LUPIN - Les aventures du gentleman-cambrioleur. Морис Леблан
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Ce jour-là, un incident mit fin à son indécision. Après le déjeuner, Victoire entendit, par bribes, une conversation téléphonique de Daubrecq.
De ce que rapporta Victoire, Lupin conclut que le député avait rendez-vous à huit heures et demie avec une dame, et qu’il devait la conduire dans un théâtre.
– Je prendrai une baignoire, comme il y a six semaines, avait dit Daubrecq.
Et il avait ajouté, en riant :
– J’espère que, pendant ce temps-là, je ne serai pas cambriolé.
Pour Lupin, les choses ne firent pas de doute. Daubrecq allait employer sa soirée de la même façon qu’il l’avait employée six semaines auparavant, tandis que l’on cambriolait sa villa d’Enghien. Connaître la personne qu’il devait retrouver, savoir peut-être aussi comment Gilbert et Vaucheray avaient appris que l’absence de Daubrecq durerait de huit heures du soir à une heure du matin, c’était d’une importance capitale.
Pendant l’après-midi, avec l’assistance de Victoire, et sachant par elle que Daubrecq rentrait dîner plus tôt que de coutume, Lupin sortit de l’hôtel.
Il passa chez lui, rue Chateaubriand, manda par téléphone trois de ses amis, endossa un frac, et se fit, comme il disait, sa tête de prince russe, à cheveux blonds et à favoris coupés ras.
Les complices arrivèrent en automobile.
À ce moment, Achille, le domestique, lui apporta un télégramme adressé à M. Michel Beaumont, rue Chateaubriand. Ce télégramme était ainsi conçu :
« Ne venez pas au théâtre ce soir. Votre intervention risque de tout perdre. »
Sur la cheminée, près de lui, il y avait un vase de fleurs. Lupin le saisit et le brisa en morceaux.
« C’est entendu, c’est entendu, grinça-t-il. On joue avec moi comme j’ai l’habitude de jouer avec les autres. Mêmes procédés. Mêmes artifices. Seulement, voilà, il y a cette différence… »
Quelle différence ? Il n’en savait trop rien. La vérité, c’est qu’il était déconcerté, lui aussi, troublé jusqu’au fond de l’être, et qu’il ne continuait à agir que par obstination, pour ainsi dire par devoir, et sans apporter à la besogne sa belle humeur et son entrain ordinaires.
– Allons-y ! dit-il à ses complices.
Sur son ordre, le chauffeur les arrêta non loin du square Lamartine, mais n’éteignit pas le moteur. Lupin prévoyait que Daubrecq, pour échapper aux agents de la Sûreté qui gardaient l’hôtel, sauterait dans quelque taxi, et il ne voulait pas se laisser distancer.
Il comptait sans l’habileté de Daubrecq.
À sept heures et demie, la grille du jardin fut ouverte à deux battants, une lueur vive jaillit, et rapidement une motocyclette franchit le trottoir, longea le square, tourna devant l’auto et fila vers le Bois à une allure telle qu’il eût été absurde de se mettre à sa poursuite.
– Bon voyage, monsieur Dumollet, dit Lupin, qui essaya de plaisanter, mais qui, au fond, ne dérageait pas.
Il observa ses complices avec l’espoir que l’un d’eux se permettrait un sourire moqueur. Comme il eût été heureux de passer ses nerfs sur celui-là !
– Rentrons, dit-il au bout d’un instant.
Il leur offrit à dîner, puis il fuma un cigare et ils repartirent en automobile et firent la tournée des théâtres, en commençant par ceux d’opérette et de vaudeville, pour lesquels il supposait que Daubrecq et sa dame devaient avoir quelque préférence. Il prenait un fauteuil, inspectait les baignoires et s’en allait.
Il passa ensuite aux théâtres plus sérieux, à la Renaissance, au Gymnase.
Enfin, à dix heures du soir, il aperçut au Vaudeville une baignoire presque entièrement masquée de ses deux paravents et, moyennant finances, il apprit de l’ouvreuse qu’il y avait là un monsieur d’un certain âge, gros et petit, et une dame voilée d’une dentelle épaisse.
La baignoire voisine étant libre, il la prit, retourna vers ses amis afin de leur donner les instructions nécessaires et s’installa près du couple.
Durant l’entracte, à la lumière plus vive, il discerna le profil de Daubrecq. La dame restait dans le fond, invisible.
Tous deux parlaient à voix basse, et, lorsque le rideau se releva, ils continuèrent à parler, mais de telle façon que Lupin ne distinguait pas une parole.
Dix minutes s’écoulèrent. On frappa à leur porte. C’était un inspecteur du théâtre.
– Monsieur le député Daubrecq, n’est-ce pas ? interrogea-t-il.
– Oui, fit Daubrecq d’une voix étonnée. Mais comment savez-vous mon nom ?
– Par une personne qui vous demande au téléphone et qui m’a dit de m’adresser à la baignoire 22.
– Mais qui cela ?
– Monsieur le marquis d’Albufex.
– Hein ?… Quoi ?
– Que dois-je répondre ?
– Je viens… je viens…
Daubrecq s’était levé précipitamment et suivait l’inspecteur.
Il n’avait pas disparu que Lupin surgissait de sa baignoire. Il crocheta la porte voisine et s’assit auprès de la dame.
Elle étouffa un cri.
– Taisez-vous, ordonna-t-il… j’ai à vous parler, c’est de toute importance.
– Ah !… fit-elle entre ses dents… Arsène Lupin.
Il fut ahuri. Un instant, il demeura coi, la bouche béante. Cette femme le connaissait ! Et non seulement elle le connaissait, mais elle l’avait reconnu malgré son déguisement ! Si accoutumé qu’il fût aux événements les plus extraordinaires et les plus insolites, celui-ci le déconcertait.
Il ne songea même pas à protester et balbutia :
– Vous savez donc ?… vous savez ?…
Brusquement, avant qu’elle eût le temps de se défendre, il écarta le voile de la dame.
– Comment est-ce possible ? murmura-t-il, avec une stupeur croissante.
C’était la femme qu’il avait vue chez Daubrecq quelques jours auparavant, la femme qui avait levé son poignard sur Daubrecq, et qui avait voulu le frapper de toute sa force haineuse.
À son tour, elle parut bouleversée.
– Quoi vous m’avez vue déjà ?…
– Oui, l’autre nuit, dans son hôtel… j’ai vu