Si Tu Pouvais Lire Dans Mes Pensées - Un Roman De Nicholas Turner. T. M. Bilderback
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Sans revenus, avec des économies réduites par les dépenses médicales et funéraires, et avec un esprit embrumé par l’alcool, Nicholas oublia de rembourser le prêt immobilier et perdit la maison.
Il atterrit sur le pas de la porte de sa sœur avec deux valises et un carton rempli des peu d’affaires personnelles auxquelles il tenait. Mélissa le fit entrer, mais être logé avait un prix.
- Nicky, je suis inquiète pour toi, lui dit-elle tandis qu’il s’asseyait à la table de la cuisine. Je veux que mon frère revienne. J’ai parlé à papa et maman, et aussi à Marcus. Papa et maman sont vraiment inquiets, et Marcus a proposé de te mettre un peu de plomb dans la cervelle. Tu ne peux pas continuer comme ça. Tu ne récupéreras pas Jane et le bébé en te tuant. Ils ne reviendront pas. Tout ce que tu fais maintenant, c’est nous blesser, nous.
Nicholas baissa la tête. Il ne fit aucun commentaire, mais Mélissa voyait bien que ses mots l’affectaient.
- Marcus a fait deux suggestions, reprit-elle. Avec ton passé dans la police, il pense qu’il peut te faire rentrer dans une nouvelle entreprise de sécurité engagée par le gouvernement, je crois que ça s’appelle Justice Security. Il dit que le patron, Joey Justice, est un type bien et qu’il sait ce qu’il fait. Son autre suggestion est que tu travailles à ton compte en tant que détective privé. Si c’est le cas, Marcus dit que tu travailleras uniquement pour toi-même, et seulement sur les affaires que tu veux traiter. Il pense pouvoir t’envoyer un peu de travail si tu choisis cette option.
Nicholas ne dit rien, mais des larmes coulaient le long de ses joues. Mélissa lui prit la main.
- Nicky, je t’aime. Peu importe ce que tu choisis, tu peux rester ici avec moi jusqu’à retomber sur tes pieds. Mais, Nicky, il faut que tu choisisses de vivre ! Je ne veux pas te perdre, et ça me fait mal de te voir comme ça.
- Je t’aime aussi, Mel, répondit-il.
Il la serra fort contre lui et commença à pleurer dans ses cheveux. Elle lui rendit son étreinte et ils restèrent ainsi pendant un petit moment.
Nicholas prit deux jours pour réfléchir à ses options. Il discuta avec Marcus et celui-ci lui arrangea un entretien avec Joey Justice. Le travail dont parlait Justice était un job de débutant.
- Mais seulement jusqu’à ce que vous me montriez que vous pouvez être digne de confiance pour plus de responsabilités, lui dit Justice. Je ne peux pas vous donner une affaire de haut niveau jusqu’à ce que je sois convaincu que vous ne craquerez pas sous la pression. Certains de nos clients demandent quelqu’un qui peut supporter de hauts niveaux de stress, et qui se contrôle en permanence. Ce n’est pas personnel, Mr. Turner. Je vous confierais ma vie, et mon entreprise. Mais jusqu’à ce que vous me montriez que vous pouvez gérer, vos missions seront extrêmement basiques.
Nicholas apprécia l’homme, mais sa fierté ne le laissait pas accepter un travail pour débutant, même si le salaire était deux fois plus élevé que celui qu’il se faisait en étant policier. Il voulait être son propre patron, même si les perspectives de revenus étaient limitées à la clientèle qu’il pourrait attirer.
Il devint alors détective privé. Il trouva un bureau et le meubla avec l’aide de Mélissa.
Marcus tint parole. Il aida Nicholas à passer un contrat avec le FBI pour réaliser des vérifications d’antécédents non classifiés. Nicholas fut engagé par deux compagnies d’assurance pour enquêter sur des déclarations douteuses. Au fil des années, il fut aussi amené à seconder plusieurs enquêtes de police... et deux d’entre elles étaient de haut vol, impliquant des enfants disparus. Joey Justice l’appela et lui offrit un poste mieux placé dans l’entreprise de sécurité. Nicholas refusa poliment l’offre.
Il déménagea son bureau dans un plus grand bâtiment, et l’endroit avait une pièce située au fond, équipée d’une salle d’eau, d’une kitchenette et de beaucoup d’espace pour les meubles. Il décida d’y vivre plutôt que de louer un appartement ou d’essayer d’acheter une autre maison. Il pensa qu’il payait déjà le loyer pour le bureau et que cela lui ferait économiser de l’argent. Pour lui, la meilleure chose concernant ce nouveau bureau, bien qu’il ne l’ait dit ni à Mélissa ni à Marcus, était le verre dépoli sur la porte du bureau. Il l’aimait car cela lui donnait l’impression d’être dans un film noir des années 40. Humphrey Bogart n’avait qu’à bien se tenir. Il paya deux cents dollars pour que son nom soit peint discrètement sur le verre.
Il avait du succès en tant que détective privé.
Il se soûlait aussi toutes les semaines.
Ces souleries étaient supposées l’aider à oublier Jane et le bébé, mais elles étaient en réalité faites pour se souvenir. Quelque chose lui revenait à l’esprit pour lui rappeler, et cela déclenchait la soûlerie. Il se sentait comme s’il avait un énorme trou dans le cœur qui ne pourrait jamais être rempli, et les souleries ne le faisaient jamais se sentir mieux.
Cependant, avec le temps, il remarqua que parfois, les souvenirs n’entraînaient pas de soûlerie. Elles s’espacèrent de deux semaines, puis de deux autres, puis, finalement, juste occasionnellement... généralement quand une affaire impliquait des violences familiales graves. Il ne comprendrait jamais la mentalité des personnes qui pouvaient maltraiter ceux qui les aimaient.
L’affaire qu’il venait de terminer impliquait l’enlèvement d’un enfant par un parent n’ayant pas la garde. Le père avait enlevé sa fille de cinq ans et était parti dans un autre État. Puisque le père avait franchi la frontière de l’État, le FBI avait été appelé et Marcus avait été l’agent en charge de l’affaire. Quand Nicholas avait traqué le père, il avait appelé Marcus. Mais, avant que celui-ci ne puisse arriver, le père, utilisant l’enfant comme bouclier, avait accidentellement tiré sur la petite fille. Nicholas avait accouru dans la maison, avait tiré sur le père trois fois et avait emmené la fillette à l’hôpital le plus proche. Elle avait survécu, mais ce n’était pas passé loin.
Quand Nicholas était rentré chez lui la veille, il avait commencé à boire.
Mais bon Dieu, qu’est ce qui l’avait réveillé ?
Nicholas regarda autour de lui, encore à moitié endormi. Une petite fille se tenait dans l’encadrement de la porte qui menait à la zone dédiée au bureau.
Elle devait avoir dix ans, portait un jean, une blouse sans manches rose et des tennis aux pieds. Ses cheveux étaient bruns et lui arrivaient aux épaules, et elle avait des yeux bleus ornant un visage vraiment mignon. Elle lui sourit, le salua de la main et pointa un doigt vers le bureau.
- Salut ma grande, dit Nicholas. Comment tu es entrée ? C’est quoi ton nom ?
Elle ne répondit rien, mais pointa encore une fois son doigt vers le bureau.
- D’accord ma grande, donne-moi juste une minute, dit-il.
Il passa sa main sur son visage puis s’assied. Mais quand il regarda en direction de la petite fille, elle était partie.
- Hé ?
Il se leva et se dirigea vers le bureau.
- Où est-ce que tu es partie, ma belle ? Où