Les AA en prison : d’un détenu à l’autre. Anonyme

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Les AA en prison : d’un détenu à l’autre - Anonyme

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Chaque fois que je me soûlais, je voulais vider une bouteille de somnifères. Mais, je me souvenais alors de ma dernière tentative : les larmes qui coulaient sur le visage de mon fils. Et ma fille qui a décidé d’aller vivre chez son père pour fuir les difficultés.

      Mon psychiatre a été patient. Il a toujours été là quand j’ai eu besoin de lui. Je crois que j’ai arrêté de boire pour lui faire plaisir. J’ai cessé trois mois avant mon procès. J’ai su que je pourrais vivre mon enfer sans alcool. Ce fut quand même horrible. Je pouvais au moins contrôler mon instinct suicidaire.

      C’est alors que je me suis demandé : pourrais-je vivre normalement sans boire? Que faire lors des fêtes? Tous mes amis boivent. Enfin, la plupart le font. J’avais plusieurs amis qui étaient membres des AA. À l’époque, j’habitais sur la plage. Autour de moi, on ne pensait qu’à faire la fête. J’ai commencé à boire du tonic et de la lime, sans alcool. Personne ne s’en est offusqué! Et je m’amusais quand même. J’avais encore des amis.

      En réalité, mes amis qui buvaient m’aidaient. Mes amis qui ne buvaient pas m’aidaient aussi. Tout le monde s’occupait de moi. J’ai commencé à faire confiance à mes amis. J’ai commencé à me fier à eux. C’était la première fois de ma vie que je faisais ça. Personne ne m’a snobée.

      J’ai commencé à avoir de longues conversations avec mes amis AA. Ils étaient là pour moi 24 heures par jour. Finalement, l’une d’elles m’a convaincue d’assister à une réunion. En fait, j’y suis allée pour avoir la paix. Une fois de plus, la chaleur que j’ai trouvée là m’a surprise. Certaines personnes savaient que j’étais en attente d’un procès pour meurtre. Peu importe, elles m’ont témoigné de la sympathie.

      J’ai commencé à comprendre des choses importantes : toute ma vie, c’est moi qui repoussais les gens. Je me suis menti et j’ai menti aux autres. J’ai appris que les gens m’aimaient vraiment. Ils n’agissaient pas par intérêt. À ce moment, je n’avais rien à donner, sauf moi-même.

      J’ai subi mon procès et j’ai été condamnée pour homicide involontaire. Je me suis retrouvée en prison et j’y suis toujours. J’ai ressenti beaucoup de peur et de culpabilité, et j’avais perdu espoir. C’est à ce moment que je me suis jointe au groupe des AA de la prison. Les conférenciers venant de l’extérieur m’ont apporté du soutien moral, mais je ne les croyais pas encore quand ils disaient : « Les choses vont aller mieux. Confie tes problèmes à Dieu. »

      Comment Dieu pouvait-il m’aider dans ma position? Il n’allait pas me faire sortir de prison. Il ne ferait pas taire ces 80 femmes dans le dortoir pour me permettre de dormir la nuit. Pas plus qu’Il ne pourrait les empêcher de voler, de jurer et de se battre. Dieu est peut-être partout, mais je ne L’ai pas vu ici!

      Puis, j’ai commencé à accepter ma situation. J’ai continué d’aller aux réunions des AA et à l’église. J’espérais qu’il se passerait quelque chose – je ne savais pas trop quoi. C’est alors que j’ai commencé à aller un peu mieux. De temps à autre, je souriais. J’ai même commencé à nourrir de meilleurs sentiments à l’égard de ces affreuses créatures qui m’entouraient. J’ai soudain compris quelque chose d’important : ces « créatures » avaient des noms, des émotions et des peurs, tout comme moi! J’ai commencé à en réconforter quelques-unes. J’ai commencé à leur donner des conseils. Et pendant un certain temps, je me suis oubliée. En les aidant, je me suis aidée.

