenue de votre adresse. J’ai apporté du vin, ajouta Olivia avec obligeance, comme si cela pouvait mener à un accord.
Bianca laissa échapper un petit cri horrifié.
– Oh, Olivia, c’est affreux. Entrez. Vous tenez bon ? Vous devez être sous le choc. Asseyez-vous, je vous en prie. Puis-je vous préparer du thé sucré ? N’est-ce pas ce qu’on est supposé boire quand on est sous le choc ? Est-ce que vous avez froid ou est-ce que vous respirez superficiellement ?
– Je vais bien, dit Olivia.
– Avez-vous mangé ? J’ai commandé une grande pizza parce que j’allais en garder un peu pour le petit-déjeuner. Elle vient d’arriver. Il y en a plus qu’assez pour deux.
– C’est très gentil à vous.
Même si elle bouillait encore de colère, Olivia s’était rendu compte qu’elle avait très faim. Elle avait sauté le déjeuner parce qu’elle avait prévu de manger beaucoup au restaurant Villa 49.
Malgré cela, elle avait la sensation d’être de trop chez Bianca. Elles travaillaient ensemble au moins douze heures par jour, mais elles n’avaient jamais vraiment eu l’occasion de devenir amies ou de parler d’autre chose que de comptes publicitaires.
Dans la cuisine immaculée de Bianca, elle posa la bouteille de vin à côté de la boîte à pizza, la déboucha et leur versa un grand verre à chacune en espérant que ça les mettrait à l’aise.
– J’avais commandé ça pour boire avec le repas. C’est un cru de Toscane, dit-elle.
Soulevant le verre, elle inspira le bouquet du vin. Il était intense, avait du corps et du parfum et évoquait les cerises noires. Ce vin avait été fait avec passion et soin. Il était magnifique.
Elle en prit une petite gorgée et sentit la saveur danser sur sa langue. C’était comme si sa bouche venait de s’illuminer.
Olivia regretta un moment de ne pas avoir pu apprécier ce vin avec la nourriture raffinée du restaurant, mais une pizza au pepperoni, avec beaucoup de fromage, était la meilleure des solutions de rechange qui lui venaient en tête. Elle mit la pizza dans des assiettes et elles se rendirent dans le salon, où l’air conditionné les protégeait contre la chaleur de la soirée estivale.
Les deux femmes s’assirent l’une à côté de l’autre. Elles burent le vin en même temps. Ensuite, elles mangèrent chacune une tranche de pizza. La croûte était croustillante et leur mastication remplissait le silence autrement embarrassant.
Sans réfléchir, Olivia remplit à nouveau leurs verres et, soudain, le silence ne lui parut plus aussi impénétrable.
– C’est affreux de faire ça, dit Bianca avec compassion, prenant à nouveau un air anxieux. Vous inviter à dîner puis casser avec vous.
Olivia hocha la tête.
– J’ai découvert qu’il sortait avec son assistante personnelle en cachette.
– Quoi ? dit Bianca d’un air outragé.
– Il part en vacances aux Bermudes avec elle demain, donc, je suis finalement assez soulagée. Il a montré qui il était réellement.