Les nuits mexicaines. Aimard Gustave

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Les nuits mexicaines - Aimard Gustave

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style="font-size:15px;">      – Je n'entends rien, fit le jeune homme au bout d'un instant.

      – C'est juste, reprit l'autre avec un sourire, vos oreilles ne sont pas comme les miennes ouvertes à tous les bruits qui troublent le silence du désert: une voiture s'approche rapidement du côté d'Orizaba, elle suit la même route que nous; bientôt vous la verrez paraître, je distingue parfaitement le tintement des grelots des mules.

      – C'est sans doute la diligence de la Veracruz, dans laquelle sont mes domestiques et mes bagages et que nous ne précédons que de quelques heures.

      – Peut-être oui, peut-être non, je serais étonné qu'elle nous eût rejoint aussi vite.

      – Que nous importe, dit le comte.

      – Rien, en effet, si c'est elle, reprit l'autre après un instant de réflexion; dans tous les cas, il est bon de nous précautionner.

      – Nous précautionner, pourquoi? fit le jeune homme avec étonnement.

      Olivier lui lança un regard d'une expression singulière.

      – Vous ne savez encore rien de la vie américaine, répondit-il enfin: au Mexique, la première loi de l'existence est de toujours se prémunir contre les éventualités probables d'un guet-apens. Suivez-moi et faites ce que vous me verrez faire.

      – Allons-nous donc nous cacher?

      – Parbleu! fit-il en haussant les épaules.

      Sans répondre autrement, il se rapprocha de son cheval auquel il remit la bride et sauta en selle avec une légèreté et une dextérité dénotant une grande habitude, puis il s'élança au galop, vers un fourré de liquidambars éloigné d'une centaine de mètres au plus.

      Le comte, dominé malgré lui par l'ascendant que cet homme avait su prendre sur lui, par ses étranges façons d'agir depuis qu'ils voyageaient ensemble, se mit en selle et s'élança sur ses traces.

      – Bien, fit l'aventurier, dès qu'ils se trouvèrent complètement abrités derrière les arbres, maintenant attendons.

      Quelques minutes s'écoulèrent.

      – Regardez, dit laconiquement Olivier, en étendant le bras dans la direction du petit bois dont eux-mêmes étaient sortis deux heures auparavant.

      Le comte tourna machinalement la tête de ce côté; au même instant une dizaine de cavaliers irréguliers, armés de sabres et de longues lances débouchèrent au galop dans le vallon et s'élancèrent sur la route vers le premier défilé des Cumbres.

      – Des soldats du président de la Veracruz, murmura le jeune homme; qu'est-ce que cela veut dire?

      – Attendez, reprit l'aventurier:

      Un roulement de voiture devint bientôt distinct et une berline apparut emportée comme dans un tourbillon par un attelage de six mules.

      – Malédiction, s'écria l'aventurier, avec un geste de colère en apercevant la voiture.

      Le jeune homme regarda son compagnon; celui-ci était pâle comme un cadavre, un tremblement convulsif agitait tous ses membres.

      – Qu'avez-vous donc? lui demanda le comte avec intérêt.

      – Rien, répondit-il sèchement, regardez… Derrière la voiture, un second peloton de soldats arrivait au galop, la suivant à une légère distance et soulevant des flots de poussière sur son passage.

      Puis, cavaliers et berline s'engouffrèrent dans le défilé où ils ne tardèrent pas à disparaître.

      – Diable, fit en riant le jeune homme, voilà des voyageurs prudents, au moins; ils ne risquent pas d'être dévalisés par les salteadores.

      – Vous croyez? fit Olivier avec un accent de mordante ironie. Eh bien! Vous vous trompez, ils seront attaqués au contraire, et cela avant une heure, et probablement par les soldats payés pour les défendre.

      – Allons donc, ce n'est pas possible.

      – Voulez-vous le voir?

      – Oui, pour la rareté du fait.

      – Seulement, prenez-y garde; peut-être y aura-t-il de la poudre à brûler.

      – Je l'espère bien ainsi.

      – Alors vous êtes résolu à défendre ces voyageurs.

      – Certes, si on les attaque.

      – Je vous répète qu'on les attaquera.

      – Alors, bataille!

      – C'est bien, vous êtes bon cavalier?

      – Ne vous inquiétez pas de moi: où vous passerez je passerai.

      – Alors, à la grâce de Dieu. Nous n'avons que juste le temps nécessaire pour arriver, surveillez bien votre cheval, car sur mon âme, nous allons faire une course comme jamais vous n'en aurez vu.

      Les deux cavaliers se penchèrent sur le cou de leurs montures et rendant la bride en même temps qu'ils enfonçaient les éperons, ils s'élancèrent sur les traces des voyageurs.

      II

      LES VOYAGEURS

      A l'époque où se passe notre histoire, le Mexique subissait une de ces crises terribles, dont les retours périodiques ont peu à peu conduit ce malheureux pays à l'extrémité où il est réduit aujourd'hui et dont il est impuissant à sortir seul. Voici en deux mots les faits tels qu'ils s'étaient passés.

      Le général Zuloaga, nommé président de la république, avait un jour, on ne sait trop pourquoi, trouvé le pouvoir trop pesant pour ses épaules et l'avait abdiqué en faveur du général don Miguel Miramón, nommé en conséquence président intérimaire; celui-ci, homme énergique et surtout fort ambitieux, avait commencé à gouverner à México, où il avait tout d'abord eu le soin de faire approuver sa nomination à la première magistrature du pays par le congrès qui l'avait élu à l'unanimité et par l'ayuntamiento.

      Miramón se trouvait donc de fait et de droit président légitime intérimaire, c'est-à-dire pour le temps qui devait s'écouler encore avant les élections générales.

      Les choses marchèrent ainsi tant bien que mal pendant un laps de temps assez long, mais Zuloaga, ennuyé sans doute de l'obscurité dans laquelle il vivait, se ravisa un beau jour et, tout à coup, au moment où on y pensait le moins, il lança une proclamation au peuple, s'entendit avec les partisans de Juárez qui, en sa qualité de vice-président à l'abdication de Zuloaga, n'avait pas reconnu le président substitué et s'était fait élire, par une junte soi-disant nationale, président constitutionnel à la Veracruz, et fît paraître un décret dans lequel il retirait son abdication et déclarait enlever à Miramón les pouvoirs qu'il lui avait remis pour les exercer de nouveau lui-même.

      Miramón ne s'émut que médiocrement de cette déclaration insolite, fort du droit qu'il croyait avoir et que le congrès avait sanctionné; il se rendit seul à la maison habitée par le général Zuloaga, s'empara de sa personne et le contraignit à le suivre en lui disant avec un sourire railleur:

      «Puisque

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