      Un jour que je voulais écrire une lettre, j’ai dit que je manquais de papier. Soudain, j’ai eu assez de papier pour écrire tout un livre! Trois ou quatre détenues sont venues vers moi. Elles m’ont donné des feuilles de leur réserve personnelle de papier. J’avais été aveugle. Elles étaient là qui frappaient à ma porte et j’avais trop peur pour leur ouvrir. J’ai fini par ouvrir la porte.

      Aujourd’hui, les choses vont bien mieux. Mes amis d’ici me réconfortent. Mes amis de l’extérieur font ce qu’ils peuvent eux aussi. Je commence à vivre selon les suggestions des AA. Je vis dans les Douze Étapes. Cela me rend la vie meilleure, et meilleure aussi pour ceux qui m’entourent.

      J’apprends ce que je dois apprendre. Quand je sortirai d’ici, je serai assez forte pour survivre. Grâce à Dieu, aux AA, à l’église, à une famille aimante et à mes amis, je sais que j’y arriverai – un jour à la fois.

      –H.P., Floride

      JE NE SUIS PLUS

      UN IMPOSTEUR

      Deux mots m’ont sauté au visage directement du chapitre cinq du Gros Livre : « rigoureuse honnêteté ». Le chapitre cinq mentionne trois fois l’honnêteté dans la première page. Mais pourquoi a-t-on ajouté « rigoureuse »?

      Quand je suis arrivé chez les AA, j’ai tenté de suivre le programme. J’ai essayé la Quatrième Étape. Au moins, je comprenais : pour réussir dans ce programme, il fallait que je sois honnête avec moi-même. Sans honnêteté, il m’est impossible de faire les Étapes. Je ne peux pas suivre le programme, je ne peux pas demeurer abstinent.

      Pour illustrer comment cela a affecté ma vie, je vais vous raconter une expérience vécue. Le temps que j’ai passé avec d’autres détenus chez les AA et d’autres détenus qui songent à se joindre aux AA. En prison, il y a un code non écrit. Il affecte nos décisions chaque jour. Chaque jour, une personne doit faire un choix : serais-je honnête ou pas?

      Je travaille ici comme dessinateur industriel. J’aide à faire les plans pour la construction d’immeubles. J’ai accès à des fournitures d’art. J’avais besoin d’augmenter mes revenus. J’ai donc décidé de dessiner et de vendre des cartes de voeux. C’était un « passe-temps » rémunérateur.

      J’étais en position idéale. Je pouvais acheter des fournitures à prix réduit. C’est ce que nous devons faire si nous voulons dessiner dans nos cellules. Je pouvais prendre les autres fournitures à mon travail. Je travaillais bien pour eux cinq jours par semaine. Pourquoi ne pourrais-je pas « emprunter » quelques fournitures?

      À la même époque, j’ai commencé à faire de la « politique » chez les AA. (À cette époque, j’étais aussi « vrai » qu’un billet de trois dollars.) J’ai réussi à négocier assez de soutien et de votes pour être élu secrétaire. J’étais une huile dans un des plus importants groupes des AA du Service correctionnel du Texas.

      C’est alors que le sable est entré dans l’engrenage. J’ai décidé d’entreprendre la lecture des livres sur le programme. Je l’ai fait pour ne pas être pris en défaut. Je craignais qu’on me pose une question à laquelle je ne pourrais répondre.

      La plupart des membres des AA savent la suite – je suis devenu accro au programme! C’est alors que j’ai éprouvé une crise de conscience.

      Jour et nuit, je me suis débattu avec cette question. Le dimanche, je me levais devant 200 personnes pour leur dire que les AA étaient un programme fondé sur l’honnêteté et je ne pouvais même pas être honnête avec moi-même.

      Je ne saurais dire à quel moment cela m’a frappé, mais c’est arrivé. Je me suis débarrassé de tous les produits volés que j’avais chez moi (dans ma cellule). On nous dit de nous débarrasser de cet énorme poids que nous portons sur nos épaules. Je l’ai fait. C’était comme si j’avais maigri de 10 000 livres.

      Je

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