LUPIN - Les aventures du gentleman-cambrioleur. Морис Леблан
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Читать онлайн книгу LUPIN - Les aventures du gentleman-cambrioleur - Морис Леблан страница 290
– Comment, ce n’est donc pas le marquis d’Albufex ?
– Non, c’est un de mes complices.
– Alors, Daubrecq va revenir…
– Oui, mais nous avons le temps… Écoutez-moi… Il faut que nous nous retrouvions… Il est votre ennemi. Je vous sauverai de lui…
– Pourquoi ? Dans quel but ?
– Ne vous méfiez pas de moi… Il est certain que notre intérêt est le même… Où puis-je vous retrouver ? Demain, n’est-ce pas ? À quelle heure ?… à quel endroit ?
– Eh bien…
Elle le regardait avec une hésitation visible, ne sachant que faire, sur le point de parler, et pourtant pleine d’inquiétude et de doute.
– Oh ! Je vous en supplie !… répondez… un moment seulement… et tout de suite… Il serait déplorable qu’on me trouvât ici… je vous en supplie.
D’une voix nette, elle répliqua :
– Mon nom… c’est inutile… Nous nous verrons d’abord, et vous m’expliquerez… Oui, nous nous verrons. Tenez demain, à trois heures de l’après-midi, au coin du boulevard…
À ce moment précis, la porte de la baignoire s’ouvrit, d’un coup de poing pour ainsi dire, et Daubrecq parut.
– Zut de zut ! marmotta Lupin, furieux d’être pincé avant d’avoir obtenu ce qu’il voulait.
Daubrecq eut un ricanement.
– C’est bien cela… je me doutais de quelque chose… Ah ! Le truc du téléphone, un peu démodé, monsieur. Je n’étais pas à moitié route que j’ai tourné bride.
Il repoussa Lupin sur le devant de la loge, et, s’asseyant à côté de la dame, il dit :
– Et alors mon prince qui sommes-nous ? Domestique à la Préfecture, probablement ? Nous avons bien la gueule de l’emploi.
Il dévisageait Lupin qui ne sourcillait pas, et il cherchait à mettre un nom sur cette figure, mais il ne reconnut pas celui qu’il avait appelé Polonius.
Lupin, sans le quitter des yeux non plus, réfléchissait. Pour rien au monde, il n’eût voulu abandonner la partie au point où il l’avait menée, et renoncer à s’entendre, puisque l’occasion était si propice, avec la mortelle ennemie de Daubrecq.
Elle, immobile en son coin, les observait tous deux.
Lupin prononça :
– Sortons, monsieur, l’entretien sera plus facile dehors.
– Ici, mon prince, riposta le député, il aura lieu ici, tout à l’heure, pendant l’entracte. Comme cela, nous ne dérangerons personne.
– Mais…
– Pas la peine, mon bonhomme, tu ne bougeras pas.
Et il saisit Lupin au collet, avec l’intention évidente de ne plus le lâcher avant l’entracte.
Geste imprudent… Comment Lupin eût-il consenti à rester dans une pareille attitude, et surtout devant une femme, une femme à laquelle il avait offert son alliance, une femme – et pour la première fois il pensait à cela – qui était belle et dont la beauté grave lui plaisait. Tout son orgueil d’homme se cabra.
Pourtant il se tut. Il accepta sur son épaule la pesée lourde de la main, et même il se cassa en deux, comme vaincu, impuissant, presque peureux.
– Ah ! Drôle, railla le député, il paraît qu’on ne crâne plus.
Sur la scène, les acteurs, en grand nombre, disputaient et faisaient du bruit.
Daubrecq ayant un peu desserré son étreinte, Lupin jugea le moment favorable.
Violemment, avec le coupant de la main, il le frappa au creux du bras, ainsi qu’il eût fait avec une hache.
La douleur décontenança Daubrecq. Lupin acheva de se dégager et s’élança sur lui pour le prendre à la gorge. Mais Daubrecq, aussitôt sur la défensive, avait fait un mouvement de recul, et leurs quatre mains se saisirent.
Elles se saisirent avec une énergie surhumaine, toute la force des deux adversaires se concentrant en elles. Celles de Daubrecq étaient monstrueuses, et Lupin, happé par cet étau de fer, eut l’impression qu’il combattait, non pas avec un homme, mais avec quelque bête formidable, un gorille de taille colossale.
Ils se tenaient contre la porte, courbés comme des lutteurs qui se tâtent et cherchent à s’empoigner. Des os craquèrent. À la première défaillance, le vaincu était pris à la gorge, étranglé. Et cela se passait dans un silence brusque, les acteurs sur la scène écoutant l’un d’eux qui parlait à voix basse.
La femme, écrasée contre la cloison, terrifiée, les regardait. Que, par un geste, elle prît parti pour l’un ou pour l’autre, la victoire aussitôt se décidait pour celui-là.
Mais qui soutiendrait-elle ? Qu’est-ce que Lupin pouvait représenter à ses yeux ? Un ami ou un ennemi ?
Vivement, elle gagna le devant de la baignoire, enfonça l’écran, et, le buste penché, sembla faire un signe. Puis elle revint et tâcha de se glisser jusqu’à la porte.
Lupin, comme s’il eût voulu l’aider, lui dit :
– Enlevez donc la chaise.
Il parlait d’une lourde chaise qui était tombée, qui le séparait de Daubrecq, et pardessus laquelle ils combattaient.
La femme se baissa et tira la chaise. C’était ce que Lupin attendait.
Délivré de l’obstacle, il allongea sur la jambe de Daubrecq un coup de pied sec avec la pointe de sa bottine. Le résultat fut le même que pour le coup qu’il avait donné sur le bras. La douleur provoqua une seconde d’effarement, de distraction, dont il profita aussitôt pour rabattre les mains tendues de Daubrecq, et pour lui planter ses dix doigts autour de la gorge et de la nuque.
Daubrecq résista. Daubrecq essaya d’écarter les mains qui l’étouffaient, mais il suffoquait déjà et ses forces diminuaient.
– Ah ! Vieux singe, grogna Lupin en le renversant. Pourquoi n’appelles-tu pas au secours ? Faut-il que tu aies peur du scandale !
Au bruit de la chute on frappa sur la cloison, de l’autre côté.
– Allez toujours, fit Lupin à mi-voix, le drame est sur la scène. Ici, c’est mon affaire, et jusqu’à ce que j’aie mâté ce gorille-là…
Ce ne fut pas long. Le député suffoquait. D’un coup sur la mâchoire, il l’étourdit. Il ne restait plus à Lupin qu’à entraîner la femme et à s’enfuir avec elle avant que l’alarme ne fût donnée.
Mais, quand il se retourna, il s’aperçut que la