Gabriel Lambert. Dumas Alexandre

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Gabriel Lambert - Dumas Alexandre

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disparu, il était calme et froid; un sourire de suprême dédain arquait sa bouche, et un léger pli entre les deux sourcils était la seule contraction qu'on pût remarquer sur son visage; pas un mot ne sortait de sa bouche.

      Son adversaire présentait un aspect tout opposé; il parlait haut, riait avec éclat, gesticulait avec force; mais, avec tout cela, son visage grimaçant était pâle et contracté; de temps en temps un spasme nerveux lui serrait la poitrine et le forçait de bâiller.

      Nous nous approchâmes de ses deux témoins, qui furent forcés de lui dire de s'éloigner.

      Alors il fit en arrière quelques pas en sifflant, et se mit à piquer si violemment dans la terre la badine qu'il tenait qu'il la brisa.

      Les préparatifs du combat étaient faciles à régler. Monsieur de Faverne avait indiqué l'heure, Olivier avait choisi les armes, tout arrangement était impossible.

      La question était donc purement et simplement de savoir si l'on arrêterait le combat après une première blessure, ou si on lui laisserait telle suite qu'il plairait aux combattans de lui donner.

      Olivier s'était prononcé à ce sujet, c'était un droit de sa position d'offensé: rien ne devait arrêter les épées que la chute d'un des deux adversaires.

      Les témoins discutèrent un instant, mais furent obligés de céder; nous ne les connaissions ni l'un ni l'autre; c'étaient des amis de monsieur Henry de Faverne; et, à part leur tranchant et leurs manières de sous-officiers, nous les trouvâmes assez au fait des fonctions qu'ils remplissaient.

      Je leur présentai les épées, qu'ils examinèrent.

      Pendant cet examen, je revins vers Olivier.

      Il était occupé à faire remarquer une faute héraldique qui s'était glissée dans le blason, sans doute improvisé, de son adversaire: le vicomte portait couleur sur couleur.

      En me voyant, il me prit à part.

      – Tenez, me dit-il, voici deux lettres, l'une pour ma mère, l'autre pour…

      Il ne prononça point le nom, mais me montra ce nom écrit sur la lettre: c'était celui d'une jeune personne qu'il aimait et qu'il était sur le point d'épouser.

      «On ne sait pas ce qui peut arriver, continua-t-il; s'il m'arrivait malheur, faites porter cette lettre à ma mère; quant à l'autre, cher ami, ne la remettez qu'en main propre.

      Je lui promis.

      Puis, voyant que, plus le moment du combat approchait, plus son visage devenait calme:

      – Mon cher Olivier, lui dis-je, je commence à croire que ce monsieur a eu tort de vous insulter, et qu'il va payer cher son imprudence.

      – Oui, dit le docteur, surtout si votre sang-froid est réel.

      Un sourire effleura les lèvres d'Olivier.

      – Docteur, dit-il, dans l'état de santé ordinaire, combien de fois le pouls d'un homme qui n'a aucun motif d'agitation bat-il à la minute?

      – Mais, répondit Fabien, soixante-quatre ou soixante-cinq fois.

      – Tâtez mon pouls, docteur, dit Olivier en tendant la main à Fabien.

      Fabien tira sa montre, appuya son doigt sur l'artère, e; au bout d'une minute:

      – Soixante-six pulsations, dit-il; c'est miraculeux d'empire sur vous-même; ou votre adversaire est un Saint-Georges, ou c'est un nomme mort.

      – Mon cher Olivier, dit Alfred en se retournant, es-tu prêt?

      – Moi? dit Olivier, j'attends.

      – Eh bien! alors, messieurs, dit-il, rien n'empêche que l'affaire se vide?

      – Oui, oui, s'écria monsieur de Faverne; oui, vite, vite, sacrebleu!

      Olivier le regarda avec un léger sourire de mépris; puis voyant qu'il jetait bas son habit et son gilet, il ôta les siens.

      C'est alors qu'apparut une nouvelle différence entre ces deux hommes.

      Olivier était mis avec une coquetterie charmante: il avait fait toilette complète pour se battre; sa chemise était de la plus fine batiste, fraîche et soigneusement plissée; sa barbe était nouvellement faite, ses cheveux ondulaient comme s'ils sortaient du fer de son valet de chambre.

      Tout au contraire, la chevelure de monsieur de Faverne dénonçait une nuit agitée.

      On voyait qu'il n'avait pas été coiffé depuis la veille, et que cette coiffure avait été fort dérangée par l'agitation de la nuit; sa barbe était longue, et sa chemise de jaconas était évidemment la même que celle avec laquelle il avait couché.

      – Décidément cet homme est un manant, murmura Olivier.

      Je lui remis une des epées, tandis qu'on remettait l'autre à son adversaire.

      Olivier la prit par la lame et eut à peine l'air de la regarder: on eût dit qu'il tenait une canne.

      Monsieur de Faverne prit au contraire la sienne par la poignée, fouetta deux ou trois fois l'air avec la lame; puis il s'enveloppa la main avec un foulard, afin d'assurer d'autant mieux l'épée dans sa main.

      Olivier seulement alors ôta ses gants, mais jugea inutile d'user de la précaution que venait de prendre son adversaire; seulement alors je remarquai sa main: elle avait la blancheur et la délicatesse d'une main de femme.

      – Eh bien! monsieur, dit monsieur de Faverne; eh bien?

      – Eh bien! j'attends, répondit Olivier.

      – Allez, messieurs, dit Alfred.

      Les adversaires, qui étaient à dix pas l'un de l'autre, se rapprochèrent alors; je remarquai que plus Olivier se rapprochait, plus sa figure devenait douce et souriante.

      Tout au contraire, la figure de son adversaire prit un caractère de férocité dont j'aurais cru ses traits incapables; son œil devint sanglant et son teint couleur de cendre.

      Je commençai à être de l'avis d'Olivier: cet homme était un lâche.

      Au moment où les épées se touchèrent, ses lèvres s'entrouvrirent et montrèrent ses dents convulsivement serrées.

      Tous deux tombèrent en garde en face l'un de l'autre; mais autant la pose d'Olivier était simple, facile, élégante, autant celle de son adversaire, quoique dans toutes les règles de l'art, était raide et anguleuse.

      On voyait que cet homme avait appris à faire des armes à un certain âge, tandis que l'autre, en vrai gentilhomme, avait depuis son enfance joué avec des fleurets.

      Monsieur de Faverne commença l'attaque: ses premiers coups furent vifs, serrés, précis; mais, ces premiers coups portés, il s'arrêta comme étonné de la résistance de son adversaire. En effet, Olivier avait paré ses attaques avec la même facilité qu'il eût fait dans un assaut de salle d'armes.

      Monsieur de Faverne en devint plus livide encore, si la chose était possible, et Olivier plus souriant.

      Alors monsieur de Faverne changea de garde,

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