Les zones critiques d'une anthropologie du contemporain. Группа авторов

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et autocritiqué et débattu, ne sera jamais fondamentalement remis en cause. Sauf qu’aujourd’hui errant dans un champ de ruines sans repères il peut paraître présomptueux et même inexact de parler encore d’un champ marxiste, d’une part, et, bien sûr, d’opportunité de l’autre…

      Comme il le dit lui-même, le fil conducteur pour comprendre sa pensée, qui n’évolue pas au gré des circonstances, est son activité de chercheur engagé. Cet engagement militant s’est d’abord exprimé en faveur de l’Algérie. En effet, il avait été invité à enseigner, à l’été 1963, à l’université d’Alger, comme « pied rouge » alors qu’il n’avait pas encore obtenu sa licence. Plus tard, il a tout autant refusé, à la fin des années 1970, d’aller enseigner au Mozambique dans le cadre de la « coopération rouge », comme il l’explique dans ses notes de séminaire :

      La clôture de la longue marche ?

      La question du développement a jalonné toute la trajectoire de Jean Copans. Il en était déjà question lors de ses recherches sur la confrérie mouride. L’utopie de développement était alors forte au Sénégal. C’est dans un tel contexte que Jean a analysé la confrérie mouride confrontée aux impératifs du développement de l’agriculture de rente. Mais cette question est abordée en pointillé dans différentes thématiques : la sécheresse, les classes ouvrières, le champ politique africain. À ce propos, il précise :

      Mon arrivée à Paris-Descartes se fait encore sous le signe d’une liberté pédagogique et je donne les deux grands cours de licence, l’un en sociologie du développement et l’autre en anthropologie économique […] Avec Yves Charbit nous élaborons une filière développement, ce qui me permet de passer du champ général du changement social mondial au champ socio-anthropologique plus spécifique de l’organisation du développement. Je m’insère totalement dans le courant français symbolisé par les disciples de Jean-Pierre Olivier de Sardan, je deviens un membre actif du Comité de rédaction de la Revue Tiers monde, j’organise mon séminaire de sociologie de la connaissance anthropologique à l’EHESS autour de ce domaine qui donne lieu à la publication du numéro 191 de Revue Tiers Monde intitulé « Itinéraires de chercheurs » (2007). Ce dernier avait été précédé de la publication d’un manuel dans la collection 128 chez A. Colin puis d’un numéro double des Cahiers d’Études africaines « Les sciences sociales au miroir du développement » [202-203 | 2011] en co-direction avec C. Freud.

      Intellectuel engagé, courageux et déterminé, son espace de prédilection se situe dans le territoire de l’hétérodoxie, de l’indocilité. Mais jamais de l’insouciance. Sa brillante carrière constitue une forme particulière de célébration du savoir, de la liberté de penser, de se révolter. L’activité intellectuelle immense de Jean a embrassé différents domaines des sciences humaines. Il s’est engagé délibérément, et souvent le premier, hors des sentiers battus. Dans ce territoire-là, nos chemins se sont parfois croisés depuis la fin des années 1970. J’en ai tiré un bénéfice évident que j’ai tenté de raconter en décrivant une partie de nos cheminements respectifs. Malgré les réactions et l’irritation notées parfois à la suite de la publication de certains de ses papiers et surtout de La longue marche de la modernité africaine, je n’ai pas eu connaissance d’une critique systématique de ses travaux, y compris parmi les radicaux africains qu’il interpelle dans ce livre. En 2010, il a également lancé un appel aux intellectuels africains, dans des termes qui m’ont profondément ému, en leur demandant de ne pas abandonner

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