LUPIN - Les aventures du gentleman-cambrioleur. Морис Леблан

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LUPIN - Les aventures du gentleman-cambrioleur - Морис Леблан

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de Malreich… Si je pouvais…

      Elle se roulait sur la chaise longue, dans une crise nerveuse, et sa main s’était crispée à celle de Lupin, et il entendit qu’elle bégayait parmi des mots indistincts :

      – Protégez-moi… protégez-moi… Vous seul peut-être… Ah ! Ne m’abandonnez pas… je suis si malheureuse… Ah ! Quelle torture… quelle torture !… c’est l’enfer.

      De sa main libre, il lui frôla les cheveux et le front avec une douceur infinie, et, sous la caresse, elle se détendit et s’apaisa peu à peu.

      Alors, il la regarda de nouveau, et longtemps, longtemps, il se demanda ce qu’il pouvait y avoir derrière ce beau front pur, quel secret dévastait cette âme mystérieuse. Elle aussi avait peur ? Mais de qui ? Contre qui suppliait-elle qu’on la protégeât ?

      Encore une fois, il fut obsédé par l’image de l’homme noir, de ce Louis de Malreich, ennemi ténébreux et incompréhensible, dont il devait parer les attaques sans savoir d’où elles venaient, ni même si elles se produisaient.

      Qu’il fût en prison, surveillé jour et nuit la belle affaire ! Lupin ne savait-il pas par lui-même qu’il est des êtres pour qui la prison n’existe point, et qui se libèrent de leurs chaînes à la minute fatidique ? Et Louis de Malreich était de ceux-là.

      Oui, il y avait quelqu’un en prison à la Santé, dans la cellule des condamnés à mort. Mais ce pouvait être un complice, ou telle victime de Malreich tandis que lui, Malreich, rôdait autour du château de Bruggen, se glissait à la faveur de l’ombre, comme un fantôme invisible, pénétrait dans le chalet du parc, et, la nuit, levait son poignard sur Lupin, endormi et paralysé.

      Et c’était Louis de Malreich qui terrorisait Dolorès, qui l’affolait de ses menaces, qui la tenait par quelque secret redoutable et la contraignait au silence et à la soumission.

      Et Lupin imaginait le plan de l’ennemi : jeter Dolorès, effarée et tremblante, entre les bras de Pierre Leduc, le supprimer, lui, Lupin, et régner à sa place, là-bas, avec le pouvoir du grand-duc et les millions de Dolorès.

      Hypothèse probable, hypothèse certaine, qui s’adaptait aux événements et donnait une solution à tous les problèmes.

      « À tous ? objectait Lupin… Oui… Mais alors pourquoi ne m’a-t-il pas tué cette nuit dans le chalet ? Il n’avait qu’à vouloir et il n’a pas voulu. Un geste, et j’étais mort. Ce geste, il ne l’a pas fait. Pourquoi ? »

      Dolorès ouvrit les yeux, l’aperçut, et sourit, d’un pâle sourire.

      – Laissez-moi, dit-elle.

      Il se leva, avec une hésitation. Irait-il voir si l’ennemi était derrière ce rideau, ou caché derrière les robes de ce placard ? Elle répéta doucement :

      – Allez, je vais dormir…

      Il s’en alla.

      Mais dehors, il s’arrêta sous des arbres qui faisaient un massif d’ombre devant la façade du château. Il vit de la lumière dans le boudoir de Dolorès. Puis cette lumière passa dans la chambre. Au bout de quelques minutes, ce fut l’obscurité.

      Il attendit. Si l’ennemi était là, peut-être sortirait-il du château ?

      Une heure s’écoula, deux heures… Aucun bruit.

      « Rien à faire, pensa Lupin. Ou bien il se terre en quelque coin du château ou bien il en est sorti par une porte que je ne puis voir d’ici… À moins que tout cela ne soit, de ma part, la plus absurde des hypothèses. »

      Il alluma une cigarette et s’en retourna vers le chalet.

      Comme il s’en approchait, il aperçut, d’assez loin encore, une ombre qui paraissait s’en éloigner.

      Il ne bougea point, de peur de donner l’alarme.

      L’ombre traversa une allée. À la clarté de la lumière, il lui sembla reconnaître la silhouette noire de Malreich.

      Il s’élança.

      L’ombre s’enfuit et disparut.

      – Allons, se dit-il, ce sera pour demain. Et cette fois…

      – 4 –

      Lupin entra dans la chambre d’Octave, son chauffeur, le réveilla et lui ordonna :

      – Prends l’auto. Tu seras à Paris à six heures du matin. Tu verras Jacques Doudeville, et tu lui diras : 1°de me donner des nouvelles du condamné à mort ; 2°de m’envoyer, dès l’ouverture des bureaux de poste, une dépêche ainsi conçue…

      Il libella la dépêche sur un bout de papier, et ajouta :

      – Ta commission aussitôt faite, tu reviendras, mais par ici, en longeant les murs du parc. Va, il ne faut pas qu’on se doute de ton absence.

      Lupin gagna sa chambre, fit jouer le ressort de sa lanterne, et commença une inspection minutieuse.

      – C’est bien cela, dit-il au bout d’un instant, on est venu cette nuit pendant que je faisais le guet sous la fenêtre. Et, si l’on est venu, je me doute de l’intention… Décidément, je ne me trompais pas, ça brûle… Cette fois, je puis être sûr de mon petit coup de poignard.

      Par prudence, il prit une couverture, choisit un endroit du parc bien isolé, et s’endormit à la belle étoile.

      Vers onze heures du matin, Octave se présentait à lui.

      – C’est fait, patron. Le télégramme est envoyé.

      – Bien. Et Louis de Malreich, il est toujours en prison ?

      – Toujours. Doudeville a passé devant sa cellule hier soir à la Santé. Le gardien en sortait. Ils ont causé. Malreich est toujours le même, paraît-il, muet comme une carpe. Il attend.

      – Il attend quoi ?

      – L’heure fatale, parbleu ! À la Préfecture, on dit que l’exécution aura lieu après-demain.

      – Tant mieux, tant mieux, dit Lupin. Ce qu’il y a de plus clair, c’est qu’il ne s’est pas évadé.

      Il renonçait à comprendre et même à chercher le mot de l’énigme, tellement il sentait que la vérité entière allait lui être révélée. Il n’avait plus qu’à préparer son plan, afin que l’ennemi tombât dans le piège.

      « Ou que j’y tombe moi-même », pensa-t-il en riant.

      Il était très gai, très libre d’esprit, et jamais bataille ne s’annonça pour lui avec des chances meilleures.

      Du château, un domestique lui apporta la dépêche qu’il avait dit à Doudeville de lui envoyer et que le facteur venait de déposer. Il l’ouvrit et la mit dans sa poche.

      Un

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