Le sergent Simplet. Paul d'Ivoi

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Le sergent Simplet - Paul  d'Ivoi

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il allait en franchir le seuil, le battant entr’ouvert fut brusquement tiré en arrière. Deux hommes parurent, maintenant une femme qui se débattait.

      L’un ouvrit la portière du fiacre et d’un ton tranchant:

      – Montez, mademoiselle, notre consigne est de vous arrêter… Si vous résistez, tant pis pour vous.

      – Mais c’est une infamie, gémit la prisonnière.

      – Cette voix, bredouilla Marcel en se cramponnant au bras de son camarade.

      Il tremblait.

      – Montez, mademoiselle, répéta l’homme qui déjà avait parlé.

      Comme malgré lui le sous-officier fit un pas en avant. La clarté de la lanterne frappa en plein son visage pâle.

      La captive l’aperçut. D’un effort surhumain elle s’arracha des mains de ces gardiens, et se réfugia dans les bras de Marcel:

      – Simplet, s’écria-t-elle, Simplet, sauve-moi!

      – Yvonne, répondit le jeune homme, toi!

      Les agents, étonnés d’abord, intervinrent:

      – Allons, allons, assez de simagrées. En voiture et lestement.

      Les yeux de Dalvan eurent un éclair. Yvonne le vit.

      – Non, dit-elle vivement, ne me défends pas. Reste libre. Il le faut pour me protéger. Écoute: je suis arrêtée comme voleuse sur la dénonciation de M. Canetègne, l’ancien associé de mon frère qu’il a ruiné. Antonin a la preuve de mon innocence.

      – Bon! où demeure-t-il?

      – Hélas! il est parti depuis un an. Il parcourt le monde. Je n’ai pas de ses nouvelles.

      Elle allait continuer. L’un des policiers lui appuya la main sur l’épaule.

      – La belle enfant, il se fait tard.

      Et narquois:

      – Vous savez, sergent, vous pourrez la voir en prison. Une simple demande à présenter. L’administration est paternelle.

      Marcel eut un mouvement comme pour se ruer sur ce personnage, mais Yvonne l’arrêta:

      – Simplet, je n’ai que toi!

      Il redevint calme.

      – Cela suffira, petite sœur. On t’accuse injustement. Je prouverai la fausseté de tes ennemis. Compte sur moi.

      L’un des agents avait pris place dans le fiacre avec la prisonnière. L’autre se hissait sur le siège.

      – Hue, gronda le cocher.

      Comme la voiture s’ébranlait, la jeune fille mit la tête à la portière et avec un accent déchirant:

      – Adieu, Simplet.

      – Au revoir, répondit-il, au revoir.

      Les sous-officiers restèrent seuls sur le trottoir.

      Très troublé, Claude se taisait, n’osant interrompre la rêverie où son ami était plongé. Il éprouvait le contre-coup de la douleur cuisante qui frappait le pauvre garçon.

      Deux mots lui avaient fait comprendre l’étendue de l’affection dont Yvonne et Simplet étaient unis.

      En parlant d’elle, le sous-officier avait dit:

      – Je n’ai qu’elle.

      En le voyant, la jeune fille s’était écriée:

      – Je n’ai que toi!

      Et le marsouin grommelait entre ses dents:

      – En voilà une tuile!

      La phrase était vulgaire, mais le ton profondément sympathique.

      – Ah! fit tout à coup Marcel, parlant haut sans en avoir conscience. Antonin est au diable et Yvonne va en prison. Le plus pressé est de l’en faire sortir. Seulement, voilà… dans cette ville où je ne connais personne, où je suis seul…

      Claude lui toucha le bras.

      – Pardon, nous sommes deux.

      Le jeune homme leva la tête.

      – Oui, poursuivit Bérard. Tantôt vous avez pris mon parti, sans m’avoir jamais vu, poussé uniquement par l’idée de justice. C’est mon tour maintenant, et je répète après vous: nous sommes deux.

      Dalvan essuya une larme, puis simplement:

      – Merci, frère, j’accepte.

      II. LA TOILE D’ARAIGNÉE

      Le lendemain vers dix heures, Marcel était assis pensif dans la chambre d’hôtel où il avait passé la nuit. On frappa à la porte.

      – Entrez, dit-il.

      Claude parut et demanda:

      – Eh bien, comment ça va-t-il ce matin?

      Dalvan eut un sourire:

      – Bien…

      – Oui, mais l’affaire de Mlle Yvonne?

      – J’y pense.

      – J’en suis sûr. Seulement qu’allons-nous faire?

      Le jeune homme indiqua une chaise à son ami:

      – Il faut qu’Yvonne soit libre. Or elle peut l’être de deux façons: son innocence prouvée, ou par évasion. Pour l’instant, il s’agit de comprendre l’affaire. Pourquoi et dans quelles circonstances a-t-elle été accusée?

      Bérard ricana:

      – À qui demander cela? Moi je ne connais rien à la police.

      – Moi non plus, mais je désire voir Yvonne. À qui cela peut-il déplaire?

      – Comment déplaire?

      – Sans doute. C’est de celui-là que je dois obtenir l’autorisation, puisque seul il songerait à la refuser.

      Le marsouin inclina la tête et gravement:

      – C’est vrai! rien de plus logique, mais ça n’indique pas le personnage qui…

      – Au contraire. Qui instruira le délit?

      – Un juge.

      – C’est donc lui qui a intérêt à ce que ma pauvre petite sœur soit au secret.

      – En effet, s’écria Claude en riant, le raisonnement est simple.

      – Tout est simple, affirma gravement Marcel.

      Un

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