Gabriel Lambert. Dumas Alexandre

Чтение книги онлайн.

Читать онлайн книгу Gabriel Lambert - Dumas Alexandre страница 14

Gabriel Lambert - Dumas Alexandre

Скачать книгу

savez cela, docteur? s'écria vivement le malade; vous savez cela… En êtes-vous sûr?

      – Je l'ai entendu dire à celui-là même dont la proposition viendra.

      – Au roi. Au fait, c'est vrai, vous êtes médecin par quartier du roi. Ah! le roi a dit cela! Et quand cette proposition doit-elle être faite?

      – Je ne sais.

      – Informez-vous, docteur, je vous en prie; cela m'intéresse.

      – Cela vous intéresse, vous? demandai-je avec surprise.

      – Sans doute. Cela n'intéresse-t-il pas tout ami de l'humanité d'apprendre qu'une loi trop sévère est abrogée?

      – Elle n'est pas abrogée, monsieur; seulement les galères remplaceront la mort; cela vous paraît-il une bien grande amélioration au sort des coupables?

      – Non, sans doute, non! reprit le baron embarrassé; on pourrait même dire que c'est pis; mais au moins la vie et l'espoir restent; le bagne n'est qu'une prison, et il n'y a pas de prison dont on ne parvienne à se sauver.

      Cet homme me répugnait de plus en plus; je fis un mouvement pour m'en aller.

      – Eh bien! docteur, vous me quittez déjà? dit le baron en roulant avec embarras deux ou trois billets de banque dans sa main, avec l'intention visible de les glisser dans la mienne.

      – Sans doute, repris-je en faisant un nouveau pas en arrière; n'êtes-vous pas guéri, monsieur? A quoi donc pourais-je vous être bon maintenant?

      – Comptez-vous pour rien le plaisir de votre société?

      – Malheureusement, monsieur, nous autres médecins, nous avons peu de temps à donnera ce plaisir, si vif qu'il soit. Notre société, à nous, c'est la maladie, et dès que nous l'avons chassée d'une maison, il faut que nous sortions derrière elle pour la poursuivre dans une autre. Ainsi donc, monsieur le baron, permettez que je prenne congé de vous.

      – Mais n'aurai-je donc pas le plaisir de vous revoir?

      – J'en doute, monsieur; vous courez le monde, et moi j'y vais peu; mes heures sont comptées, et chacune d'elles a son emploi.

      – Mais si cependant je retombais malade?

      – Oh! ceci est autre chose, monsieur.

      – Ainsi dans ce cas je pourrais compter sur vous?

      – Parfaitement.

      – Docteur, votre parole.

      – Je n'ai pas besoin de vous la donner, puisque je ne ferais qu'accomplir un devoir.

      – N'importe, donnez-la-moi toujours.

      – Eh bien! monsieur, je vous la donne.

      Le baron me tendit de nouveau la main; mais comme je me doutais que cette main renfermait toujours les billets de banque en question, je fis semblant de ne pas voir le geste amical par lequel il prenait congé de moi, et je sortis.

      Le lendemain, je reçus sous pli, et avec la carte de monsieur le baron Henry de Faverne, un billet de banque de mille francs et un de cinq cents.

      Je lui répondis aussitôt:

      «Monsieur le baron,

      »Si vous aviez attendu que je vous présentasse mon mémoire, vous auriez vu que je n'estimais pas mon faible mérite si haut que vous voulez bien le faire.

      »J'ai l'habitude de fixer moi-même le prix de mes visites; et, pour mettre en repos votre générosité, je vous préviens que je les porte avec vous au plus haut, c'est-à-dire à vingt francs.

      »J'ai eu l'honneur de me rendre dix fois chez vous, c'est donc deux cents francs seulement que vous me devez: vous m'avez envoyé quinze cents francs, je vous en renvoie treize cents.

      »J'ai l'honneur d'être, etc., etc.

«FABIEN.»

      En effet, je gardai le billet de cinq cents francs, et renvoyai au baron de Faverne celui de mille francs avec trois cents francs d'argent; puis je mis ce billet dans un portefeuille où se trouvaient déjà une douzaine d'autres billets de la même somme.

      Le lendemain, j'eus quelques emplettes à faire chez un bijoutier. Ces emplettes se montaient à 2,000 francs, je payai avec quatre billets de banque de cinq cents francs chacun.

      Huit jours après, le bijoutier, accompagné de deux exempts de police, se présenta chez moi.

      Un des quatre billets que je lui avais donnés avait été reconnu faux à la Banque, où il avait un paiement à faire.

      On lui avait alors demandé de qui il tenait ces billets, il m'avait nommé, et l'on venait aux enquêtes auprès de moi.

      Comme j'avais tiré ces quatre billets d'un portefeuille où, comme je l'ai dit, il y en avait une douzaine d'autres, et que ces billets me venaient de différentes sources, il me fut impossible de donner aucun renseignement à la justice.

      Seulement, comme je connaissais mon bijoutier pour un parfait honnête homme, je déclarai que j'étais prêt à rembourser les cinq cents francs si l'on me représentait le billet; mais on me répondit que ce n'était point l'habitude, la banque payant tous les billets qu'on lui présentait, fussent-ils reconnus faux.

      Le bijoutier, parfaitement lavé du soupçon d'avoir passé sciemment un faux billet, sortit de chez moi.

      Après quelques nouvelles questions, les deux agens de police sortirent à leur tour, et je n'entendis plus parler de cette sale affaire.

      X

      UN COIN DU VOILE

      Trois mois s'étaient écoulés lorsque, dans ma correspondance du matin, je trouvai le petit billet suivant:

      «Mon cher docteur,

      »Je suis vraiment bien malade, et j'ai sérieusement besoin de toute votre science; passez donc aujourd'hui chez moi, si vous ne me gardé pas rancune.

»Votre tout dévoué,»HENRY, BARON DE FAVERNE,»rue Taitbout, n° 11.»

      Cette lettre, que je rapporte textuellement avec les deux fautes d'orthographe dont elle était ornée, confirma l'opinion que je m'étais faite du manque d'éducation de mon client. Au reste, si, comme il le disait, il était né à la Guadeloupe, la chose était moins étonnante.

      On sait en général combien l'éducation des colons est négligée.

      Mais, d'un autre coté, le baron de Faverne n'avait ni les petites mains, ni les petits pieds, ni la taille svelte et gracieuse, ni le charmant parler des hommes des tropiques, et, pour moi, il était évident que j'avais affaire à quelque provincial dégrossi par le séjour de la capitale.

      Au reste, comme il pouvait effectivement être malade, je me rendis chez lui.

      J'entrai et le trouvai dans un petit boudoir tendu de damas violet et orange.

      A mon grand étonnement, cette

Скачать книгу