Gabriel Lambert. Dumas Alexandre

Чтение книги онлайн.

Читать онлайн книгу Gabriel Lambert - Dumas Alexandre страница 11

Gabriel Lambert - Dumas Alexandre

Скачать книгу

style="font-size:15px;">      – Allez donc!

      Je fis deux pas vers la porte, le blessé fit un mouvement comme pour me retenir et ouvrir la bouche:

      – Que désirez-vous? lui demandai-je.

      Il laissa retomber sa tête sur son oreiller sans me répondre.

      Je me rapprochai de lui.

      – Dites, continuai-je, et s'il est en mon pouvoir de vous rendre un service quelconque, je vous le rendrai.

      Il parut prendre une résolution.

      – Vous m'avez dit que la blessure n'était pas mortelle?

      – Je vous l'ai dit.

      – Pouvez-vous m'en répondre?

      – Je le crois; mais cependant, si vous avez quelque arrangement à prendre…

      – C'est-à-dire, n'est-ce pas, que d'un moment à l'autre je puis mourir?

      Et il devint plus pâle qu'il n'était, et une sueur froide perla à la racine de ses cheveux.

      – Je vous ai dit que la blessure n'était pas mortelle, mais en même temps je vous ai dit qu'elle était grave.

      – Monsieur, je puis avoir confiance en votre parole, n'est-ce pas?

      – Il ne faut rien demander à ceux dont on doute…

      – Non, non, je ne doute pas de vous. Tenez, ajouta-t-il en me présentant une clef qu'il détacha d'une chaîne pendue à son col; ouvrez avec cette clef le tiroir de ce secrétaire.

      Je fis ce qu'il demandait; il se souleva sur le coude; tout ce qui lui restait de vie semblait s'être concentré dans ses yeux.

      – Vous voyez un portefeuille? dit-il.

      – Le voici.

      – Il est plein de papiers de famille qui n'intéressent que moi; docteur, faites-moi le serment que, si je mourais, vous jetteriez ce portefeuille au feu.

      – Je vous le promets.

      – Sans les lire?

      – Il est fermé à clef.

      – Oh! une serrure de portefeuille est si facile à ouvrir…

      Je laissai retomber le portefeuille.

      Quoique la phrase fût insultante, elle m'avait inspiré plus de dégoût que de colère.

      Le malade vit qu'il m'avait blessé.

      – Pardon, me dit-il, cent fois pardon; mais c'est le séjour des colonies qui m'a rendu défiant. Là-bas on ne sait jamais à qui l'on parle. Pardon, reprenez ce portefeuille, et promettez-moi de le brûler si je meurs.

      – Pour la seconde lois, je vous le promets.

      – Merci.

      – Est-ce tout?

      – N'y a-t-il pas dans le même tiroir plusieurs billets de banque?

      – Oui, deux de mille, trois de cinq cents.

      – Soyez assez bon pour me les donner, docteur.

      Je pris les cinq billets et les lui remis, il les froissa dans sa main, et en fit une boule ronde qu'il poussa sous son oreiller.

      – Merci, dit-il, épuisé par l'effort qu'il venait de faire…

      Puis, se laissant aller sur son traversin: – Ah! docteur, murmura-t-il, je crois que je meurs! Docteur, sauvez-moi, et ces cinq billets de banque sont à vous, le double, le triple s'il le faut. Ah!..

      J'allai à lui, il était évanoui de nouveau.

      Je sonnai un laquais, tout en faisant respirer au blessé un flacon de sels anglais.

      Au bout de quelques instans, je sentis au mouvement de son pouls qu'il revenait à lui.

      – Allons, murmura-t-il, ce n'est pas encore pour cette fois; puis entr'ouvrant les yeux et me regardant: Merci, docteur, de ne pas m'avoir abandonné, dit-il.

      – Cependant, repris-je, il faut enfin que je vous quitte.

      – Oui, mais revenez au plus tôt.

      – A midi je serai ici.

      – Et d'ici là, croyez-vous qu'il y ait quelque danger?

      – Je ne crois pas; si le fer avait touché quelque organe essentiel vous seriez mort à présent.

      – Et vous m'envoyez une garde?

      – A l'instant même; en l'attendant votre domestique peut ne pas vous quitter.

      – Sans doute, dit le laquais, je puis rester près de mon sieur.

      – Non, non! s'écria le blessé, allez près de votre camarade; je désire dormir, et en restant là vous m'en empêcheriez.

      Le laquais sortit.

      – Ce n'est pas prudent de rester seul, lui dis-je.

      – N'est-il pas bien plus imprudent encore, me reprit-il, de rester avec un drôle qui peut m'assassiner pour me voler? Le trou est tout fait, ajouta-t-il à voix basse; et en introduisant une épée dans la blessure, on peut trouver le cœur que mon adversaire a manqué.

      Je frémis à l'idée qui avait traversé l'esprit de cet homme; qu'était-il donc lui-même pour qu'il lui vint de pareilles idées?

      – Non, ajouta-t-il, non, au contraire, enfermez-moi; prenez la clef, donnez-la à la garde, et recommandez-lui de ne me quitter ni jour ni nuit; c'est une honnête femme, n'est-ce pas?

      – J'en réponds.

      – Eh bien! allez; au revoir … à midi.

      – A midi.

      Je sortis; et, suivant ses instructions, je l'enfermai.

      – A double tour, cria-t-il, à double tour!

      Je donnai un autre tour de clef.

      – Merci, dit-il d'une voix affaiblie.

      Je m'éloignai.

      – Votre maître veut dormir, dis-je aux laquais qui riaient dans l'antichambre; et comme il craint que vous n'entriez chez lui sans être appelés, il m'a remis cette clef pour la garde qui va venir.

      Les laquais échangèrent un regard singulier, mais ne répondirent rien.

      VIII

      LE MALADE

      Je sortis.

      Cinq minutes après j'étais chez une excellente garde-malade, à qui je donnai des instructions, et qui s'achemina

Скачать книгу