LUPIN - Les aventures du gentleman-cambrioleur. Морис Леблан

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LUPIN - Les aventures du gentleman-cambrioleur - Морис Леблан

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      – Nous passons sous l’étang, remarqua Devanne, nullement rassuré.

      Le couloir aboutit à un escalier de douze marches, suivi de trois autres escaliers de douze marches, qu’ils remontèrent péniblement, et ils débouchèrent dans une petite cavité taillée à même le roc. Le chemin n’allait pas plus loin.

      – Diable, murmura Herlock Sholmès, rien que des murs nus, cela devient embarrassant.

      – Si l’on retournait, murmura Devanne, car, enfin, je ne vois nullement la nécessité d’en savoir plus long. Je suis édifié.

      Mais, ayant levé la tête, l’Anglais poussa un soupir de soulagement au-dessus d’eux se répétait le même mécanisme qu’à l’entrée. Il n’eut qu’à faire manœuvrer les trois lettres. Un bloc de granit bascula. C’était, de l’autre côté, la pierre tombale du duc Rollon, gravée des douze lettres en relief « Thibermesnil ». Et ils se trouvèrent dans la petite chapelle en ruines que l’Anglais avait désignée.

      – Et l’on va jusqu’à Dieu, c’est-à-dire jusqu’à la chapelle, dit-il, rapportant la fin de la citation.

      – Est-ce possible, s’écria Devanne, confondu par la clairvoyance et la vivacité de Herlock Sholmès, est-ce possible que cette simple indication vous ait suffi ?

      – Bah ! fit l’Anglais, elle était même inutile. Sur l’exemplaire de la Bibliothèque Nationale, le trait se termine à gauche, vous le savez, par un cercle, et à droite, vous l’ignorez, par une petite croix, mais si effacée, qu’on ne peut la voir qu’à la loupe. Cette croix signifie évidemment la chapelle où nous sommes.

      Le pauvre Devanne n’en croyait pas ses oreilles.

      – C’est inouï, miraculeux, et cependant, d’une simplicité enfantine ! Comment personne n’a-t-il jamais percé ce mystère ?

      – Parce que personne n’a jamais réuni les trois ou quatre éléments nécessaires, c’est-à-dire les deux livres et les citations… Personne, sauf Arsène Lupin et moi.

      – Mais, moi aussi, objecta Devanne, et l’abbé Gélis… Nous en savions tous deux autant que vous, et néanmoins…

      Sholmès sourit.

      – Monsieur Devanne, tout le monde n’est pas apte à déchiffrer les énigmes.

      – Mais voilà dix ans que je cherche. Et vous, en dix minutes…

      – Bah ! L’habitude…

      Ils sortirent de la chapelle, et l’Anglais s’écria :

      – Tiens, une automobile qui attend !

      – Mais c’est la mienne !

      – La vôtre ? Mais je pensais que le chauffeur n’était pas revenu.

      – En effet… et je me demande…

      Ils s’avancèrent jusqu’à la voiture, et Devanne, interpellant le chauffeur :

      – Édouard, qui vous a donné l’ordre de venir ici ?

      – Mais, répondit l’homme, c’est M. Velmont.

      – M. Velmont ? Vous l’avez donc rencontré ?

      – Près de la gare, et il m’a dit de me rendre à la chapelle.

      – De vous rendre à la chapelle ! Mais pourquoi ?

      – Pour y attendre Monsieur… et l’ami de Monsieur…

      Devanne et Herlock Sholmès se regardèrent. Devanne dit :

      – Il a compris que l’énigme serait un jeu pour vous. L’hommage est délicat.

      Un sourire de contentement plissa les lèvres minces du détective. L’hommage lui plaisait. Il prononça, en hochant la tête :

      – C’est un homme. Rien qu’à le voir, d’ailleurs, je l’avais jugé.

      – Vous l’avez donc vu ?

      – Nous nous sommes croisés tout à l’heure.

      – Et vous saviez que c’était Horace Velmont, je veux dire Arsène Lupin ?

      – Non, mais je n’ai pas tardé à le deviner… à une certaine ironie de sa part.

      – Et vous l’avez laissé échapper ?

      – Ma foi, oui… j’avais pourtant la partie belle… cinq gendarmes qui passaient.

      – Mais sacrebleu ! C’était l’occasion ou jamais de profiter…

      – Justement, monsieur, dit l’Anglais avec hauteur, quand il s’agit d’un adversaire comme Arsène Lupin, Herlock Sholmès ne profite pas des occasions… il les fait naître…

      Mais l’heure pressait et, puisque Lupin avait eu l’attention charmante d’envoyer l’automobile, il fallait en profiter sans retard. Devanne et Herlock Sholmès s’installèrent au fond de la confortable limousine. Édouard donna le tour de manivelle et l’on partit. Des champs, des bouquets d’arbres défilèrent. Les molles ondulations du pays de Caux s’aplanirent devant eux. Soudain les yeux de Devanne furent attirés par un petit paquet posé dans un des vide-poches.

      – Tiens, qu’est-ce que c’est que cela ? Un paquet ! Et pour qui donc ? Mais c’est pour vous.

      – Pour moi ?

      – Lisez : « M. Herlock Sholmès, de la part d’Arsène Lupin. »

      L’Anglais saisit le paquet, le déficela, enleva les deux feuilles de papier qui l’enveloppaient. C’était une montre.

      – Aoh ! dit-il, en accompagnant cette exclamation d’un geste de colère…

      – Une montre, fit Devanne, est-ce que par hasard ?…

      L’Anglais ne répondit pas.

      – Comment ! C’est votre montre ! Arsène Lupin vous renvoie votre montre ! Mais s’il vous la renvoie, c’est qu’il l’avait prise… Il avait pris votre montre ! Ah ! Elle est bonne, celle-là, la montre de Herlock Sholmès subtilisée par Arsène Lupin ! Dieu, que c’est drôle ! Non, vrai… vous m’excuserez… mais c’est plus fort que moi.

      Et quand il eut bien ri, il affirma d’un ton convaincu :

      – Oh ! C’est un homme, en effet.

      L’Anglais ne broncha pas. Jusqu’à Dieppe, il ne prononça pas une parole, les yeux fixés sur l’horizon fuyant. Son silence fut terrible, insondable, plus violent que la rage la plus farouche. Au débarcadère, il dit simplement, sans colère cette fois, mais d’un ton où l’on sentait toute la volonté et toute l’énergie du personnage :

      – Oui, c’est un homme, et un homme sur l’épaule duquel j’aurai plaisir à poser

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