Expériences et observations sur l'électricité faites à Philadelphie en Amérique. Бенджамин Франклин
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»Je me mis à la place du paralytique, & j'observai que les muscles & les parties auxquelles ils aboutissent se mouvoient quand on en tiroit une étincelle, sans qu'il fût en mon pouvoir de l'empêcher, & que suivant que l'on tiroit une étincelle, par exemple, des muscles extenseurs ou fléchisseurs du carpe ou des doigts, ils se baissoient ou s'élevoient en sens opposés. Cette observation me donna quelqu'espérance pour - le paralytique, & après l'avoir souvent exposé aux étincelles électriques & quelquefois à la commotion, je remarquai des changemens en bien, & le 10. Janvier le bras paralytique avoit repris beaucoup d'embonpoint, le malade commençoit à étendre les doigts. Le 24. Janvier les mouvemens de l'avant-bras & du bras se faisoient mieux, il approchoit la main de son chapeau. Le 30. Janvier il avoit tiré son chapeau; l'avant-bras affecté étoit aussi rempli de chair que l'avant bras sain, & le bras augmentoit considérablement; le poignet pouvoit faire les différens mouvemens, lors même que la main étoit chargée d'une bouteille tenant un pinte.» Une lettre de Genève du 28. Février porte que le paralytique tiroit son chapeau sans peine, qu'il manioit de gros marteaux, & qu'il comptoit pouvoir forger en peu de jours.
Il a été soutenu 4 en l'année 1751. dans l'Université de Prague en Bohême, une Thèse de médecine sur l'utilité de l'électricité pour la guérison des maladies. Quoique les expériences & les observations dont cette thèse est remplie, n'ayent pas toutes le mérite de la nouveauté, elles sont trop intéressantes par leur objet & par l'ordre dans lequel elles sont rapportées, pour ne pas trouver place dans cette histoire. Après avoir examiné les effets de l'électricité tant sur les corps fluides, que sur les corps solides en général qui ont été exposés à son action, & après avoir prouvé par des expériences suivies & comparées que l'électricité augmente l'évaporation naturelle de la plupart des uns, & la transpiration insensible des autres: après avoir expliqué comment & pourquoi l'électricité accélère l'écoulement des liqueurs dans les tuyaux capillaires dont elle rend les jets continus & divergens, & qu'elle ne produit pas le même effet dans des tuyaux d'un plus grand diamètre 5: après avoir fait voir par une expérience déjà connuë que la végétation des plantes est avancée par l'électricité: enfin après avoir démontré par le résultat de quantité d'expériences combinées & répétées de différentes manières en différens tems sur des corps animés de différens genres, que l'électricité augmente la transpiration des animaux en favorisant en eux le mouvement des fluides & l'action tonique des solides, l'auteur de cette thèse pour rechercher les maladies auxquelles l'électrisation pourroit servir de remède, prend pour exemple la paralysie dont il examine en détail les différens symptômes & les différens effets. Après avoir cité l'opinion d'un fameux Professeur 6 en médecine de Montpellier, qui prétend que le fluide nerveux n'est autre chose que le fluide électrique. Il rapporte les raisons qui appuyent cette conjecture & adopte son sentiment. Il ne doute même pas que ce fluide qui parcourt les nerfs avec une vîtesse incompréhensible, pour mettre les muscles en mouvement au premier ordre de la volonté, n'ait la plus grande part à l'origine, à la vigueur & à l'entretien de la chaleur naturelle. De là il passe aux diverses méthodes de traiter les paralysies, & n'oublie pas celle d'y appliquer l'électricité. Il en prouve l'efficacité par le traitement circonstancié, par le changement en mieux & par la guérison parfaite de quatre paralytiques, par le soulagement d'un rhumatisme très-douloureux, par la résolution des nodus & le rétablissement des forces d'un gouteux & d'un autre malade privés l'un & l'autre de l'usage de leurs membres. Enfin il termine sa dissertation par les positions suivantes.
Note 4: (retour) Par M. J. Bohadsch.
Note 5: (retour) Il est vraisemblable que cette différence ne vient que de ce que les écoulemens de la matière électrique ne sont pas aussi abondans que ceux des liqueurs dans de larges tuyaux. Si l'électricité étoit assez forte & assez abondante, elle accéléreroit, diviseroit & rendroit divergens les jets de toute sorte de tuyaux également.
Note 6: (retour) M. de Sauvages.
I. Electricitas in arte medicâ est adhibenda.
II. Electricitas auget naturalem animalium transpirationem.
III. Hæc acceleratio transpirationis in hominibus fit per vasa capillaria exhalantia, & non per glandulas subcutaneas.
IV. Fluidum nerveum fluidum electricum dici potest.
V. Nervi sensorii à motoriis non sunt distincti.
VI. Hemiplegiæ causa proxima est immeabilitas fluidi nervei per nervos.
VII. Hemiglegia præ reliquis morbis electrisatione curanda.
VIII. Etiam febris intermittens electrisatione debellari potest. &c. &c.
Il a paru dans les nouvelles publiques des années 1753. & 1754. des relations détaillées de diverses guérisons opérées par l'électricité sur des sourds & des aveugles en différentes contrées de l'Europe. Malgré les autorités dont elle étoient revêtuës, quoique quelques-unes de ces guérisons m'ayent été attestées par un jeune médecin Suédois 7 qui avoit apporté à Paris un excellent globe dans l'intention d'y faire des miracles, elles n'ont point assez gagné ma confiance pour me paroître mériter d'avoir place dans cette histoire.
Note 7: (retour) M. Lindulf.
La persuasion où l'on est que la matière électrique pénètre les corps auxquels on la communique, de même que ceux qui la contiennent naturellement, a encore donné occasion d'imaginer des moyens pour en tirer de l'utilité. On a pensé que si elle pénètre les parties du corps humain, auxquelles elle n'est par elle-même capable que de donner de l'ébranlement, elle pourroit servir de véhicule à des remèdes que l'on voudroit faire passer dans l'intérieur de ces parties. De quel avantage ne seroit pas cette propriété, si elle se trouvoit avoir quelque réalité? On trouvera dans la suite de cet ouvrage ce que l'on doit attendre de cette idée.
M. Bose célèbre Professeur de Physique à Wittemberg rapporte une expérience qui a vainement occupé la plupart des Physiciens. Un enfant ou un adulte placé sur un gâteau de résine touche de la main le globe ou la poignée d'une épée actuellement électrisée par sa pointe auprès du globe, il acquiert en peu de tems une si grande quantité de feu électrique que d'abord ses pieds, ensuite ses jambes, ses genoux & enfin tout son corps paroissent dans l'obscurité en être environnés de tous côtés comme d'un nuage lumineux semblable à la gloire dont les peintres entourent le portrait d'un saint. C'est pour cette raison que l'auteur a nommé cette expérience la Béatification. Tous ceux qui l'ont tentée se plaignent de ce que M. Bose n'en a pas donné un détail assez circonstancié. Il avouë aussi lui-même qu'elle lui a souvent manqué. L'on conçoit en effet qu'il faut un tems & des circonstances bien favorables pour pouvoir accumuler sur un homme