Cyrano de Bergerac. Edmond Rostand

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Cyrano de Bergerac - Edmond Rostand

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Pourquoi ?

      LE CAVALIER:

       Je suis chevau-léger de la maison du Roi !

      LE PORTIER (à un autre cavalier qui vient d'entrer): Vous ?

      DEUXIÈME CAVALIER:

       Je ne paye pas !

      LE PORTIER:

       Mais. . .

      DEUXIÈME CAVALIER:

       Je suis mousquetaire.

      PREMIER CAVALIER (au deuxième): On ne commence qu'à deux heures. Le parterre Est vide. Exerçons-nous au fleuret. (Ils font des armes avec des fleurets qu'ils ont apportés.)

      UN LAQUAIS (entrant): Pst. . .Flanquin. . . !

      UN AUTRE (déjà arrivé): Champagne ?. . .

      LE PREMIER (lui montrant des jeux qu'il sort de son pourpoint): Cartes. Dés. (Il s'assied par terre): Jouons.

      LE DEUXIÈME (même jeu): Oui, mon coquin.

      PREMIER LAQUAIS (tirant de sa poche un bout de chandelle qu'il allume et colle par terre): J'ai soustrait à mon maître un peu de luminaire.

      UN GARDE (à une bouquetière qui s'avance): C'est gentil de venir avant que l'on n'éclaire !. . . (Il lui prend la taille.)

      UN DES BRETTEURS (recevant un coup de fleuret): Touche !

      UN DES JOUEURS:

       Trèfle !

      LE GARDE (poursuivant la fille): Un baiser !

      LA BOUQUETIÈRE (se dégageant): On voit !. . .

      LE GARDE (l'entraînant dans les coins sombres): Pas de danger !

      UN HOMME (s'asseyant par terre avec d'autres porteurs de provisions de bouche): Lorsqu'on vient en avance, on est bien pour manger.

      UN BOURGEOIS (conduisant son fils): Plaçons-nous là, mon fils.

      UN JOUEUR:

       Brelan d'as !

      UN HOMME (tirant une bouteille de sous son manteau et s'asseyant aussi): Un ivrogne Doit boire son bourgogne. . . (il boit): À l'hôtel de Bourgogne !

      LE BOURGEOIS (à son fils): Ne se croirait-on pas en quelque mauvais lieu ? (Il montre l'ivrogne du bout de sa canne): Buveurs. . . (En rompant, un des cavaliers le bouscule): Bretteurs ! (Il tombe au milieu des joueurs): Joueurs !

      LE GARDE (derrière lui, lutinant toujours la femme): Un baiser !

      LE BOURGEOIS (éloignant vivement son fils): Jour de Dieu ! —Et penser que c'est dans une salle pareille Qu'on joua du Rotrou, mon fils.

      LE JEUNE HOMME:

       Et du Corneille !

      UNE BANDE DE PAGES (se tenant par la main, entre en farandole et chante): Tra la la la la la la la la la la lère. . .

      LE PORTIER (sévèrement aux pages): Les pages, pas de farce !. . .

      PREMIER PAGE (avec une dignité blessée): Oh ! Monsieur ! ce soupçon !. . . (Vivement au deuxième, dès que le portier a tourné le dos): As-tu de la ficelle ?

      LE DEUXIÈME:

       Avec un hameçon.

      PREMIER PAGE:

       On pourra de là-haut pêcher quelque perruque.

      UN TIRE-LAINE (groupant autour de lui plusieurs hommes de mauvaise mine): Or çà, jeunes escrocs, venez qu'on vous éduque: Puis donc que vous volez pour la première fois. . .

      DEUXIÈME PAGE (criant à d'autres pages déjà placés aux galeries supérieures): Hep ! Avez-vous des sarbacanes ?

      TROISIÈME PAGE (d'en haut): Et des pois ! (Il souffle et les crible de pois.)

      LE JEUNE HOMME (à son père): Que va-t-on nous jouer ?

      LE BOURGEOIS:

       Clorise.

      LE JEUNE HOMME:

       De qui est-ce ?

      LE BOURGEOIS:

       De monsieur Balthazar Baro. C'est une pièce !. . .

       (Il remonte au bras de son fils.)

      LE TIRE-LAINE (à ses acolytes): . . .La dentelle surtout des canons, coupez-la !

      UN SPECTATEUR (à un autre, lui montrant une encoignure élevée): Tenez, à la première du Cid, j'étais là !

      LE TIRE-LAINE (faisant avec ses doigts le geste de subtiliser): Les montres. . .

      LE BOURGEOIS (redescendant, à son fils): Vous verrez des acteurs très illustres. . .

      LE TIRE-LAINE (faisant le geste de tirer par petites secousses furtives): Les mouchoirs. . .

      LE BOURGEOIS:

       Montfleury. . .

      QUELQU'UN (criant de la galerie supérieure): Allumez donc les lustres !

      LE BOURGEOIS:

       . . .Bellerose, L'Epy, la Beaupré, Jodelet !

      UN PAGE (au parterre): Ah ! voici la distributrice !

      LA DISTRIBUTRICE (paraissant derrière le buffet): Oranges, lait, Eau de frambroise, aigre de cèdre ! (Brouhaha à la porte.)

      UNE VOIX DE FAUSSET:

       Place, brutes !

      UN LAQUAIS (s'étonnant): Les marquis !. . .au parterre ?. . .

      UN AUTRE LAQUAIS:

       Oh ! pour quelques minutes.

       (Entre une bande de petits marquis.)

      UN MARQUIS (voyant la salle à moitié vide): Hé quoi ! Nous arrivons ainsi que les drapiers, Sans déranger les gens ? sans marcher sur les pieds ? Ah, fi ! fi ! fi ! (Is se trouve devant d'autres gentilshommes entrés peu avant): Cuigy ! Brissaille ! (Grandes embrassades.)

      CUIGY:

       Des fidèles !. . .

      

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