Gunnar et Nial scènes et moeurs de la vieille Islande. Anonyme

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Gunnar et Nial scènes et moeurs de la vieille Islande - Anonyme

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pour peu qu'il y eût mis de constance.

      «—Comment cela?» répliqueras-tu d'un ton de curiosité pure.

      «Rut alors ne manquera pas de t'expliquer de quelle façon doit se faire la citation. Il t'en révélera de lui-même la formule, dont tu noteras soigneusement chaque mot dans ta mémoire. Peut-être même, en manière de passe-temps, te demandera-t-il de la répéter. Tu t'en tireras d'abord de travers, ce qui le fera rire et lui ôtera tout soupçon de l'esprit. Il te l'énoncera de nouveau, et tu la rediras après lui comme un écolier qui épèle après le maître, mais cette fois d'une manière correcte, et en prenant tes compagnons à témoin «de la citation que tu adresses à Rut au sujet de l'affaire confiée à toi par la fille de Mord». De cette façon il lui sera impossible plus tard d'opposer aucune sorte de déclinatoire devant le tribunal, puisqu'il t'aura lui-même indiqué la procédure à suivre en l'espèce... À la nuit, quand tout le monde sera plongé dans le sommeil, toi et tes compagnons vous prendrez sans bruit vos freins et vos harnais, et, vous glissant dehors, vous partirez sur vos chevaux gras en laissant les autres. Vous gagnerez les montagnes par les pâtis, et vous y resterez trois nuits, temps pendant lequel on vous cherchera. Ensuite vous reviendrez chez vous, mais seulement de nuit, vous reposant le jour... L'été prochain, moi et les miens nous nous rendrons à l'alting pour vous y aider à conduire l'instance.»

      *

       * *

      Gunnar suivit de point en point les instructions de son ami Nial. Il prit avec lui deux hommes et partit dans la direction de la Laxa.

      Des gens qu'il croisa en route demandèrent quel était ce personnage dont on ne voyait que le bout du nez. Sur la réponse que c'était Hédin, le marchand du fiord des Îles, ils parurent fort aises de laisser derrière eux un individu d'aussi mauvais renom.

      Gunnar joua parfaitement son rôle tout du long. Arrivé dans la vallée de la Laxa, il coucha à la ferme d'Hogi, où les domestiques, sur l'ordre du maître, s'abstinrent de se commettre avec lui. Le lendemain, il remonta à cheval et gagna le bœr voisin de la Rutstad. Là il se prit de querelle avec le fermier. Rut, averti du tapage, manda chez lui le faux Hédin, le traita fort amicalement et lui donna la place d'honneur à sa table. De propos en propos, la conversation prit le cours que Nial avait prévu; Rut finit par prononcer la formule, et, la seconde fois, Gunnar la redit sans se tromper.

      «Est-ce bien comme cela? demanda-t-il à son hôte.

      —Parfaitement, répliqua celui-ci; la citation, le cas échéant, ne pourrait pas être invalidée.

      —Eh bien, je te cite pour l'affaire que m'a commise Unne, fille de Mord,» reprit Gunnar d'une voix assez haute pour que ses compagnons l'entendissent.

      Rut, croyant à un simple jeu, ne conçut néanmoins aucune défiance, et, le moment venu, on alla se coucher.

      *

       * *

      Cette même nuit, Hogi, le frère de Rut, sauta de son lit en sursaut, éveilla ses gens et leur dit:

      «Il faut que je vous raconte un rêve que je viens de faire. Il m'a semblé qu'un ours énorme sortait d'ici, suivi de deux oursons, et qu'ils avaient pris le chemin de la Rutstad. Dites-moi, n'avez-vous rien remarqué de particulier chez ce grand gaillard que nous avons hébergé hier soir?»

      Quelqu'un répondit qu'il avait vu reluire sous sa manche un joyau et un morceau d'étoffe rouge, et que l'homme, en outre, portait au doigt un anneau d'or.

      «En ce cas, s'écria Hogi, l'ours de mon rêve, c'était le génie tutélaire de Gunnar de Lidarende[12]... Vite, en route pour la Rutstad! nous n'avons pas un instant à perdre.»

      Une fois là-bas, on éveilla Rut.

      «As-tu des hôtes? lui demanda son frère.

      —Oui, Hédin, le marchand du fiord des Îles.

      —Non pas, mais un homme d'une tout autre trempe, Gunnar, fils d'Hamund.

      —Alors il m'a vaincu de ruse, et me voilà pris.

      —Comment cela?»

      Rut raconta ce qui s'était passé.

      «Ce n'est pas là une idée de Gunnar seul, observa Hogi; Nial de Bergtorsvol lui avait fait certainement la leçon.»

      On chercha partout Hédin le marchand; il avait disparu.

      On rassembla du monde, et pendant trois jours on battit le pays sans rien découvrir.

      Le temps de l'alting venu, les deux parties se présentèrent en justice. Gunnar, assisté de Nial et de ses témoins, introduisit sa plainte suivant la procédure en usage; mais, au lieu de la suivre par les voies de droit, il fit à Rut ce que celui-ci avait fait à Mord; il lui posa cette alternative: rendre la dot, ou accepter le combat singulier. Pour la première fois de sa vie, le frère d'Hogi recula. Plutôt que de se mesurer corps à corps avec le terrible champion de Lidarende, il aima mieux se dessaisir de la dot, qui retourna ainsi aux mains de la cousine de Gunnar.

       Table des matières

      halvard le rouge chez gunnar

      Dans l'automne de cette même année, trois navires arrivant de Norwège atterrirent à la côte sud-ouest de l'Islande, non loin de Lidarende. Leurs coques ventrues logeaient toutes sortes de marchandises, tonnes d'hydromel et draps d'Angleterre, ambre de Livonie, anneaux d'or et d'argent de Garderige (Russie), hanaps et cornes, sans parler d'une provision de ces calendriers Scandinaves que l'on désignait sous le nom de runes.

      Dès que les bâtiments eurent jeté leur passerelle (bryggia), les denrées, la plupart de prix, et d'une provenance plus ou moins suspecte, furent apportées en tas au rivage; puis on établit près du fiord des espèces de hangars surmontés de tentes, et sur la place même, comme c'était la coutume, le marché s'ouvrit.

      Or le patron de la flottille était un nommé Halvard le Rouge, vieux marin à la peau tannée par les tempêtes et au visage couturé de cicatrices. Le marchand se doublait en lui d'un viking, et, pour dire la vérité vraie, ce n'étaient que ses profits de viking qui lui permettaient de faire le négoce. Longtemps feu Hamund, le père de Gunnar, avait navigué en sa compagnie, et, après que ledit Hamund s'en fut allé dans le Walhalla, dont ses exploits lui ouvraient d'avance la grande porte, se reposer de ses laborieuses pirateries, Halvard le Rouge avait continué d'écumer consciencieusement l'Océan.

      Gunnar lui-même avait fait, tout jeune, un voyage en Norwège avec son père, et il y avait vu ce viking, dont la taille gigantesque, le crâne de bison et la rousse chevelure n'étaient jamais sortis de sa mémoire. Aussi, bien que depuis lors il se fût écoulé une vingtaine d'années, n'eut-il aucune peine à le reconnaître quand celui-ci vint, suivant l'habitude, demander l'hospitalité à son bœr, qui se trouvait le plus proche du fiord où avait abordé la flottille. Suivant la coutume également, la saison étant avancée, il invita Halvard le Rouge à passer la nuit d'hiver sous son toit.

      *

       * *

      Bonne

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