Les nuits mexicaines. Aimard Gustave

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Les nuits mexicaines - Aimard Gustave

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voiture s'était arrêtée sur une espèce de plateforme d'une centaine de mètres carrés de largeur; le vieillard jeta un coup d'œil au dehors; l'escorte entourait toujours la berline, seulement elle paraissait être doublée: au lieu de vingt cavaliers il y en avait quarante.

      Le voyageur comprit qu'il était tombé dans un guet-apens, que toute résistance serait folle et qu'il ne lui restait plus d'autre chance de salut que la soumission; cependant comme, malgré son âge, il était vert encore, doué d'un caractère ferme et d'une âme énergique il ne s'avoua pas vaincu ainsi au premier choc, et résolut d'essayer de tirer le meilleur parti possible de sa fâcheuse position.

      Après avoir tendrement embrassé sa fille; lui avoir recommandé de demeurer immobile et de n'intervenir en rien dans ce qui allait se passer, au lieu de demeurer dans la berline, il ouvrit la portière et sauta assez lestement sur la route, un revolver de chaque main.

      Les soldats, bien qu'ils fussent surpris de cette action, ne firent pas un geste pour s'y opposer et conservèrent impassiblement leurs rangs.

      Les quatre domestiques du voyageur vinrent sans hésiter se ranger derrière lui, la carabine armée, prêts à faire feu sur l'ordre de leur maître.

      Sánchez avait dit vrai: don Jesús Domínguez arrivait au galop; mais il n'était pas seul, un autre cavalier l'accompagnait.

      Celui-ci était un homme court et trapu, aux traits sombres et aux regards louches, la nuance rougeâtre de son teint le faisait reconnaître pour un Indien de pure race; il portait un somptueux costume de colonel de l'armée régulière.

      Le voyageur reconnut aussitôt ce sinistre personnage pour don Felipe Neri Irzabal, un des chefs guérilleros du parti de Juárez; deux ou trois fois il l'avait entrevu à la Veracruz.

      Ce fut avec un tressaillement nerveux et un frisson de terreur que le vieillard attendit l'arrivée des deux hommes; cependant lorsqu'ils ne se trouvèrent plus qu'à quelques pas de lui, au lieu de leur permettre de l'interroger ce fut lui qui le premier prit la parole.

      – Hola, caballeros, leur cria-t-il d'une voix hautaine, que signifie ceci, et pourquoi me contraignez-vous ainsi à interrompre mon voyage?

      – Vous allez l'apprendre, cher seigneur, répondit en ricanant le guérillero; et d'abord pour que vous sachiez bien tout de suite à quoi vous en tenir, au nom de la patrie je vous arrête.

      – Vous m'arrêtez? Vous? se récria le vieillard, et de quel droit?

      – De quel droit? reprit l'autre avec son ricanement de mauvais augure, ¡vive Cristo! Je pourrais si cela me convenait vous répondre que c'est du droit du plus fort et la raison serait péremptoire, j'imagine.

      – En effet, répondit le voyageur d'une voix railleuse, et c'est, je le suppose, le seul que vous puissiez invoquer.

      – Eh bien, vous vous trompez, mon gentilhomme; je ne l'invoquerai pas, je vous arrête comme espion et convaincu de haute trahison.

      – Allons, vous êtes fou, señor coronel, espion et traître, moi!

      – Señor, depuis longtemps déjà le gouvernement du très excellent seigneur, le président Juárez, a les yeux sur vous; vos démarches ont été surveillées, on sait pour quel motif vous avez si précipitamment quitté la Veracruz et dans quel but vous vous rendez à México.

      – Je me rends à México pour affaires commerciales et le président le sait bien, puisque lui-même a signé mon sauf-conduit et que l'escorte qui m'accompagne m'a gracieusement été donnée par lui, sans qu'il m'ait été nécessaire de la lui demander.

