L'année terrible. Victor Hugo

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L'année terrible - Victor Hugo

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la tuerie, au glaive, au meurtre infâme,

      Aux clairons, au cheval de guerre qui hennit,

      L’oiseau ne plus savoir le chemin de son nid,

      Le tigre épris du cygne, et l’abeille oublieuse

      De sa ruche sauvage au creux noir de l’yeuse.

      III

      Sept. Le chiffre du mal. Le nombre où Dieu ramène

      Comme en un vil cachot, toute la faute humaine.

      Sept princes. Wurtemberg et Mecklembourg, Nassau

      Saxe, Bade, Bavière et Prusse, affreux réseau.

      Ils dressent dans la nuit leurs tentes sépulcrales.

      Les cercles de l’enfer sont là, mornes spirales;

      Haine, hiver, guerre, deuil, peste, famine, ennui.

      Paris a les sept nœuds des ténèbres sur lui.

      Paris devant son mur a sept chefs comme Thèbe.

      Spectacle inouï! l’astre assiégé par l’Érèbe.

      La nuit donne l’assaut à la lumière. Un cri

      Sort de l’astre en détresse, et le néant a ri.

      La cécité combat le jour; la morne envie

      Attaque le cratère auguste de la vie,

      Le grand foyer central, l’astre aux astres uni.

      Tous les yeux inconnus ouverts dans l’infini

      S’étonnent; qu’est-ce donc? Quoi! la clarté se voile!

      Un long frisson d’horreur court d’étoile en étoile.

      Sauve ton œuvre, ô Dieu, toi qui d’un souffle émeus

      L’ombre où Léviathan tord ses bras venimeux!

      C’en est fait. La bataille infâme est commencée.

      Comme un phare jadis gardait la porte Scée,

      Un flamboiement jaillit de l’astre, avertissant

      Le ciel que l’enfer monte et que la nuit descend.

      Le gouffre est comme un mur énorme de fumée

      Où fourmille on ne sait quelle farouche armée,

      Nuage monstrueux où luisent des airains;

      Et les bruits infernaux et les bruits souterrains

      Se mêlent, et, hurlant au fond de la géhenne,

      Les tonnerres ont l’air de bêtes à la chaîne.

      Une marée informe où grondent les typhons

      Arrive, croît et roule avec des cris profonds,

      Et ce chaos s’acharne à tuer cette sphère.

      Lui frappe avec la flamme; elle avec la lumière;

      Et l’abîme a l’éclair et l’astre a le rayon.

      L’obscurité, flot, brume, ouragan, tourbillon,

      Tombant sur l’astre, encor, toujours, encore, encore,

      Cherche à se verser toute en ce puits de l’aurore.

      Qui l’emportera? Crainte, espoir! Frémissements!

      La splendide rondeur de l’astre, par moments,

      Sous d’affreux gonflements de ténèbres s’efface,

      Et, comme vaguement tremble et flotte une face,

      De plus en plus sinistre et pâle, il disparaît.

      Est-ce que d’une étoile on prononce l’arrêt?

      Qui donc le peut? Qui donc a droit d’ôter au monde

      Cette lueur sacrée et cette âme profonde?

      L’enfer semble une gueule effroyable qui mord.

      Et l’on ne voit plus l’astre. Est-ce donc qu’il est mort?

      Tout à coup un rayon sort par une trouée.

      Une crinière en feu, par les vents secouée,

      Apparaît…–Le voilà!

      C’est lui. Vivant, aimant,

      Il condamne la Nuit à l’éblouissement,

      Et, soudain reparu dans sa beauté première,

      La couvre d’une écume immense de lumière.

      Le chaos est-il donc vaincu? Non. La noirceur

      Redouble, et le reflux du gouffre envahisseur

      Revient, et l’on dirait que Dieu se décourage.

      De nouveau, dans l’horreur, dans la nuit, dans l’orage,

      On cherche l’astre. Où donc est-il? Quel guet-apens!

      Et rien ne continue, et tout est en suspens;

      La création sent qu’elle est témoin d’un crime;

      Et l’univers regarde avec stupeur l’abîme

      Qui, sans relâche, au fond du firmament vermeil,

      Jette un vomissement d’ombre sur le soleil.

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