LUPIN: Les aventures complètes. Морис Леблан
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Daspry, lui, s’occupait peu des deux cartes, tout entier à l’étude d’un autre problème dont la solution lui semblait plus urgente : il cherchait inlassablement la fameuse cachette.
– Et qui sait, disait-il, si je n’y trouverais point les lettres que Salvator n’y a point trouvées… par inadvertance peut-être. Il est si peu croyable que les frères Varin aient enlevé d’un endroit qu’ils supposaient inaccessible l’arme dont ils savaient la valeur inappréciable.
Et il cherchait. La grande salle n’ayant bientôt plus de secrets pour lui, il étendait ses investigations à toutes les autres pièces du pavillon : il scruta l’intérieur et l’extérieur, il examina les pierres et les briques des murailles, il souleva les ardoises du toit.
Un jour, il arriva avec une pioche et une pelle, me donna la pelle, garda la pioche et, désignant le terrain vague :
– Allons-y.
Je le suivis sans enthousiasme. Il divisa le terrain en plusieurs sections qu’il inspecta successivement. Mais, dans un coin, à l’angle que formaient les murs des deux propriétés voisines, un amoncellement de moellons et de cailloux recouverts de ronces et d’herbes attira son attention. Il l’attaqua.
Je dus l’aider. Durant une heure, en plein soleil, nous peinâmes inutilement. Mais lorsque, sous les pierres écartées, nous parvînmes au sol lui-même et que nous l’eûmes éventré, la pioche de Daspry mit à nu des ossements, un reste de squelette autour duquel s’effiloquaient encore des bribes de vêtements.
Et soudain je me sentis pâlir. J’apercevais fichée en terre une petite plaque de fer, découpée en forme de rectangle et où il me semblait distinguer des taches rouges. Je me baissai. C’était bien cela : la plaque avait les dimensions d’une carte à jouer, et les taches rouges, d’un rouge de minium rongé par places, étaient au nombre de sept, disposées comme les sept points d’un sept de cœur, et percées d’un trou à chacune des sept extrémités.
– Écoutez, Daspry, j’en ai assez de toutes ces histoires. Tant mieux pour vous si elles vous intéressent. Moi, je vous fausse compagnie.
Était-ce l’émotion ? Était-ce la fatigue d’un travail exécuté sous un soleil trop rude, toujours est-il que je chancelai en m’en allant, et que je dus me mettre au lit, où je restai quarante-huit heures, fiévreux et brûlant, obsédé par des squelettes qui dansaient autour de moi et se jetaient à la tête leurs cœurs sanguinolents.
Daspry me fut fidèle. Chaque jour, il m’accorda trois ou quatre heures, qu’il passa, il est vrai, dans la grande salle, à fureter, cogner, et tapoter.
– Les lettres sont là, dans cette pièce, venait-il me dire de temps à autre, elles sont là. J’en mettrais ma main au feu.
– Laissez-moi la paix, répondais-je, horripilé.
Le matin du troisième jour, je me levai, assez faible encore, mais guéri. Un déjeuner substantiel me réconforta. Mais un petit bleu que je reçus vers cinq heures contribua plus que tout à mon complet rétablissement, tellement ma curiosité fut, de nouveau et malgré tout, piquée au vif.
Le pneumatique contenait ces mots :
« Monsieur,
« Le drame dont le premier acte s’est passé dans la nuit du 22 au 23 juin touche à son dénouement. La force même des choses exigeant que je mette en présence l’un de l’autre les deux principaux personnages de ce drame et que cette confrontation ait lieu chez vous, je vous serais infiniment reconnaissant de me prêter votre domicile pour la soirée d’aujourd’hui. Il serait bon que, de neuf heures à onze heures, votre domestique fût éloigné, et préférable que vous-même eussiez l’extrême obligeance de bien vouloir laisser le champ libre aux adversaires. Vous avez pu vous rendre compte, dans la nuit du 22 au 23 juin, que je poussais jusqu’au scrupule le respect de tout ce qui vous appartient. De mon côté, je croirais vous faire injure si je doutais un seul instant de votre absolue discrétion à l’égard de celui qui signe
« Votre dévoué,
« SALVATOR. »
Il y avait dans cette missive un ton d’ironie courtoise, et, dans la demande qu’elle exprimait, une si jolie fantaisie, que je me délectai. C’était d’une désinvolture charmante, et mon correspondant semblait tellement sûr de mon acquiescement ! Pour rien au monde, je n’eusse voulu le décevoir ou répondre à sa confiance par l’ingratitude.
À huit heures, mon domestique, à qui j’avais offert une place de théâtre, venait de sortir, quand Daspry arriva. Je lui montrai le petit bleu.
– Eh bien ? me dit-il.
– Eh bien ! Je laisse la grille du jardin ouverte, afin que l’on puisse entrer.
– Et vous vous en allez ?
– Jamais de la vie !
– Mais puisqu’on vous demande…
– On me demande la discrétion. Je serai discret. Mais je tiens furieusement à voir ce qui va se passer.
Daspry se mit à rire.
– Ma foi, vous avez raison, et je reste aussi. J’ai idée qu’on ne s’ennuiera pas.
Un coup de timbre l’interrompit.
– Eux déjà ? murmura-t-il, et vingt minutes en avance ! Impossible.
Du vestibule, je tirai le cordon qui ouvrait la grille. Une silhouette de femme traversa le jardin : Mme Andermatt.
Elle paraissait bouleversée, et c’est en suffoquant qu’elle balbutia :
– Mon mari… il vient… il a rendez-vous… on doit lui donner les lettres…
– Comment le savez-vous ? lui dis-je.
– Un hasard. Un mot que mon mari a reçu pendant le dîner.
– Un petit bleu ?
– Un message téléphonique. Le domestique me l’a remis par erreur. Mon mari l’a pris aussitôt, mais il était trop tard… j’avais lu.
– Vous aviez lu…
– Ceci à peu près : « À neuf heures, ce soir, soyez au boulevard Maillot avec les documents qui concernent l’affaire. En échange, les lettres. »
Après le dîner je suis remontée chez moi et je suis sortie.
– À l’insu de M. Andermatt ?
– Oui.
Daspry me regarda.
– Qu’en pensez-vous ?
– Je pense ce que vous pensez, que M. Andermatt est un des adversaires convoqués.
– Par qui ? Et dans quel but ?
– C’est précisément