LUPIN - Les aventures du gentleman-cambrioleur. Морис Леблан

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LUPIN - Les aventures du gentleman-cambrioleur - Морис Леблан

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devenir mauvais.

      Le parc était désert. Cependant, près du pavillon qui commande l’entrée, se tenait un groupe de gendarmes. Il s’enfonça dans les taillis, escalada le mur d’enceinte et prit, pour se rendre à la gare la plus proche, un sentier qui serpentait parmi les champs. Il n’avait point marché durant dix minutes que le chemin se rétrécit, encaissé entre deux talus, et comme il arrivait dans ce défilé, quelqu’un s’y engageait qui venait en sens inverse.

      C’était un homme d’une cinquantaine d’années peut-être, assez fort, la figure rasée, et dont le costume précisait l’aspect étranger. Il portait à la main une lourde canne, et une sacoche pendait à son cou.

      Ils se croisèrent. L’étranger dit, avec un accent anglais à peine perceptible :

      – Excusez-moi, monsieur… est-ce bien ici la route du château ?

      – Tout droit, monsieur, et à gauche dès que vous serez au pied du mur. On vous attend avec impatience.

      – Ah !

      – Oui, mon ami Devanne nous annonçait votre visite dès hier soir.

      – Tant pis pour monsieur Devanne s’il a trop parlé.

      – Et je suis heureux d’être le premier à vous saluer. Herlock Sholmès n’a pas d’admirateur plus fervent que moi.

      Il y eut dans sa voix une nuance imperceptible d’ironie qu’il regretta aussitôt, car Herlock Sholmès le considéra des pieds à la tête, et d’un œil à la fois si enveloppant et si aigu, qu’Arsène Lupin eut l’impression d’être saisi, emprisonné, enregistré par ce regard, plus exactement et plus essentiellement qu’il ne l’avait jamais été par aucun appareil photographique.

      « Le cliché est pris, pensa-t-il. Plus la peine de me déguiser avec ce bonhomme-là. Seulement… m’a-t-il reconnu ? »

      Ils se saluèrent. Mais un bruit de pas résonna, un bruit de chevaux qui caracolent dans un cliquetis d’acier. C’étaient les gendarmes. Les deux hommes durent se coller contre le talus, dans l’herbe haute, pour éviter d’être bousculés. Les gendarmes passèrent, et comme ils se suivaient à une certaine distance, ce fut assez long. Et Lupin songeait :

      « Tout dépend de cette question : m’a-t-il reconnu ? Si oui, il y a bien des chances pour qu’il abuse de la situation. Le problème est angoissant. »

      Quand le dernier cavalier les eut dépassés, Herlock Sholmès se releva et, sans rien dire, brossa son vêtement sali de poussière. La courroie de son sac était embarrassée d’une branche d’épines. Arsène Lupin s’empressa. Une seconde encore ils s’examinèrent. Et, si quelqu’un avait pu les surprendre à cet instant, c’eût été un spectacle émouvant que la première rencontre de ces deux hommes si puissamment armés, tous deux vraiment supérieurs et destinés fatalement par leurs aptitudes spéciales à se heurter comme deux forces égales que l’ordre des choses pousse l’une contre l’autre à travers l’espace.

      Puis l’Anglais dit :

      – Je vous remercie, monsieur.

      – Tout à votre service, répondit Lupin.

      Ils se quittèrent. Lupin se dirigea vers la station. Herlock Sholmès vers le château.

      Le juge d’instruction et le procureur étaient partis après de vaines recherches et l’on attendait Herlock Sholmès avec une curiosité que justifiait sa grande réputation. On fut un peu déçu par son aspect de bon bourgeois, qui différait si profondément de l’image qu’on se faisait de lui. Il n’avait rien du héros de roman, du personnage énigmatique et diabolique qu’évoque en nous l’idée de Herlock Sholmès. Devanne, cependant, s’écria, plein d’exubérance :

      – Enfin, Maître, c’est vous ! Quel bonheur ! Il y a si longtemps que j’espérais… Je suis presque heureux de tout ce qui s’est passé, puisque cela me vaut le plaisir de vous voir. Mais, à propos, comment êtes-vous venu ?

      – Par le train.

      – Quel dommage ! Je vous avais cependant envoyé mon automobile au débarcadère.

      – Une arrivée officielle, n’est-ce pas ? Avec tambour et musique. Excellent moyen pour me faciliter la besogne, bougonna l’Anglais.

      Ce ton peu engageant déconcerta Devanne qui, s’efforçant de plaisanter, reprit :

      – La besogne, heureusement, est plus facile que je ne vous l’avais écrit.

      – Et pourquoi ?

      – Parce que le vol a eu lieu cette nuit.

      – Si vous n’aviez pas annoncé ma visite, monsieur, il est probable que le vol n’aurait pas eu lieu cette nuit.

      – Et quand donc ?

      Demain, ou un autre jour.

      – Et en ce cas ?

      – Lupin eût été pris au piège.

      – Et mes meubles ?

      – N’auraient pas été enlevés.

      – Mes meubles sont ici.

      – Ici ?

      – Ils ont été rapportés à trois heures.

      – Par Lupin ?

      – Par deux fourgons militaires.

      Herlock Sholmès enfonça violemment son chapeau sur sa tête et rajusta son sac ; mais Devanne s’écria :

      – Que faites-vous ?

      – Je m’en vais.

      – Et pourquoi ?

      – Vos meubles sont là, Arsène Lupin est loin. Mon rôle est terminé.

      – Mais j’ai absolument besoin de votre concours, cher monsieur. Ce qui s’est passé hier peut se renouveler demain, puisque nous ignorons le plus important : comment Arsène Lupin est entré, comment il est sorti, et pourquoi, quelques heures plus tard, il procédait à une restitution.

      – Ah ! Vous ignorez…

      L’idée d’un secret à découvrir adoucit Herlock Sholmès.

      – Soit, cherchons. Mais vite, n’est-ce pas ? Et, autant que possible, seuls.

      La phrase désignait clairement les assistants. Devanne comprit et introduisit l’Anglais dans le salon. D’un ton sec, en phrases qui semblaient comptées d’avance, et avec quelle parcimonie ! Sholmès lui posa des questions sur la soirée de la veille, sur les convives qui s’y trouvaient, sur les habitués du château. Puis il examina les deux volumes de la Chronique, compara les cartes du souterrain, se fit répéter les citations relevées par l’abbé Gélis, et demanda :

      – C’est bien hier que, pour la première fois, vous avez parlé de ces deux citations ?

      –

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