LUPIN - Les aventures du gentleman-cambrioleur. Морис Леблан
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Il se rappelait le silence de Steinweg, et la terreur du vieillard quand il lui avait demandé la révélation du secret terrible. Dolorès savait, elle aussi, et elle se taisait.
Sans un mot, il sortit.
Le grand air, l’espace, lui firent du bien. Il franchit les murs du parc, et longtemps erra à travers la campagne. Et il parlait à haute voix :
– Qu’y a-t-il ? Que se passe-t-il ? Voilà des mois et des mois que, tout en bataillant et en agissant, je fais danser au bout de leurs cordes tous les personnages qui doivent concourir à l’exécution de mes projets ; et, pendant ce temps, j’ai complètement oublié de me pencher sur eux et de regarder ce qui s’agite dans leur cœur et dans leur cerveau. Je ne connais pas Pierre Leduc, je ne connais pas Geneviève, je ne connais pas Dolorès… Et je les ai traités en pantins, alors que ce sont des personnages vivants. Et aujourd’hui, je me heurte à des obstacles…
Il frappa du pied et s’écria :
– À des obstacles qui n’existent pas ! L’état d’âme de Geneviève et de Pierre, je m’en moque… j’étudierai cela plus tard, à Veldenz, quand j’aurai fait leur bonheur. Mais Dolorès… Elle connaît Malreich, et elle n’a rien dit !… Pourquoi ? Quelles relations les unissent ? A-t-elle peur de lui ? A-t-elle peur qu’il ne s’évade et ne vienne se venger d’une indiscrétion ?
À la nuit, il gagna le chalet qu’il s’était réservé au fond du parc, et il y dîna de fort mauvaise humeur, pestant contre Octave qui le servait, ou trop lentement, ou trop vite.
– J’en ai assez, laisse-moi seul… Tu ne fais que des bêtises aujourd’hui… Et ce café ?… il est ignoble.
Il jeta la tasse à moitié pleine et, durant deux heures se promena dans le parc, ressassant les mêmes idées. À la fin, une hypothèse se précisait en lui :
« Malreich s’est échappé de prison, il terrorise Mme Kesselbach, il sait déjà par elle l’incident du miroir… »
Lupin haussa les épaules :
« Et cette nuit, il va venir te tirer par les pieds. Allons, je radote. Le mieux est de me coucher. »
Il rentra dans sa chambre et se mit au lit. Aussitôt, il s’assoupit, d’un lourd sommeil agité de cauchemars. Deux fois il se réveilla et voulut allumer les bougies, et deux fois il retomba, comme terrassé.
Il entendait sonner les heures cependant à l’horloge du village, ou plutôt il croyait les entendre, car il était plongé dans une sorte de torpeur où il lui semblait garder tout son esprit.
Et des songes le hantèrent, des songes d’angoisse et d’épouvante. Nettement, il perçut le bruit de sa fenêtre qui s’ouvrait. Nettement, à travers ses paupières closes, à travers l’ombre épaisse, il vit une forme qui avançait.
Et cette forme se pencha sur lui.
Il eut l’énergie incroyable de soulever ses paupières et de regarder, ou du moins il se l’imagina. Rêvait-il ? était-il éveillé ? Il se le demandait désespérément.
Un bruit encore… On prenait la boîte d’allumettes, à côté de lui.
« Je vais donc y voir, se dit-il avec une grande joie. »
Une allumette craqua. La bougie fut allumée.
Des pieds à la tête. Lupin sentit la sueur qui coulait sur sa peau, en même temps que son cœur s’arrêtait de battre, suspendu d’effroi. L’homme était là.
était-ce possible ? Non, non… Et pourtant, il voyait… Oh ! Le terrifiant spectacle !… L’homme, le monstre, était là.
– Je ne veux pas… je ne veux pas… balbutia Lupin, affolé.
L’homme, le monstre était là, vêtu de noir, un masque sur le visage, le chapeau mou rabattu sur ses cheveux blonds.
– Oh ! Je rêve… je rêve, dit Lupin en riant… c’est un cauchemar…
De toute sa force, de toute sa volonté, il voulut faire un geste, un seul, qui chassât le fantôme.
Il ne le put pas.
Et tout à coup, il se souvint : la tasse de café ! Le goût de ce breuvage… pareil au goût du café qu’il avait bu à Veldenz… Il poussa un cri, fit un dernier effort, et retomba, épuisé.
Mais, dans son délire, il sentait que l’homme dégageait le haut de sa chemise, mettait sa gorge à nu et levait le bras, et il vit que sa main se crispait au manche d’un poignard, un petit poignard d’acier, semblable à celui qui avait frappé M. Kesselbach, Chapman, Altenheim, et tant d’autres…
– 3 –
Quelques heures plus tard. Lupin s’éveilla, brisé de fatigue, la bouche amère.
Il resta plusieurs minutes à rassembler ses idées, et soudain, se rappelant, eut un mouvement de défense instinctif comme si on l’attaquait.
– Imbécile que je suis, s’écria-t-il en bondissant de son lit… C’est un cauchemar, une hallucination. Il suffit de réfléchir. Si c’était lui, si vraiment c’était un homme, en chair et en os, qui, cette nuit, a levé le bras sur moi, il m’aurait égorgé comme un poulet. Celui-là n’hésite pas. Soyons logique. Pourquoi m’aurait-il épargné ? Pour mes beaux yeux ? Non, j’ai rêvé, voilà tout…
Il se mit à siffloter, et s’habilla, tout en affectant le plus grand calme, mais son esprit ne cessait pas de travailler, et ses yeux cherchaient…
Sur le parquet, sur le rebord de la croisée, aucune trace. Comme sa chambre se trouvait au rez-de-chaussée et qu’il dormait la fenêtre ouverte, il était évident que l’agresseur serait venu par là.
Or, il ne découvrit rien, et rien non plus au pied du mur extérieur, sur le sable de l’allée qui bordait le chalet.
– Pourtant… pourtant…, répétait-il entre ses dents.
Il appela Octave.
– Où as-tu préparé le café que tu m’as donné hier soir ?
– Au château, patron, comme tout le reste. Il n’y a pas de fourneau ici.
– Tu as bu de ce café ?
– Non.
– Tu as jeté ce qu’il y avait dans la cafetière ?
– Dame, oui, patron. Vous le trouviez si mauvais. Vous n’avez pu en boire que quelques gorgées.
– C’est bien. Apprête l’auto. Nous partons.
Lupin n’était pas homme à rester dans le doute. Il voulait une explication décisive avec Dolorès. Mais, pour cela, il avait besoin, auparavant, d’éclaircir certains points qui lui semblaient obscurs, et