Gabriel Lambert. Dumas Alexandre

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Gabriel Lambert - Dumas Alexandre

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m'a fait, ou plutôt il a voulu me faire manquer un mariage magnifique: une jeune personne de dix-huit ans, belle comme les amours, et cinquante mille livres de rente, rien que cela.

      – Et comment a-t-il pu vous faire manquer ce mariage?

      – Par ses calomnies, docteur: en disant qu'il ne connaissait personne de mon nom à la Guadeloupe; tandis que mon père, le comte de Faverne, possède là-bas deux lieues de terrain, une habitation magnifique avec trois cents noirs. Mais j'ai écrit à monsieur de Malpas, le gouverneur, et dans deux mois ces papiers seront ici; on verra lequel de nous deux a menti.

      – Olivier pourra s'être trompé, monsieur, mais il n'aura pas menti.

      – Et, en attendant, voyez-vous, il est cause que celui qui devait être mon beau-père n'envoie pas même demander de mes nouvelles.

      – Il ignore peut-être que vous vous êtes battu?

      – Il ne l'ignore pas, puisque je le lui avais dit hier.

      – Vous le lui avez dit?

      – Certainement. Lorsqu'il m'a rapporté les propos que monsieur Olivier tenait sur moi, je lui dis: «Ah! c'est comme cela! eh bien! pas plus tard que ce soir, j'irai lui chercher une querelle, à ce beau monsieur Olivier, et l'on verra si j'en ai peur.

      Je commençai à comprendre le courage momentané de mon malade. C'était de l'argent placé à cent pour cent; un duel pouvait lui rapporter une jolie femme et cinquante mille livres de rente; il s'était battu.

      Je me levai.

      – Quand vous reverrai-je, docteur?

      – Demain je viendrai lever l'appareil.

      – J'espère que si l'on parle de ce duel devant vous, docteur, vous direz que je me suis bien conduit.

      – Je dirai ce que j'ai vu, monsieur.

      – Ce misérable Olivier, murmura le blessé, j'aurais donné cent mille francs pour le tuer sur le coup.

      – Si vous êtes assez riche pour payer cent mille francs la mort d'un homme, répondis-je, vous devez moins regretter votre mariage, qui n'ajoutait que cinquante mille livres de rente à votre fortune.

      – Oui; mais ce mariage me plaçait, ce mariage me permettait de cesser des spéculations hasardeuses; un jeune homme, d'ailleurs, né avec des goûts aristocratiques, n'est jamais assez riche. Aussi je joue à la Bourse; il est vrai que j'ai du bonheur: le mois passé j'ai gagné plus de trente mille francs.

      – Je vous en fais mon compliment, monsieur. A demain.

      – Attendez donc … je crois qu'on a sonné!

      – Oui.

      – On vient?

      – Oui.

      Un domestique entra.

      Pour la première fois, je vis les yeux du baron s'arrêter fixement sur un homme.

      – Eh bien?.. demanda-t-il, sans donner le temps au valet de parler.

      – Monsieur le baron, dit le valet, c'est monsieur le comte de Macartie qui fait demander de vos nouvelles.

      – En personne?

      – Non, il envoie son valet de chambre.

      – Ah! fit le malade, et vous avez répondu?..

      – Que monsieur le baron était grièvement blessé, mais que le docteur avait répondu de lui.

      – Est-ce vrai, docteur, que vous répondez de moi?

      – Eh! oui, mille fois oui, repris-je; à moins cependant que vous ne fassiez quelque imprudence.

      – Oh! quant à cela, soyez tranquille. Dites-moi, docteur, puisque monsieur le comte de Macartie envoie demander de mes nouvelles, cela prouve qu'il ne croit pas aux propos de monsieur Olivier.

      – Sans doute.

      – Eh bien! alors guérissez-moi vite, et vous serez de la noce.

      – Je ferai de mon mieux pour arriver à ce but. Je saluai, et je sortis.

      IX

      LE BILLET DE CINQ CENTS FRANCS

      Une fois dehors, je respirai plus librement. Chose singulière, cet homme m'inspirait une répulsion que je ne pouvais comprendre, et qui ressemblait au dégoût qu'on éprouve à la vue d'une araignée ou d'un crapaud; j'avais hâte de le voir hors de danger pour cesser toute relation avec lui.

      Le lendemain, je revins comme je le lui avais promis; la blessure allait à merveille.

      Le propre des plaies faites par les coups d'épée est de tuer raide ou de guérir vite.

      La blessure de monsieur de Faverne promettait une guérison radicale.

      Huit jours après, il était hors de danger.

      Selon la promesse que je m'étais faite, je lui annonçai alors que mes visites devenant parfaitement inutiles, j'allais les cesser à compter du lendemain.

      Il insista pour que je revinsse, mais mon parti était pris, je tins bon.

      – En tout cas, dit le convalescent, vous ne me refuserez pas de me rapporter vous-même le portefeuille que je vous ai remis: il est d'une trop grande valeur pour le confier à un domestique, et je compte sur ce dernier acte de votre complaisance.

      Je m'y engageai.

      Le lendemain, je rapportai effectivement le portefeuille; monsieur de Faverne me fit asseoir près de son lit, et, tout en jouant avec le portefeuille, l'ouvrit. Il pouvait contenir une soixantaine de billets de banque, la plupart de mille francs; le baron en tira deux ou trois, et s'amusa à les chiffonner.

      Je me levai.

      – Docteur, reprit-il, n'y a-t-il pas une chose qui vous étonne comme moi?

      – Laquelle? demandai-je.

      – C'est qu'on ait le courage de contrefaire un billet de banque.

      – Cela m'étonne, parce que c'est une lâche et infâme action.

      – Infâme, peut-être, mais pas si lâche. Savez-vous qu'il faut une main bien ferme pour écrire ces deux petites lignes:

LA LOI PUNIT DE MORTLE CONTREFACTEUR…

      – Oui, sans doute, mais le crime a son courage à lui. Tel qui attend un homme au coin d'un bois pour l'assassiner a presque autant de courage qu'un soldat qui monte à l'assaut, ou qui enlève une batterie; cela n'empêche pas que l'on décore l'un et qu'on envoie l'autre à l'échafaud.

      – A l'échafaud!.. Je comprends qu'on envoie un assassin à l'échafaud, mais ne trouvez-vous pas, docteur, que guillotiner un homme pour avoir fait de faux billets, c'est bien cruel?

      Le baron dit ces mots avec une altération de voix et de risage si visible, qu'elle me frappa.

      – Vous

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