L'ingénieux chevalier Don Quichotte de la Manche. Miguel de Cervantes Saavedra
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CHAPITRE LII AVENTURE DE LA SECONDE DOLORIDE, AUTREMENT LA SENORA RODRIGUEZ.
CHAPITRE LIII DE LA FIN DU GOUVERNEMENT DE SANCHO PANZA.
CHAPITRE LIV QUI TRAITE DES CHOSES RELATIVES A CETTE HISTOIRE ET NON A D'AUTRES.
CHAPITRE LV DE CE QUI ARRIVA A SANCHO EN CHEMIN.
CHAPITRE LIX DE CE QUI ARRIVA A DON QUICHOTTE, ET QUE L'ON PEUT VÉRITABLEMENT APPELER UNE AVENTURE.
CHAPITRE LX DE CE QUI ARRIVA A DON QUICHOTTE EN ALLANT A BARCELONE.
CHAPITRE LXVI QUI TRAITE DE CE QUE VERRA CELUI QUI VOUDRA LE LIRE
CHAPITRE LXVIII AVENTURE DE NUIT, QUI FUT PLUS SENSIBLE A SANCHO QU'A DON QUICHOTTE
CHAPITRE LXX QUI TRAITE DE CHOSES FORT IMPORTANTES POUR L'INTELLIGENCE DE CETTE HISTOIRE
CHAPITRE LXXI OU SANCHO SE MET EN DEVOIR DE DÉSENCHANTER DULCINÉE
CHAPITRE LXXII COMMENT DON QUICHOTTE ET SANCHO ARRIVÈRENT A LEUR VILLAGE
CHAPITRE LXXIII DE CE QUE DON QUICHOTTE RENCONTRA, ET QU'IL IMPUTA A MAUVAIS PRÉSAGE
CHAPITRE LXXIV COMME QUOI DON QUICHOTTE TOMBA MALADE, DU TESTAMENT QU'IL FIT, ET DE SA MORT
PRÉFACE
En te présentant ce livre enfant de mon esprit, ai-je besoin de te jurer, ami lecteur, que je voudrais qu'il fût le plus beau, le plus ingénieux, le plus parfait de tous les livres? Mais, hélas! je n'ai pu me soustraire à cette loi de la nature qui veut que chaque être engendre son semblable. Or, que pouvait engendrer un esprit stérile et mal cultivé tel que le mien, sinon un sujet bizarre, fantasque, rabougri et plein de pensées étranges qui ne sont jamais venues à personne? De plus, j'écris dans une prison, et un pareil séjour, siége de toute incommodité, demeure de tout bruit sinistre, est peu favorable à la composition d'un ouvrage, tandis qu'un doux loisir, une paisible retraite, l'aménité des champs, la sérénité des cieux, le murmure des eaux, la tranquillité de l'âme, rendraient fécondes les Muses les plus stériles.
Je sais que la tendresse fascine souvent les yeux d'un père, au point de lui faire prendre pour des grâces les imperfections de son enfant; c'est pourquoi je m'empresse de te déclarer que don Quichotte n'est pas le mien; il n'est que mon fils adoptif. Aussi je ne viens pas, les larmes aux yeux, suivant l'usage, implorer humblement pour lui ton indulgence; libre de ton opinion, maître absolu de ta volonté comme le roi l'est de ses gabelles, juge-le selon ta fantaisie; tu sais du reste notre proverbe: Sous mon manteau, je tue le roi[1]. Te voilà donc bien averti et dispensé envers moi de toute espèce de ménagements; le bien ou le mal que tu diras de mon ouvrage ne te vaudra de ma part pas plus d'inimitié que de reconnaissance.
J'aurais voulu te l'offrir sans ce complément obligé qu'on nomme préface, et sans cet interminable catalogue de sonnets et d'éloges qu'on a l'habitude[2] de placer en tête de tous les livres; car bien que celui-ci m'ait donné quelque peine à composer, ce qui m'a coûté le plus, je dois en convenir, cher lecteur, c'est la préface que tu lis en ce moment; bien des fois j'ai pris, quitté, repris la plume, sans savoir par où commencer.
J'étais encore dans un de ces moments d'impuissance, mon papier devant moi, la plume à l'oreille, le coude sur la table et la joue dans la main, quand je fus surpris par un de mes amis, homme d'esprit et de bon conseil, lequel voulut savoir la cause de ma profonde rêverie. Je lui confessai que le sujet de ma préoccupation était la préface de mon histoire de don Quichotte, et qu'elle me coûtait tant d'efforts, que j'étais sur le point de renoncer à mettre en lumière les exploits du noble chevalier.
Et pourtant, ajoutais-je, comment se risquer à publier un livre sans préface? Que dira