      – Tout cela est vrai, señor; notre magnanime président, qui toujours répugne aux mesures rigoureuses, ne voulait pas vous faire arrêter, il préférait, par considération pour vos cheveux blancs, vous laisser les moyens de vous échapper, mais votre dernière trahison a comblé la mesure, et tout en se faisant violence, le président a reconnu la nécessité de sévir sans retard contre vous; j'ai été expédié à votre poursuite avec l'ordre de vous arrêter; cet ordre, je l'exécute.

      – Et pourrai-je savoir de quelle trahison je suis accusé?

      – Mieux que personne, seigneur don Andrés de la Cruz, vous devez connaître les motifs qui vous ont engagé à quitter votre nom pour prendre celui de don Antonio de Carrera.

      Don Andrés, car tel était en réalité son nom, fut terrorisé à cette révélation, non qu'il se sentît coupable, car ce changement de nom n'avait été opéré qu'avec l'agrément du président, mais il fut confondu par la duplicité des gens qui l'arrêtaient et qui, faute de meilleures raisons, se servaient de celle-là pour le faire tomber dans un piège infâme, afin de s'emparer d'une fortune que depuis longtemps ils convoitaient.

      Cependant don Andrés maîtrisa son émotion et s'adressant de nouveau au guérillero:

      – Prenez garde à ce que vous faites, señor coronel, dit-il, je ne suis pas le premier venu, moi, je ne me laisserai pas ainsi spolier sans me plaindre, il y a à México un ambassadeur espagnol qui saura me faire rendre justice.

      – Je ne sais ce que vous voulez dire, répondit imperturbablement don Felipe; si c'est du señor Pacheco dont vous parlez, sa protection ne vous sera je crois guère profitable; ce caballero qui se qualifie ambassadeur extraordinaire de S. M. la reine d'Espagne a jugé convenable de reconnaître le gouvernement du traître Miramón. Nous n'avons donc, nous autres, rien à démêler avec lui et son influence auprès du président national est complètement nulle, d'ailleurs je n'ai pas à discuter avec vous; quoiqu'il arrive, je vous arrête. Voulez-vous vous rendre ou prétendez-vous m'opposer une résistance inutile! Répondez.

      Don Andrés jeta un regard circulaire sur les gens qui l'entouraient, il comprit que, à part ses domestiques, il n'avait à espérer de secours ou d'appui de personne, alors il laissa tomber ses revolvers à ses pieds, et croisant ses bras sur sa poitrine.

      – Je me rends devant la force, dit-il d'une voix ferme, mais je proteste devant tous ceux qui m'entourent contre la violence qui m'est faite.

      – Soit, protestez, cher seigneur, vous en êtes le maître, peu m'importe à moi; don Jesús Domínguez, ajouta-t-il en s'adressant à l'officier qui, calme, impassible et indifférent, avait assisté à cette scène, nous allons sans retard procéder à la visite minutieuse des bagages, et surtout des papiers du prisonnier.

      Le vieillard haussa les épaules avec mépris.

      – C'est bien joué, dit-il; malheureusement, vous vous y prenez un peu tard, caballero.

      – Que voulez-vous dire?

      – Rien autre chose, sinon que l'argent et les valeurs que vous vous flattez de trouver dans mes bagages n'y sont pas; je vous connais trop bien, señor, pour ne pas avoir pris mes précautions dans la prévision de ce qui arrive en ce moment.

      – Malédiction! s'écria le guérillero en frappant du poing le pommeau de sa selle; gachupine du démon, ne crois pas nous échapper ainsi, quand je devrais te faire écorcher vif je saurai, je te le jure, où tu as caché tes trésors.

      – Essayez, répondit avec ironie don Andrés, en lui tournant le dos.

      Le bandit venait de se révéler; le guérillero, après l'éclat auquel l'avait emporté son avarice, n'avait plus de mesures à garder vis-à-vis de celui qu'il prétendait dépouiller d'une façon si audacieusement cynique.

      – C'est

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