La tulipe noire. Alexandre Dumas

Чтение книги онлайн.

Читать онлайн книгу La tulipe noire - Alexandre Dumas страница 7

Автор:
Серия:
Издательство:
La tulipe noire - Alexandre Dumas

Скачать книгу

paraît là au balcon? demanda le jeune homme à l'officier en lui montrant de l'œil seulement le harangueur, qui paraissait fort ému et qui se soutenait à la balustrade plutôt qu'il ne se penchait sur elle.

      —C'est le député Bowelt, répliqua l'officier.

      —Quel homme est ce député Bowelt? Le connaissez-vous?

      —Mais un brave homme, à ce que je crois du moins, monseigneur.

      Le jeune homme, en entendant cette appréciation du caractère de Bowelt faite par l'officier, laissa échapper un mouvement de désappointement si étrange, de mécontentement si visible, que l'officier le remarqua et se hâta d'ajouter:

      —On le dit, du moins, monseigneur. Quant à moi, je ne puis rien affirmer, ne connaissant pas personnellement M. Bowelt.

      —Brave homme, répéta celui qu'on avait appelé monseigneur; est-ce brave homme que vous voulez dire ou homme brave?

      —Ah! monseigneur m'excusera; je n'oserais établir cette distinction vis-à-vis d'un homme que, je le répète à Son Altesse, je ne connais que de visage.

      —Au fait, murmura le jeune homme, attendons, et nous allons bien voir.

      L'officier inclina la tête en signe d'assentiment et se tut.

      —Si ce Bowelt est un brave homme, continua l'altesse, il va drôlement recevoir la demande que ces furieux viennent lui faire.

      Et le mouvement nerveux de sa main qui s'agitait malgré lui sur l'épaule de son compagnon, comme eussent fait les doigts d'un instrumentiste sur les touches d'un clavier, trahissait son ardente impatience si mal déguisée en certains moments, et dans ce moment surtout, sous l'air glacial et sombre de la figure.

      On entendit alors le chef de la députation bourgeoise interpeller le député pour lui faire dire où se trouvaient les autres députés ses collègues.

      —Messieurs, répéta pour la seconde fois M. Bowelt, je vous dis que dans ce moment je suis seul avec M. d'Asperen, et je ne puis prendre une décision à moi seul.

      —L'ordre! l'ordre! crièrent plusieurs milliers de voix.

      M. Bowelt voulut parler, mais on n'entendit pas ses paroles et l'on vit seulement ses bras s'agiter en gestes multiples et désespérés.

      Mais voyant qu'il ne pouvait se faire entendre, il se retourna vers la fenêtre ouverte et appela M. d'Asperen.

      M. d'Asperen parut à son tour au balcon, où il fut salué de cris plus énergiques encore que ceux qui avaient, dix minutes auparavant, accueilli M. Bowelt.

      Il n'entreprit pas moins cette tâche difficile de haranguer la multitude; mais la multitude préféra forcer la garde des États, qui d'ailleurs n'opposa aucune résistance au peuple souverain, à écouter la harangue de M. d'Asperen.

      —Allons, dit froidement le jeune homme pendant que le peuple s'engouffrait par la porte principale du Hoogstraat, il paraît que la délibération aura lieu à l'intérieur, colonel. Allons entendre la délibération.

      —Ah! monseigneur, monseigneur, prenez garde!

      —À quoi?

      —Parmi ces députés, il y en a beaucoup qui ont été en relation avec vous, et il suffit qu'un seul reconnaisse Votre Altesse.

      —Oui, pour qu'on m'accuse d'être l'instigateur de tout ceci. Tu as raison, dit le jeune homme, dont les joues rougirent un instant du regret qu'il avait d'avoir montré tant de précipitation dans ses désirs; oui, tu as raison, restons ici. D'ici, nous les verrons revenir avec ou sans l'autorisation, et nous jugerons de la sorte si M. Bowelt est un brave homme ou un homme brave, ce que je tiens à savoir.

      —Mais, fit l'officier en regardant avec étonnement celui à qui il donnait le titre de monseigneur; mais Votre Altesse ne suppose pas un seul instant, je présume, que les députés ordonnent aux cavaliers de Tilly de s'éloigner, n'est-ce pas?

      —Pourquoi? demanda froidement le jeune homme.

      —Parce que s'ils ordonnaient cela, ce serait tout simplement signer la condamnation à mort de MM. Corneille et Jean de Witt.

      —Nous allons voir, répondit froidement l'Altesse; Dieu seul peut savoir ce qui se passe au cœur des hommes. L'officier regarda à la dérobée la figure impassible de son compagnon, et pâlit. C'était à la fois un brave homme et un homme brave que cet officier.

      De l'endroit où ils étaient restés, l'Altesse et son compagnon entendaient les rumeurs et les piétinements du peuple dans les escaliers de l'Hôtel de Ville.

      Puis on entendit ce bruit sortir et se répandre sur la place, par les fenêtres ouvertes de cette salle au balcon de laquelle avaient paru MM. Bowelt et d'Asperen, lesquels étaient rentrés à l'intérieur, dans la crainte, sans doute, qu'en les poussant, le peuple ne les fit sauter par-dessus la balustrade.

      Puis on vit des ombres tournoyantes et tumultueuses passer devant ces fenêtres.

      La salle des délibérations s'emplissait.

      Soudain le bruit s'arrêta; puis, soudain encore, il redoubla d'intensité et atteignit un tel degré d'explosion que le vieil édifice en trembla jusqu'au faîte.

      Puis enfin le torrent se reprit à rouler par les galeries et les escaliers jusqu'à la porte, sous la voûte de laquelle on le vit déboucher comme une trombe.

      En tête du premier groupe volait, plutôt qu'il ne courait, un homme hideusement défiguré par la joie.

      C'était le chirurgien Tyckelaer.

      —Nous l'avons! nous l'avons! cria-t-il en agitant un papier en l'air.

      —Ils ont l'ordre! murmura l'officier stupéfait.

      —Eh bien! me voilà fixé, dit tranquillement l'Altesse. Vous ne saviez pas, mon cher colonel, si M. Bowelt était un brave homme ou un homme brave. Ce n'est ni l'un ni l'autre.

      Puis continuant à suivre de l'œil, sans sourciller, toute cette foule qui roulait devant lui.

      —Maintenant, dit-il, venez au Buitenhof, colonel; je crois que nous allons voir un spectacle étrange.

      L'officier s'inclina et suivit son maître sans répondre.

      La foule était immense sur la place et aux abords de la prison. Mais les cavaliers de Tilly la contenaient toujours avec le même bonheur et surtout avec la même fermeté.

      Bientôt, le comte entendit la rumeur croissante que faisait en s'approchant ce flux d'hommes, dont il aperçut bientôt les premières vagues roulant avec la rapidité d'une cataracte qui se précipite.

      En même temps, il aperçut le papier qui flottait en l'air, au-dessus des mains crispées et des armes étincelantes.

      —Eh! fit-il en se levant sur ses étriers et en touchant son lieutenant du pommeau de son épée, je crois que les misérables ont leur ordre.

      —Lâches

Скачать книгу