Arsène Lupin contre Herlock Sholmès: Les aventures du gentleman-cambrioleur. Морис Леблан

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Arsène Lupin contre Herlock Sholmès: Les aventures du gentleman-cambrioleur - Морис Леблан

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saisit tout à coup la main de Ganimard.

      – Voyons, Ganimard, avoue que huit jours après notre entrevue dans la prison de la Santé, tu m’as attendu à quatre heures, chez toi, comme je t’en avais prié.

      – Et ta voiture pénitentiaire ? dit Ganimard évitant de répondre.

      – Du bluff ! Ce sont mes amis qui ont rafistolé et substitué cette ancienne voiture hors d’usage et qui voulaient tenter le coup, Mais je le savais impraticable sans un concours de circonstances exceptionnelles. Seulement, j’ai trouvé utile de parachever cette tentative d’évasion et de lui donner la plus grande publicité. Une première évasion audacieusement combinée donnait à la seconde la valeur d’une évasion réalisée d’avance.

      – De sorte que le cigare…

      – Creusé par moi ainsi que le couteau.

      – Et les billets ?

      – Écrits par moi.

      – Et la mystérieuse correspondante ?

      – Elle et moi nous ne faisons qu’un. J’ai toutes les écritures à volonté. Ganimard réfléchit un instant et objecta :

      – Comment se peut-il qu’au service d’anthropométrie, quand on a pris la fiche de Baudru, on ne se soit pas aperçu qu’elle coïncidait avec celle d’Arsène Lupin ?

      – La fiche d’Arsène Lupin n’existe pas.

      – Allons donc !

      – Ou du moins elle est fausse. C’est une question que j’ai beaucoup étudiée. Le système Bertillon comporte d’abord le signalement visuel – et tu vois qu’il n’est pas infaillible – et ensuite le signalement par mesures, mesure de la tête, des doigts, des oreilles, etc. Là, par contre, rien à faire.

      – Alors ?

      – Alors il a fallu payer. Avant même mon retour d’Amérique, un des employés du service acceptait tant pour inscrire une fausse mesure au début de ma mensuration. C’est suffisant pour que tout le système dévie, et qu’une fiche s’oriente vers une case diamétralement opposée à la case où elle devait aboutir. La fiche Baudru ne devait donc pas coïncider avec la fiche Arsène Lupin.

      Il y eut encore un silence, puis Ganimard demanda :

      – Et maintenant que vas-tu faire ?

      – Maintenant, s’exclama Lupin, je vais me reposer, suivre un régime de suralimentation et peu à peu redevenir moi. C’était très bien d’être Baudru ou tel autre, de changer de personnalité comme de chemise et de choisir son apparence, sa voix, son regard, son écriture. Mais il arrive que l’on ne s’y reconnaît plus dans tout cela et que c’est fort triste. Actuellement, j’éprouve ce que devait éprouver l’homme qui a perdu son ombre. Je vais me rechercher… et me retrouver.

      Il se promena de long en large. Un peu d’obscurité se mêlait à la lueur du jour. Il s’arrêta devant Ganimard.

      – Nous n’avons plus rien à nous dire, je crois ?

      – Si, répondit l’inspecteur, je voudrais savoir si tu révéleras la vérité sur ton évasion… L’erreur que j’ai commise…

      – Oh ! Personne ne saura jamais que c’est Arsène Lupin qui a été relâché. J’ai trop d’intérêt à accumuler autour de moi les ténèbres les plus mystérieuses pour ne pas laisser à cette évasion son caractère presque miraculeux. Aussi, ne crains rien, mon bon ami, et adieu. Je dîne en ville ce soir, et je n’ai que le temps de m’habiller.

      – Je te croyais si désireux de repos !

      – Hélas ! Il y a des obligations mondaines auxquelles on ne peut se soustraire. Le repos commencera demain.

      – Et où dînes-tu donc ?

      – À l’ambassade d’Angleterre.

       Le mystérieux voyageur

      Table des matières

      La veille, j’avais envoyé mon automobile à Rouen par la route. Je devais l’y rejoindre en chemin de fer, et, de là, me rendre chez des amis qui habitent les bords de la Seine.

      Or, à Paris, quelques minutes avant le départ, sept messieurs envahirent mon compartiment ; cinq d’entre eux fumaient. Si court que soit le trajet en rapide, la perspective de l’effectuer en une telle compagnie me fut désagréable, d’autant que le wagon, d’ancien modèle, n’avait pas de couloir. Je pris donc mon pardessus, mes journaux, mon indicateur, et me réfugiai dans un des compartiments voisins.

      Une dame s’y trouvait. À ma vue, elle eut un geste de contrariété qui ne m’échappa point, et elle se pencha vers un monsieur planté sur le marchepied, son mari, sans doute, qui l’avait accompagnée à la gare. Le monsieur m’observa, et l’examen se termina probablement à mon avantage, car il parla bas à sa femme, en souriant, de l’air dont on rassure un enfant qui a peur. Elle sourit à son tour, et me glissa un œil amical, comme si elle comprenait tout à coup que j’étais un de ces galants hommes avec qui une femme peut rester enfermée deux heures durant, dans une petite boîte de six pieds carrés, sans avoir rien à craindre.

      Son mari lui dit :

      – Tu ne m’en voudras pas, ma chérie, mais j’ai un rendez-vous urgent, et je ne puis attendre.

      Il l’embrassa affectueusement, et s’en alla. Sa femme lui envoya par la fenêtre de petits baisers discrets, et agita son mouchoir.

      Mais un coup de sifflet retentit. Le train s’ébranla.

      À ce moment précis, et malgré les protestations des employés, la porte s’ouvrit et un homme surgit dans notre compartiment. Ma compagne, qui était debout alors et rangeait ses affaires le long du filet, poussa un cri de terreur et tomba sur la banquette.

      Je ne suis pas poltron, loin de là, mais j’avoue que ces irruptions de la dernière heure sont toujours pénibles. Elles semblent équivoques, peu naturelles. Il doit y avoir quelque chose là-dessous, sans quoi…

      L’aspect du nouveau venu cependant et son attitude eussent plutôt atténué la mauvaise impression produite par son acte. De la correction, de l’élégance presque, une cravate de bon goût, des gants propres, un visage énergique… Mais, au fait, où diable avais-je vu ce visage ? Car, le doute n’était point possible, je l’avais vu. Du moins, plus exactement, je retrouvais en moi la sorte de souvenir que laisse la vision d’un portrait plusieurs fois aperçu et dont on n’a jamais contemplé l’original. Et, en même temps, je sentais l’inutilité de tout effort de mémoire, tellement ce souvenir était inconsistant et vague.

      Mais, ayant reporté mon attention sur la dame, je fus stupéfait de sa pâleur et du bouleversement de ses traits. Elle regardait son voisin – ils étaient assis du même côté – avec une expression de réel effroi, et je constatai qu’une de ses mains, toute tremblante, se glissait vers un petit sac de voyage posé sur la banquette à vingt centimètres de

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